CompAvent2024

Éditor ial Marie-Laure Martin Saint-Léon Lève-toi ! Au seuil d’une nouvelle année liturgique, « l’Église tout entière est appelée à devenir espérance, pour elle-même et pour tous les hommes », a souligné le pape Benoît XVI. En choisissant d’habiter notre terre, en naissant à Bethléem, Dieu fait sa demeure parmi nous. Nous voici une nouvelle fois interpellés par « le Dieu qui vient » ! Quelle joie pour la terre, le Seigneur vient nous visiter. Chercherons-nous son visage ? Écouterons-nous, par la voix des prophètes, Celui qui se laisse découvrir en se donnant ? Le Bien-aimé se tient derrière notre mur, il guette, il appelle. Sortirons-nous de notre somnolence pour aller à sa rencontre ? Ce temps privilégié attise notre vigilance, « conscients du fait que le royaume de Dieu devient proche là où les hommes apprennent à vivre en frères ». L’espérance chrétienne n’est donc pas une illusion vaporeuse, elle est la certitude que « Dieu a tant aimé le monde qu’il nous a donné son fils unique afin que les hommes croient en lui » (Jn 3, 16). Elle est un don divin qui nous pousse dans le monde, à être des témoins de cette précieuse expérience, toujours prêts à rendre raison de l’espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15). Levons-nous : voici l’heure de l’espérance, voici le temps favorable ! À la suite des bergers guidés par le chant des anges, le pape François nous enjoint de vivre une année jubilaire en « pèlerins d’espérance », désireux de laisser Dieu se manifester dans nos vies. Bel Avent à tous ! ■

2 Petite nouvelle d’Avent La saison des pluies débutait sur les hautes terres de Madagascar. Au sortir de la porcherie, Vonjy pataugea dans la tourbe gluante, indécis. Où s’abriter maintenant que son employeur le congédiait ? À quelques pas de lui, un vieillard marchait en chantant sous l’averse : « Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chem… » Une glissade fit tomber le vieil homme dans la boue. Vonjy le releva : – Je ne sais pas qui est ton Seigneur, mais le chemin, il te le montre mal. Rien de cassé ? – Rien, merci, répondit l’aïeul avec un sourire rassurant. – Où vas-tu ? Je peux t’aider ? – Je vais loin. Droit vers le sud, vers Antananarivo. Vonjy écarquilla les yeux : – C’est à deux cents kilomètres ! – J’ai vingt-quatre jours devant moi ; je dois arriver pour Noël. – Mais grand-père, tu as vu l’état des pistes ? Trois semaines plus tard, Vonjy et Tahina cheminaient ensemble sous la pluie persistante. Vonjy avait proposé à Tahina de lui servir de bâton de vieillesse à condition d’être nourri. Et Tahina n’avait pas dit non, soulagé de s’appuyer sur ce robuste orphelin de quinze ans pour qui il s’était pris d’affection. Sauveteur Un signe

Petite nouvelle d’Avent 3 À la tombée de la nuit, les marcheurs se perdirent au milieu d’une vallée déserte. Le sentier était inondé. – Dormons ici, dit Tahina en montrant un rocher qui offrait un abri. Demain, nous retrouverons notre direction. Vonjy était de mauvaise humeur, et même quand une éclaircie fit cesser l’averse, il grogna en s’allongeant : – Pourquoi toute cette route stupide ? – Je te l’ai déjà dit. Pour célébrer la naissance de Jésus à la cathédrale. Vonjy ricana : – Tu me fatigues avec ton Jésus. Tu m’as parlé de signes dans les étoiles pour annoncer sa venue. Ha, les étoiles ! En pleine saison des pluies ! L’adolescent rouvrit les yeux, étonné du silence de Tahina. Le vieil homme observait le ciel où l’éclaircie avait déchiré les nuages. Quatre astres y dessinaient une croix étincelante. – Voilà le signe, dit Tahina avec un fin sourire. Marchons encore tant qu’il ne pleut pas. – Ce n’est que la Croix-du-Sud, marmonna Vonjy en se relevant. – Justement, elle donne la direction de la cathédrale, s’amusa Tahina. J’espère qu’après cela, tu m’accompagneras à la messe. – J’irai, grommela le garçon, mais seulement à cause de la pluie. Si tu te figures que je vais t’attendre dehors ! Tahina éclata d’un rire joyeux et accepta le bras de Vonjy ; ils se remirent en route vers le sud indiqué par la constellation. – Il y a un autre signe, dit le vieil homme songeur. – Ah oui ? demanda l’orphelin, plus curieux qu’il n’en avait l’air. – Ton prénom veut dire « sauveteur », et tu l’es sans arrêt pour moi. Il faut que tu rencontres notre Sauveur à tous les deux. Charlotte Grossetête

