La divine bibliothèque
19 Prologue scrutant l’abîme de ces vies, nous pourrons mieux comprendre la miséricorde divine, l’amour profond que Dieu nous a donné, en s’immolant aussi pour nous. Une littérature pleinement catholique ne peut se soustraire à ce « territoire de l’Ennemi », mais doit se lancer avec audace à sa conquête, afin d’éclairer le combat qui fait rage dans l’obscurité du cœur humain. Cet objectif nous a guidé dans la sélection des ouvrages que nous avons conservés ici, pour constituer cette modeste Divine bibliothèque . Elle nous sert de refuge face aux déserts de la litté- rature futile ou cynique que nous présente notre époque irréli- gieuse, mais aussi face à l’aridité d’une littérature infantilisée et lestée de moralisme parfois promue dans des environnements qui se prétendent catholiques. Et cette Divine bibliothèque se veut, en plus d’être un rafraîchissement pour l’âme, une sorte de temple improvisé où l’on peut dialoguer avec Dieu. Parce que, finalement, les bibliothèques possèdent quelque chose de quasi religieux où l’homme trouve refuge dans son cheminement terrestre. Cette façon de concevoir la bibliothèque comme le refuge de l’âme est exprimée, peut-être mieux que quiconque, par Jean-Paul Sartre, dans sa belle autobiographie Les mots . L’enfant qu’il fut s’y montre soutenu par le silence sacré des livres. Sartre écrit avec aménité : « Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait. Elles se ressemblaient toutes, je m’ébattais dans un minuscule sanctuaire, entouré de monuments trapus, antiques, qui m’avaient vu naître, qui me verraient mourir et dont la permanence me garantissait un
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