18 19 La Création d’Ève Francesco Albani (1578-1660), v. 1650-1660, huile sur toile, 68,5 cm de diamètre, Gemäldegalerie, Berlin Ève se lève et regarde vers le Père. À peine née à la vie, ézèr kenègdô, « aide assortie » d’Adam, façonnée à partir de son côté, elle est déjà tout entière tournée vers son Créateur. Elle est encore la toute pure, mais elle est aussi, déjà, pleinement, Ève, la « mère de tous les vivants », épouse et mère à la fois, créature aimante et aimée. En choisissant de représenter non pas Adam et Ève après leur création, mais le moment même de la création d’Ève, Francesco Albani, dit l’Albane, fait preuve d’une originalité certaine. Le peintre de la Grâce L’œuvre étonne par son sujet, qui n’est pas inédit mais qui est rare. Elle étonne aussi par son traitement, qui, tout en révélant le talent de l’Albane, est une véritable citation de la très célèbre fresque de la chapelle Sixtine où Michel-Ange avait, vers 1510, peint l’événement de manière si ce n’est strictement identique, du moins tout à fait similaire. Le peintre de l’école de Bologne, membre actif de l’Accademia degli Incamminati fondée par Annibal, Augustin et Ludovic Carrache, se pose en héritier d’un des plus grands maîtres de la Renaissance. Chez cet « évangéliste de la peinture moderne », titre qu’il partage avec trois autres élèves des Carrache, Guido Reni, le Guerchin et Domenico Zampieri, dit le Dominiquin, le choix n’a rien d’anodin. La référence artistique est évidente pour les nombreux amateurs qui apprécient son œuvre et collectionnent ses petits formats, où des figures souples et gracieuses habitent des paysages idylliques. La reprise de la composition michelangelesque est ici une brillante variation sur thème. Support, format, couleur, lumière, paysage, traitement des personnages: les différences sont significatives. Certes, le sujet biblique ne permet pas à l’Albane la même souplesse, la même sensibilité que ses petits formats mythologiques, et la technique à l’huile
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