La divine bibliothèque

La divine bibliothèque 26 contrée, on jouit de la liberté de conscience. » (II, 54) Comme si Cervantès n’allait pas tourner en dérision cette liberté moderne de perdition ! Cervantès était un catholique sincère, ni désin- volte, ni grenouille de bénitier (tout auteur profane qu’il était), comme le montrent les boutades et sarcasmes qu’il adresse au clergé idiot exploitant la piété du peuple (cet ermite qui vit en compagnie d’un sous-ermite, ou ce curé de campagne déguisé en princesse !) ainsi que ses commentaires mordants sur les dévotions absurdes et exaltées, son irrévérence vénielle et sardonique – ce Maure qui jure « comme un catholique chrétien » (II, 27), ces clercs si bien pourvus en victuailles pour la route car « ils se laissent rarement aller » (I, 19). Des propos certes inoffensifs, si on les compare aux critiques que le Christ a lancées contre les pharisiens et les loups déguisés en agneaux. Dans Don Quichotte , nous ne trouvons pas « de pensée autre que catholique », aucune vision de la misère ni de la grandeur humaine qui ne soit conforme à la vision théologique d’une nature déchue et rachetée qui attend la récompense du Ciel. Son auteur a également défendu le Christ à Lépante, au prix de son bras et de sa liberté en expiation de ses péchés. À la fin de sa vie, il prononça même ses vœux solennels dans le Vénérable tiers ordre de Saint François, afin d’être enterré sous l’habit du Poverello . Si vous entendez ou lisez un érudit qui nie ces évi- dences, soyez certains qu’il est animé par la haine de la foi ou la haine de l’Espagne, qui sont finalement des haines confluentes, et pétries dans le même chaudron infernal.

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