Chemins de prière

8 - Chemins de prière TOUT EST GRÂCE Une étoile au fond du cœur Assurément, l’homme prie bienplus qu’il n’en a conscience ! Bien sûr, il ne s’agit pas ici de prières formalisées en un temps et un lieu précis mais plutôt d’une ouverture de l’être à une réalité plus grande. « L’homme passe l’homme », disait Pascal.Mystérieuse fenêtre qui fait apparaître en nous une lumière plus brillante : une étoile au fond du cœur, un soleil au-delà des cieux. Accepter ce dépassement, c’est devenir ce pour quoi nous avons été créés. Le refuser, c’est risquer la suffocation et la mutilation de notre être. Souvent en Inde, je médite sur la beauté de l’homme qui prie. Vision des pèlerins se plongeant le matin dans le Gange et ressortant des flots les mains jointes face au soleil levant. Guirlandes de jasmin et lampes à huile déposées gratuitement aux pieds des statues des dieux. Il est une noblesse infinie dans l’être qui seplace dans le rayonnement de la lumière divine. Il devient simplement plus humain… Comment devenir conscient de cette ouverture intérieure à l’Absolu qui nous est aussi vitale que la respiration? Une tradition hindoue dit que cela advient au travers d’une joie débordante oud’une souffrance insoutenable, dans une vive émotionartistique ouun plaisir érotique intense. Lemystique chrétien Maurice Zundel évoquait ses « heures étoilées »en contemplant des toiles demaîtres ou en écoutant de la musique, face à la beauté des paysages ou dans la douceur de l’amitié… Autant d’expériences qui nous extraient de la torpeur du quotidien et nous tirent vers de nouveaux horizons. Ici, nous commençons à prier… Une porte dans le ciel Un moine du Moyen Âge, Guillaume de Saint-Thierry, nous a laissé des pages magnifiques sur l’irruptiondeDieudans nos vies. Comme nombre d’auteurs spirituels, il a recouru à l’image de la lumière. Du Livre de Job qu’il lisait dans sa traduction latine, il connaissait les deux versets : Il cache la lumière en ses mains ; puis il lui ordonne d’apparaître en haut ; et il annonce au bien-aimé que cette lumière est à lui et qu’il peut monter jusqu’à elle (Jb 36, 32-33). Dans une lettre écrite aux Chartreux, l’abbé de Saint-Thierry a comparé la soudaineté de ces « quelques reflets du visage de Dieu » au passage furtif d’unéclair dans le ciel ouau léger dévoilement « d’une lumière enclose dans les mains ». À tout instant, nous inspirons et nous expirons. Pourtant, nous sommes rarement attentifs au processus par lequel l’oxygène vivifie notre sang. Il faut étouffer pour comprendre combien la respiration est vitale à notre existence. Manaslu (8 163 m) au Népal. →

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