Chemins de prière

Tout est grâce - 11 Aussi brève soit-elle, cette saisie intérieure est le commencement d’une vie nouvelle, tendue vers le désir de recevoir en plénitude ce qui a été reçu en un instant par grâce. Une porte s’ouvre dans le ciel (Ap 4, 1) et, ajoutait Guillaume, cette vision soudaine « arrache [l’homme] à soi, l’emporte au sein du jour éternel, loin des bruits du monde et vers les joies du silence ». Telle est l’expérience inaugurale de la prière : un rayonnement, une « heure étoilée », un « je-ne-sais-quoi » qui change la vie. Ici, tout est mystérieusement donné de ce qui sera déployé par la suite. Cependant, il ne faut pas rester au lieu de la grâce initiale mais se mettre en route et monter patiemment vers la lumière. Ne jamais s’arrêter mais toujours repartir car s’arrêter, c’est mourir… Ne pas vouloir refermer sa main sur les dons du Seigneur pour s’en emparer mais, au contraire, garder les paumes ouvertes pour recevoir de nouveaux dons. La prière commence par une grâce, elle continue dans un cheminement à travers fidélités et infidélités, avancements et reculs. Qu’importent les hauts et les bas, seule la constance compte. Une quest ion demeure pourtant : « Pourquoi nous semble-t-il être si peu l’objet de la “dilectiondivine” qui nousmet en route vers les sommets ? » Sans doute à cause de notre brouhaha intérieur qui nous fait manquer le passage de la grâce comme onmanque un train… C’est seulement lorsque le silence emplit notre être que nous sommes présents à tout ce que la vie nous offre de joies et de douleurs, d’émotions et d’émerveillements. Demeurer alors simplement comme laVierge Marie qui gardait dans le silence de son cœur tous les événements de sa vie pour mieux percevoir leur sens profond et la signature de Dieu en eux.

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