La priere dans l'art

Saint Sébastien, détail, Andrea Mantegna (v. 1431-1506), musée du Louvre, Paris. 53 134 La forme la plus naturelle de la prière est la supplication: l’appel à l’aide spontané que la créature adresse au Créateur. En effet, comme l’a dit saint Augustin, l’homme, est « le mendiant de Dieu60 », dont il dépend pour tout. Il n’est donc pas surprenant que les expressions les plus dramatiques du livre des Psaumes, l’anthologie des prières de l’Ancien Testament, présentent de sincères suppliques : « Sauve-moi, mon Dieu : les eaux montent jusqu’à ma gorge ! J’enfonce dans la vase du gouffre, rien qui me retienne ; je descends dans l’abîme des eaux, le flot m’engloutit » (Ps 68, 2-3) ; « Je crie vers Dieu, le Très-Haut, vers Dieu qui fera tout pour moi. Du ciel, qu’il m’envoie le salut : (mon adversaire a blasphémé!). QueDieu envoie son amour et sa vérité ! Je suis au milieu de lions et gisant parmi des bêtes féroces ; ils ont pour langue une arme tranchante, pour dents, des lances et des flèches » (Ps 56, 3-5) ; « Prends pitié de moi, Seigneur, je suis en détresse. La douleur me ronge les yeux, la gorge et les entrailles » (Ps 30, 10). C’est cette tradition littéraire que l’auteur de la Lettre aux Hébreux a à l’esprit lorsqu’il affirme que « pendant les jours de sa vie dans la chair, il [le Christ] offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort » (He 5, 7a). Lorsque l’évangéliste Luc, décrivant Jésus à Gethsémani, dit qu’« entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre » (Lc 22, 44), il veut exprimer ce degré de détresse. Nous pouvons supposer que les martyrs, par exemple saint Sébastien ( 53), ont fait écho à la supplication du psalmiste : « Seigneur, entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu’à toi ! Ne me cache pas ton visage le jour où je suis en détresse ! Le jour où j’appelle, écoute-moi ; viens vite, réponds-moi ! » (Ps 101, 2-3.) Il existe cependant une différence fondamentale entre l’appel à l’aide des poètes d’Israël et la supplication des chrétiens. Alors que les psalmistes demandaient habituellement le châtiment de leurs bourreaux : « Dieu qui fais justice, Seigneur, Dieu qui fais justice, parais ! Lève-toi, juge de la terre ; aux orgueilleux, rends ce qu’ils méritent » (Ps 93, 1-2), Jésus a prié pour ceux qui l’ont crucifié, en disant : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce

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