Le verbe de Dieu, lui qui enrichit les autres, s’appauvrit, car il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m’enrichisse de sa divinité. Saint Grégoire de Nazianze

5 Au début de l’Avent, il est bon de réentendre la promesse de Dieu. Certes elle est déjà advenue mais elle est toujours en marche : Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? (Is 43,19) Le Germe cherche toujours des terreaux où il pourra pousser jusqu’à la moisson. Cette bonne terre ne peut être que le cœur des hommes s’ils acceptent d’écouter la promesse, d’accueillir le Germe et de se laisser transformer par lui. Le Germe porte la justice : aussi l’urgence est de ne nous laisser ajuster à Dieu et aux autres. L’ajustement à Dieu passe par la louange qui nous tourne vers lui et dilate notre cœur : il permet les semailles… L’ajustement aux autres favorise la germination. Il s’exprime par l’amour et la vérité, le choix de la fraternité : écoute, bienveillance, douceur jusqu’à permettre à l’autre de penser qu’il ne nous dérange pas mais qu’au contraire il nous donne joie… C’est ce que nous décrit le psaume (84, 11-12) : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. » Père Hervé Guillez 1er dimanche de l’Avent DÉCEMBRE DIMANCHE 1er Parole de Dieu Jr 33, 14-15 Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda : En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai germer pour David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice.

6 Veillez en priant En ce premier dimanche de l’Avent, pour entrer en silence dans la prière, nous allumons une première bougie. Les rues s’illuminent et nous commençons à préparer la venue du Seigneur dans nos maisons mais aussi dans nos cœurs. Chanter Encore un peu de temps, le Seigneur sera là… Trouvera-t-il en nous la foi qu’il espère ? Si nous avons bâti nos maisons sur le sable Quand il fallait creuser le roc de vérité, Pourrons-nous soutenir l’assaut du torrent ? Encore un peu de temps, le Seigneur sera là… Tous nos secrets viendront en pleine lumière. Si nous avons dormi, prisonniers de nos rêves, Quand il fallait veiller, aux heures d’agonie, Pourrons-nous supporter l’éclat de son jour ? Encore un peu de temps, le Seigneur sera là… Pour annoncer la paix aux hommes qu’il aime. Si nous avons dressé entre nous des barrières Quand il fallait ouvrir sa porte à l’étranger, Pourrons-nous contempler la face de Dieu ? Ou bien l’un des chants proposés aux pages 104 à 106. Prier avec le psaume 24 L’Avent est une reconfirmation du voyage éternel de l’homme vers Dieu ; chaque année c’est un nouveau départ : sur ce chemin, Dieu fait connaître son alliance et donne sa grâce pour que la vie de l’homme ne soit pas un chemin infranchissable, mais un chemin qui mène à la rencontre avec le Seigneur !

7 Dimanche 1er décembre Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin. Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin. Les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois. Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ; à ceux-là, il fait connaître son alliance. Ps 24, 4-5ab.8-10.14 Rendre grâce En ce premier jour de l’Avent, bénissons le Seigneur. Fils du Très Haut, annoncé par l’ange à la Vierge Marie,  Viens et demeure en nous. Béni sois-tu, Seigneur, notre créateur, par amour tu nous as façonnés. Béni sois-tu, Seigneur, notre salut, tu nous as sauvés. Béni sois-tu, Seigneur, notre joie, tu viens à notre rencontre. Béni sois-tu, Seigneur, notre Dieu, tu nous donnes la paix. Béni sois-tu, Seigneur, tu…

8 Dimanche 1er décembre Se tourner vers le Père Avec toute l’Église dans l’attente du Seigneur qui vient, prenons le temps de dire : Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. Amen. Prions : Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, la volonté d’aller par les chemins de la justice à la rencontre de celui qui vient, le Christ, afin qu’ils soient admis à sa droite et méritent d’entrer en possession du royaume des Cieux. Que le Seigneur nous bénisse et nous garde en son amour tout au long de ce temps de l’Avent.

