u te souviens femme, ou quoi ? Tous ces soucis, tous ces tracas : seulement tu as été là. On est resté fidèle l’un à l’autre. Et ainsi j’ai pu m’appuyer sur toi et toi tu t’appuyais sur moi. On a eu de la chance d’être restés ensemble, on s’est mis tous les deux à la tâche, on a duré, on a tenu le coup. Le vrai amour n’est pas ce qu’on croit. Le vrai amour n’est pas d’un jour mais de toujours. C’est de s’aider, de se comprendre. Et peu à peu on voit que tout s’arrange. Les enfants sont devenus grands. Ils ont bien tourné. On leur avait donné l’exemple. On a consolidé les assises de la maison. C’est pourquoi, mets-toi à côté de moi et puis regarde, car c’est le temps de la récolte et le temps des engrangements. Quand il fait rose comme ce soir, et une poussière rose monte partout entre les arbres. Mets-toi tout contre moi, on ne parlera pas : on n’a plus besoin de rien se dire. on n'a besoin que d’être ensemble encore une fois, et de laisser venir la nuit dans le contentement de la tâche accomplie. Charles-Ferdinand Ramuz « Le Temps des engrangements » 47 Chap. 1 • L’Amour donne du temps au temps 47
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