La priere dans l'art

Fractio Panis, iiie s., catacombes de Priscille, « chapelle grecque », Rome. 41 99 Aux Corinthiens, parmi lesquels il avait prêché dans les années 50-52, saint Paul donnera en effet une série de règles de comportement pour les réunions au cours desquelles ils célébraient le «repas du Seigneur», en leur ordonnant de continuer à utiliser la formulation qu’il leur avait enseignée et qu’il légitimait en affirmant : « J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : “Ceci estmon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi.” Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : “Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi.” Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez lamort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Co 11, 23-26). Il s’agit de la formulation la plus ancienne des paroles de Jésus lors de la dernière Cène. L’insistance de saint Paul pour qu’elle soit répétée exactement « chaque fois » que les chrétiens célèbrent l’Eucharistie est telle que, si elle n’était pas déjà en usage à Rome avant son arrivée, il est raisonnable de supposer que l’Apôtre l’a introduite au cours des années où il a vécu dans la capitale impériale. Il n’est donc pas surprenant que l’un des premiers textes sources de l’histoire liturgique chrétienne soit d’origine romaine : vers la fin du ier siècle, l’Église romaine est intervenue dans un conflit interne de l’Église sœur de Corinthe par une lettre (attribuée à l’évêque de Rome de l’époque, saint Clément) dans laquelle la nécessité de trouver une solution pacifique aux problèmes ecclésiaux est présentée dans un langage allusif à l’Eucharistie, comme un retour à la «communion47 ». Cette lettre de Clément de Rome, développant l’idée d’un ordre divin comparable à ce que nous voyons dans les institutions humaines telles que l’armée, décrit une Église structurée hiérarchiquement sur le modèle de l’ancien peuple d’Israël et avec des rites qui perfectionnent ceuxmentionnés dans l’Ancien Testament. L’autorité des prêtres qui célèbrent la liturgie est soulignée, et celle de l’évêque est conçue comme une expression du gouvernement de l’univers exercé par le Créateur qui est explicitement appelé « évêque ». Ce texte présente un intérêt extraordinaire non seulement pour le développement institutionnel qu’il documente dans l’Église romaine de l’époque, mais encore pour le fait d’identifier la structure de l’autorité ecclésiale avec la liturgie. Enfin les derniers chapitres de la lettre semblent constituer les bases d’une longue prière eucharistique. Une soixantaine d’années plus tard, à nouveau d’origine romaine, on trouve la première description de la liturgie dominicale chrétienne. L’auteur, JustinMartyr, est unGrec né à Naplouse en Palestine, un érudit païen et un professeur de philosophie converti au christianisme. Vers l’an 150, il se rend à Rome, et cinq ans plus tard, il rédige une Prima  La prière liturgique

RkJQdWJsaXNoZXIy NzMzNzY=