9 Guidés par l’étoile...…………… L’ange entra chez Marie et dit: « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils; tu lui donneras le nom de Jésus. » Marie dit alors: « Voici la servante du Seigneur; que tout m’advienne selon ta parole. »(Lc 1, 28.31.34) Nazareth, promesse divine guerriers, des papes pacificateurs ou des pèlerins anonymes. De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? Oui, car on y rencontre là Joseph, le Christ et sa mère ; et vous. Amis pèlerins d’aujourd’hui, marchez vers la basilique de l’Annonciation : votre regard est attiré par la coupole qui vous aspire vers le haut. On la dit comme un lys dont les racines sont au ciel ou comme une tente immense: le Verbe a dressé sa tente parmi nous. Plongez dans la pénombre de l’humble crypte qu’est la maison de Marie ; vous pouvez y lire sur l’autel : Verbum caro hic factum est. La Parole, la Vie divine a pris chair, nichée dans le cœur silencieux d’une jeune fiancée. Ces mots du tout premier Angelus vous sont adressés : réjouis-toi. Quelle promesse divine attendez-vous joyeusement en ce début d’Avent ? Depuis Nazareth, rien n’est impossible à Dieu, vraiment rien. Sœur Jean-Thomas L’appellation « Jésus, de Nazareth » dévoile l’aurore de l’alliance entre Dieu et cette humble bourgade de province, sans prétentions : des maisons troglodytes, des citernes, une synagogue et une fontaine. Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Depuis l’Annonciation, le livre d’or invisible d’une maison, celle de Marie, garde mémoire du passage des grands de ce monde et des plus petits : un ange, une Vierge, un juste, le Sauveur en personne, des saints (du roi Saint Louis au jardinier saint Charles de Foucauld), des croisés et des

10 C’est un étranger, un soldat, et même officier de l’armée d’occupation. On comprend qu’il se fasse tout petit alors qu’il vient demander à Jésus de guérir son serviteur paralysé. Il se sent indigne de l’accueillir sous son toit. Mais Jésus, lui, trouve cet homme tout à fait digne de louange et d’admiration. « Chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi », s’exclame-t-il. C’est stupéfiant : la foi de ce centurion, a priori de culture païenne, surpasse donc celle des scribes et des pharisiens – et même, logiquement, celle des apôtres… Jésus pourrait s’en affliger, lui qui est venu « pour les brebis perdues de la maison d’Israël ». Au contraire, il s’émerveille, il exulte. Il entrevoit que le salut ne connaît pas de frontières et qu’il y a, sur toute la surface de la terre, des cœurs ouverts et disponibles qui seront accueillis à la même table qu’Abraham, Isaac et Jacob, parce qu’ils partagent la foi d’Abraham, Isaac et Jacob. Sommes-nous capables, nous aussi, de nous laisser enseigner par les « païens » d’aujourd’hui et de rendre grâce à Dieu quand leurs paroles ou leurs actes ont une saveur évangélique ? Christelle Javary Parole de Dieu Mt 8, 10b-11 Jésus dit : « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. Aussi je vous le dis : Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du Royaume des cieux. » 1re semaine de l’Avent DÉCEMBRE LUNDI 2

Veillez en priant 11 Réjouissons-nous car le Seigneur vient ! Prier avec le psaume 121 Nous nous mettons en marche vers Noël, soyons dans l’espérance, nous sommes tous appelés à cheminer vers la maison du Seigneur. Réjouissons-nous : un Royaume de joie et de paix nous attend ! Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! » Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! Jérusalem, te voici dans tes murs : ville où tout ensemble ne fait qu’un ! C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur, là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur. C’est là le siège du droit, le siège de la maison de David. Appelez le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t’aiment ! Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! » À cause de mes frères et de mes proches, je dirai : « Paix sur toi ! » À cause de la maison du Seigneur notre Dieu, je désire ton bien. Intercéder Nous t’en prions, Jésus notre Sauveur, montre-nous le chemin qui mène à ta demeure.

12 Lundi 2 décembre  Voici le Seigneur Dieu ! Prions pour ceux qui n’ont plus d’espérance. Prions pour ceux que la maladie, la vieillesse isolent. Prions pour ceux qui sont incarcérés. Prions pour ceux qui vivent l’exil à cause de la guerre. Prions pour les habitants de la Terre sainte. Prions pour… Avec confiance, disons : Notre Père… Chantons la louange de notre Seigneur, en attendant sans faiblir sa venue. Nouveau Nous voici donc, encore une fois, au seuil d’une nouvelle année liturgique. L’histoire de notre salut et les mystères de notre foi vont de nouveau être célébrés par l’Église. Ces jours sont propices, peut-être, à prendre telle ou telle bonne résolution, mais ils nous invitent surtout à laisser nos cœurs se renouveler en profondeur, à se rendre disponibles pour la Venue du Seigneur. Si nous perdons de vue cette nouveauté, nous risquons de passer notre Avent dans la routine alors que nous sommes appelés à le vivre dans l’attente, et plus encore dans l’espérance !

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