Femmes dans la Bible

Femmes dans la Bible – Ève, mère des hommes 14 pas encore le nom d’Ève, qui précipitera la chute de l’huma- nité, en goûtant du fruit interdit et en le proposant à son époux (Gn 3, 6). L’histoire aura vite fait de faire d’elle une tentatrice à laquelle on compara la femme de Job ou la servante qui, recon- naissant en Pierre un des disciples de Jésus, provoqua ses trois reniements pendant la Passion (Mt 14, 66-72). Et pourtant le texte de la Genèse la présente plus comme une innocente vic- time du Mal que comme un être animé de mauvaises inten- tions. De fait, il est souligné qu’elle veut faire partager à son époux l’intelligence reçue du fruit défendu. Ce qui est remis en cause ici, c’est l’acte démiurgique par lequel l’homme cherche à être Dieu : « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » , dit le serpent (Gn 3, 5), au lieu de se contenter d’être à sa ressemblance (Gn 1, 27). Ève n’est que la médiatrice du Mal auquel l’humanité est confrontée. Les mythes éclairent de façon oblique les ombres des vérités à demi révélées. Le châtiment ouvrira les blessures de la division et de la dis- semblance ( « Je mettrai une hostilité entre toi et ta femme, entre ta descendance et sa descendance », Gn 3, 15), de la souffrance, du travail, de l’exil du jardin d’Éden et de la mort marquée par le retour à la poussière dont l’homme fut tiré. LANOUVELLE ÈVE La femme sera alors nommée par son époux Ève, la vivante, mère de tous les êtres engendrés, et, à ce titre, son destin engagé sous l’ombre de la tentation deviendra infiniment plus vaste à travers sa maternité originelle. L’histoire du salut s’efforcera, dès lors, d’interpréter sa médiation coupable comme l’exposition de toute la fragilité humaine et de lui trouver une voie d’apaisement dans le statut de « nouvelle Ève » à travers la figure de Marie, elle-même figure de l’Église. Ainsi, pour saint Augustin, Marie a relevé la dignité de la femme déchue en nous restituant la vie que la première Ève avait laissé se perdre, tandis que d’autres Pères de l’Église disent volontiers dans leur prédication que « le nœud dû à la désobéissance d’Ève s’est dénoué par l’obéis- sance de Marie ; ce que la vierge Ève avait noué par son incré- dulité, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi ». L’histoire d’Ève est celle d’une chute et d’un relèvement.

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