SPLENDEURS-DE-LAMOUR

L’AMOUR, SUIS RIEN… L’hymne à l’Amour, au chapitre 13 de la première lettre aux Corinthiens, commence par trois versets où saint Paul se met lui-même en scène, au risque de l’Amour: Verset 1 Dans une traduction plutôt littérale : Si je parle les langues des hommes, et même des anges, mais que je n’ai pas l’Amour, je deviens un bronze qui sonnaille, une cymbale retentissante. Proposition d’un équivalent de sens pour aujourd’hui : À l’instar des apôtres et de leurs successeurs depuis la Pentecôte, j’ai beau parler toutes les langues pour annoncer l’Évangile au monde entier12, eh bien, si je n’ai pas l’Amour, je ne suis qu’un vain bruit. Verset 2 Dans une traduction plutôt littérale : Et si j’ai le don de prophétie et sais tous les mystères et toute la connaissance, et si j’ai la plénitude de la foi, au point de déplacer les montagnes, mais que je n’ai pas l’Amour, je ne suis rien. Proposition d’un équivalent de sens pour aujourd’hui : J’ai beau parler au nom du Seigneur, être un théologien hors pair, et même le plus éminent des docteurs de l’Église, et j’ai beau avoir une foi à transporter les montagnes, eh bien, si je n’ai pas l’Amour je ne suis rien ! Verset 3 Dans une traduction plutôt littérale : Et si je partage tous mes biens en nourriture ; et si je livre mon corps au feu, mais que je n’ai pas l’Amour : je n’en retire rien. JE N’AI PAS Si je ne Proposition d’un équivalent de sens pour aujourd’hui : Et si je distribue tous mes biens aux affamés ; et si je livre ma vie en martyr, mais que je n’ai pas l’Amour, eh bien, je n’en retire rien en vue du Jugement 13. Le plus radical témoignage de charité Aux versets 1 et 2, saint Paul dit ce qu’il fait (à la première personne du singulier du subjonctif présent) : c’est la vérité (à peine idéalisée) de sa vie, une vie consacrée à accomplir sa vocation d’apôtre, et ce, en mettant en pratique les enseignements de Jésus, et en répondant fidèlement à ses préceptes. Au verset 3, cependant, saint Paul dit ce qu’il va très probablement être amené à faire, en tout cas ce qu’il est décidé à faire dans l’avenir (à la première personne du singulier du subjonctif aoriste) : il se place alors dans la perspective où il va terminer sa course et réaliser, avant sa mort et en sa mort, deux conditions qui vont exiger de lui la plus admirable héroïcité des vertus : donner tous ses biens aux pauvres et mourir martyr. Ce faisant, il se réfère aux critères du Jugement dernier (voir Mt 25, 31-40)14 pour conclure : « si je n’ai pas l’Amour, je n’en retire rien ! » : quand bien même j’aurais donné le plus radical témoignage de charité, et le plus sublime témoignage de foi, je demeure au risque d’être réprouvé quand je serai jugé sur l’Amour, s’il me manque l’Amour. En défiant ainsi la logique, à dessein, saint Paul entend nous interpeller, redoutablement. Car force est de constater que tout ce qu’il nous dit de faire, comme tout ce qu’il nous dit avoir la ferme intention de faire, ne peut être motivé, au moins pour la plus grande part, que par l’amour de Dieu et du prochain. Et pourtant, il nous dit très clairement qu’il pourrait parfaitement le faire, et n’avoir pas l’Amour. Ces trois premiers versets du chapitre 13 peuvent donc facilement être entendus à faux-sens, voire à contre-sens. « Voici comment l’Amour atteint en nous sa perfection : que nous ayons pleine assurance le jour du Jugement. » (1 Jn 4, 17) 36 Partie II - Avoir ou ne pas avoir l’Amour Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien... 37

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