La divine bibliothèque
        
 15 Prologue monde. Comme il me l’avait expliqué, il s’agissait de commen- ter tous les mois une œuvre littéraire qui traiterait de questions religieuses et incarnée dans les réalités concrètes de la vie. Des œuvres même profanes qui envisageraient le paysage humain à la lumière globale de la foi. Même si, au moment de cette pro- position, je connaissais bien la personnalité de Pablo Cervera, je dois avouer que les mille échaudages précédents m’avaient mis en garde : « Je suis certain, pensais-je, que dans quelques mois il cherchera à orienter mes choix, et les mois suivants il m’imposera directement les titres des sujets qu’il aura voulu que je choisisse pour finalement me forcer à écrire sur de la littérature pieuse. Et, entre-temps, il me demandera de nuan- cer mon intempérance, de refréner mes ardeurs, de m’abstenir de porter des jugements téméraires ou simplement audacieux. Et si je ne le fais pas, ce sera lui qui le fera pour moi, en se passant de ma collaboration (comme cela m’est arrivé tant de fois, y compris dans les milieux catholiques) ou du moins en me rabaissant (cela m’est arrivé aussi dans les endroits les plus divers qui ensuite se présentent comme les champions de la liberté d’expression). Mais, miraculeusement, rien de tout cela n’est arrivé. La collaboration que j’entretiens depuis plus de quatre longues années avec Magnificat a été – en plus d’être la plus agréable – la plus libre de toutes celles que j’ai entretenues depuis mes débuts d’écrivain. Et pas seulement « libre » selon l’appellation courante que notre époque utilise avec tartufferie et qui, en même temps, met au point des méthodes pour qu’une telle liberté ne voit pas le jour, en formatant les consciences de telle sorte que tout ce qui en provient soit erroné et systémique. Non seulement « libre » parce que je n’ai jamais reçu d’indications
        
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