Compagnon Carême 2023

– 2 – – 3 – Dans les premiers siècles de l’Église, le Carême était avant tout le temps de l’ultime préparation des catéchumènes au baptême. On peut même dire que ce temps liturgique est né de cet accompagnement des catéchumènes par toute la communauté. Les baptisés reprennent donc le chemin de l’initiation baptismale. La notion d’« Initiation chrétienne » doit en effet être bien comprise : il ne s’agit pas seulement d’un apprentissage comme on parle d’initiation à l’informatique. Il s’agit d’un chemin de foi qui est appelé sans cesse à se renouveler. Le Carême est, à ce titre, un mémorial annuel du processus qui a fait de nous des disciples du Christ. Il ne s’agit pas de viser des performances ascétiques. Benoît précise « chacun offrira de sa propre volonté à Dieu, dans la joie du Saint-Esprit, quelque chose au-dessus de la mesure qui lui est prescrite » (RB, n° 49). Le carême est donc paradoxalement un temps où l’on cultive la joie de l’Évangile comme le pape François y invite dans l’exhortation La Joie de l’Évangile : Il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques. Cependant, je reconnais que la joie ne se vit pas de la même façon à toutes les étapes et dans toutes les circonstances de la vie, parfois très dure. Elle s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout (EG). En définitive, le Carême est une grande marche : comme tout itinéraire, et ce compagnon de Carême est destiné à accompagner le chemin, il y a un point de départ – il faut se mettre en route – mais aussi un point d’arrivée : et c’est la « Grande Semaine », la Semaine sainte, et spécialement la nuit pascale. C’est encore ce que dit saint Benoît qui nous invite à vivre le Carême en attendant « la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel ». En marche vers Pâques Frère Patrick Prétot À la manière d’un départ en voyage, la célébration des Cendres est la grande entrée dans le Carême. La dimension pénitentielle de ce jour du Carême a son origine profonde dans la discipline de l’Église ancienne. Les cendres Ceux qui avaient commis des fautes très graves entraient dans une période de pénitence – on les appelait les « pénitents » –, pour se préparer à la célébration de la réconciliation qui était présidée par l’évêque le Jeudi saint. Ainsi, le Carême était alors comme polarisé par la fête de Pâques dont personne ne devait être exclu. L’entrée en pénitence impliquait des signes extérieurs (vêtement) mais aussi la cendre sur la tête. Recevoir les cendres est donc un signe de notre solidarité dans le désir de « revenir à Dieu de tout notre cœur ». La réforme liturgique issue de Vatican II a voulu retrouver cette dimension dans le sacrement de pénitence : même célébré dans sa forme dite privée, le sacrement la « réconciliation » est une célébration de l’Église. Il s’agit d’une actualisation du baptême qui nous réintroduit dans la communion avec Dieu et avec nos frères et sœurs. Un chemin de foi Mais le Carême n’est pas seulement un temps de pénitence et d’efforts de conversion. C’est comme le dit la Règle de saint Benoît (RB), un temps d’attente de la Pâque. Le père des moines d’Occident invite en effet à ajouter quelque chose « à la tâche ordinaire de notre service » (RB, n° 49) : il vise ainsi à faire du Carême un temps « extra-ordinaire » au sens premier, c’est-à-dire qui sort de l’ordinaire.

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