La divine bibliothèque

La divine bibliothèque 30 hommes, la seconde celle des bêtes. Mais comme très souvent la première ne suffit pas, il est besoin de recourir à la seconde. Par conséquent, un prince doit savoir être à la fois bête et homme » (Nicolas Machiavel, Le prince ). Et en effet, lors de sa première visite au palais, Sigismond se laisse aller à toutes sortes de débordements et d’outrages : « Mais à présent, je sais qui je suis, et je sais que je suis un composé d’homme et de bête sauvage », détournant la loi au service de son orgueil. Ce disciple de Machiavel deviendra cependant très différent lorsque, à la demande du peuple révolté contre son père, il accepte de quitter à nouveau sa prison. C’est un homme qui, alors, renonce à son ancien orgueil et accepte de revenir au palais : « Ômon âme, livrons-nous à un nouveau rêve. Mais que ce soit avec prudence, avec sagesse, et de manière à n’en sortir qu’au moment favorable. Le désenchantement sera moindre, dès que nous y serons préparés : car on se rit des inconvénients qu’on a prévus ». Cette prévenance avec laquelle Sigismond agit lors de la deuxième visite au palais de son père fait de lui un modèle de prince prudent, conscient que « même le pouvoir le plus réel n’est qu’un pouvoir emprunté, et doit revenir tôt ou tard à celui à qui il appartient ». Sigismond apprend ainsi que le pouvoir politique n’est pas une conquête de l’homme audacieux, comme le prétend le machiavélisme, mais un emprunt divin. Il apprend que l’homme se libère de lui-même dès lors qu’il accepte que le pouvoir n’est pas le sien, mais une participation au pouvoir de Dieu, à qui il doit rendre des comptes. Et, par conséquent, il ne prétend plus exercer son libre arbitre contre la fortune, qui cesse d’être une déesse capricieuse, mais devient un porte-parole

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