Chemins de priere : Meditations

La vie au-dedans - 7 LA VIE AU-DEDANS La plus belle requête qui puisse être adressée à un prêtre, c’est de balbutier quelques mots sur le mystère de la prière. Rien ne saurait mieux solliciter la mission qu’il a reçue de l’Église et qui fait de lui un priant au milieu des priants, un serviteur de la prière des f idèles : « Ministère au service du mystère, révélation du Mystère. Révélation aux hommes de leur propre mystère personnel et aussi dumystère total, dumystère en soi », écrivait le moine bénédictinHenri Le Saux. Même indélébilement blessé par le passage de la lumière au fond de son cœur, le prêtre ainsi invité à parler sera pris de vertige, constatant qu’il est encore trop peu engagé dans la prière, qu’il n’a guère parcouru les espaces inf inis de l’amour divin et que tant d’autres découvertes sont encore à venir car « celui qui monte ne s’arrête jamais d’aller de commencement en commencement et les commencements des réalités supérieures n’ont jamais de f in… » (saint Grégoire de Nysse). Voilà pourquoi il préférera se taire plutôt que conf ier des paroles provisoires et inadaptées. Pourtant, comme tout chrétien, le prêtre sait que sa prière, aussi limitée soit-elle, est emportée par la prière de l’Église : la célébration quotidienne de l’eucharistie, le chant des psaumes, la rumination des Écritures sacrées, l’adoration silencieuse de la petite hostie… et toujours en présence de la foule immense des témoins de l’unique nécessaire. C’est dans la communion des saints qu’une prière chrétienne naîtra. Au départ, elle nécessitera de patients labours – un va-et-vient continuel dans l’espérance de fécondes germinations. Puis, se lèvera le jour où les profonds sillons tracés deviendront un horizon sans limites. S’accomplira alors la parole de l’Apôtre « priez sans cesse », comme une respiration incessante dont on ne s’aperçoit… Comment remercier la revue Magnificat de m’avoir convié à écrire douze méditations, aujourd’hui rassemblées dans cet opuscule ? Au mitan de ma vie, cette aventure fut un renouvellement intérieur. Puisse le lecteur reconnaître maintenant dans ces lignes quelque chose qui parle à son cœur, un« je-ne-sais-quoi »qui fera écho à sa propre expérience. Puissent-elles l’aider à découvrir son propre chemin de prière, épi singulier joint à la grande gerbe de louange que l’Église offre à son Seigneur Jésus, apprenant de Lui à adorer le Père dans l’Esprit et en vérité. Ces pages nous entraîneront aussi vers le peuple indien auquel j’ai été consacré et envoyé. Que soit ici largement partagée l’« émulation de sainteté » que je vis au quotidien avec les priants hindous, musulmans, jaïns… en cette Inde dont Jules Monchanin disait qu’elle « semble avoir reçu de la divine Providence une mission privilégiée » : témoigner de« la valeur unique de ce qui ne passe pas, l’éternel, le spirituel, la vie au-dedans ». Yann Vagneux, mep Katmandou, 22 juillet 2021 Fête de sainte Marie-Madeleine, elle qui a choisi la meilleure part

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