Chemins de priere : Meditations

14 - Chemins de prière ÊTRE UNE TERRE DE DÉSIR Par des sentiers toujours nouveaux LeCantique a toujours guidé le pèlerinage spirituel de l’Église. Il révèle que la prière est l’histoire d’amour unique de chacun avec le Seigneur. Secretummeummihi – Mon secret est à moi (Is 24, 16), dit la Bible latine. Parce qu’elle est infiniment personnelle, la prière s’engage sur des sentiers toujours nouveaux. Certes, le témoignage d’autres priants peut être utile et, plus encore, la prière objective de la communauté ecclésiale dans laquelle nous entrons comme membres insubstituables. Cependant, l’orant doit parcourir un chemin encore inexploré car il est sonpropre chemin. La prière est de l’ordre de l’artisanat, non de la production de masse ! En s’ouvrant à un plus grand que nous, nous advenons à nous-mêmes. Prier nous rend plus humain. « L’homme, disait l’abbé Monchanin, est un être de désir, de tension, toujours insatisfait. L’homme satisfait, sans inquiétudes et sans désir, ne s’est pas trouvé, mais perdu. » Il est déjà mort celui qui, par habitude, n’attend plus rien dumonde et des êtres. Au contraire, le désir nous rend à la vie véritable. Certes, nous éprouvons une foule de désirs contradictoires et nous ressemblons si souvent à un champ rempli d’ivraie et de bon grain. Une purification est nécessaire et plus encore l’élévation des saints désirs – les désirs purs, les désirs forts qui nous mènent à ne pas choisir quelques distractions passagères mais Dieu lui-même. À cette étape, le Seigneur prend l’initiative de nous entraîner dans les jeux de l’amour : J’ai ouvert à mon bien-aimé, mais tournant le dos, il avait disparu ! Sa fuite m’a fait rendre l’âme. Je l’ai cherché, mais ne l’ai point trouvé, je l’ai appelé, mais il n’a pas répondu ! (Ct 5, 6). Après le bonheur de la première rencontre, l’aimé se cache et son absence devient blessure. Pourtant l’épouse ne reste pas paralysée : elle se remet en route. Ainsi apprend-elle à aimer dans la douleur de la séparation. La multitude de ses désirs se purifie au creuset de la souffrance et elle s’unifie alors en un seul vœu : trouver de nouveau celui que son cœur aime. Dans le Cantique des cantiques, l’épouse déclare : « Je dors, mais mon cœur veille » (Ct 5, 2). Le paradoxe entre la passivité du sommeil et l’activité de la veille décrit très justement la prière. Une fois que la lumière intérieure a brillé, il faut sortir de sa torpeur. Cependant, une trop grande hâte à s’emparer de ce qui vient d’être donné pourrait nuire au cheminement de l’orant. La prière est avant tout une disponibilité – une paisible mise à la disposition des vouloirs de l’Aimé. Petite fille priant avec la Bible en Thaïlande. →

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