La divine bibliothèque
29 La vie est un songe de l’honneur à la prédestination, qu’il serait trop long d’aborder ici. Certains affirment que la pièce est un symbole de la vie humaine (annonçant un auto sacramental du même titre que Calderón aurait écrit quelques décennies plus tard) présentant d’abord l’homme au paradis (mais la tour où Sigismond est enfermé peut difficilement être considérée comme une figure du paradis), puis l’homme tombant à cause du péché et enfin l’homme racheté par la Rédemption du Christ. Mais cette inter- prétation est quelque peu forcée, et elle le serait également pour qui tente de présenter La vie est un songe comme une simple thèse en faveur du libre arbitre et contre le fatalisme de la prédestination. Un sujet que Calderón traite certaine- ment de manière collatérale. Mais il est vrai que dans la pièce, personne ne professe d’idées fatalistes, pas même le roi Basile, qui emprisonne justement Sigismond pour échapper à la dure réalité de l’horoscope et libérer son royaume de l’arrogance et de la cruauté de son fils. Par ailleurs, nous ne devons pas oublier que la liberté que Sigismond regrette n’est pas le libre arbitre, mais la liberté de mouvement et d’action que Dieu a donnée aux ruisseaux, aux poissons, aux animaux et aux oiseaux. « Et moi, avec de meilleurs instincts, j’ai moins de liberté ! » demande Sigismond, qui ne remet jamais en question l’exis- tence de la liberté humaine de choisir moralement, comme aucun des personnages du drame. Les différentes attitudes de Sigismond lors de ses deux visites au palais révèlent bien davantage le conflit réel dont il est ques- tion dans La vie est un songe . La première attitude le présente comme un véritable prince de Machiavel, lequel n’avait pas hésité à écrire : « Il y a deux manières de combattre : l’une avec les lois, l’autre avec la force. La première est celle des
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