SPLENDEURS-DE-LAMOUR

se reconstruire, s’accomplir. Mais aussi le temps de ne pas tenir rigueur des imperfections, des erreurs et des fautes, mais de les souffrir dans la durée, jusqu’à atteindre, s’il le faut, ce sommet de l’imitation de Jésus Christ qu’est l’amour des ennemis. Et encore, autant que faire se peut, Dieu aidant, le temps de corriger et de réparer les effets délétères de nos limites et de celles des autres. Et, bien sûr, toujours, le temps qu’il faut pour pardonner du fond du cœur et pour se faire pardonner. Jusqu’à la preuve suprême de l’Amour Cet engagement à laisser du temps au temps signifie plus prosaïquement aimer les autres en leur consacrant tout le temps qu’il faut dans l’humilité quotidienne de la vie ordinaire, tant il est vrai que la première charité à faire à notre prochain, c’est de lui donner des raisons de croire qu’il a de la valeur à nos yeux, qu’il nous est cher. Cependant, trouver du temps à donner est un combat de tous les instants, sur un champ de bataille où la désertion se nomme divertissement, et où, trop souvent, en tuant le temps, c’est l’Amour qu’on assassine peu à peu. Saint Paul nous dit que, sur « la voie par excellence », notre amour doit avoir foi en l’espérance qu’il suscite. Donc s’accorder le temps que Dieu lui accorde pour, du mieux qu’il peut et grâce à Dieu, aimer d’un amour digne d’être élevé au rang d’Amour divin. Cet engagement, qui caractérise l’Amour divin, de continuer d’aimer envers et contre tout, alors même que notre amour est souvent bien imparfait et que les autres peuvent y répondre de manière insatisfaisante ou dommageable – ou même y répondre par la haine –, cet engagement de donner du temps au temps n’est pas passivité, ni résignation, mais une force intérieure qui permet à l’Amour de grandir et de mûrir, jusqu’à être capable de donner la preuve suprême de l’Amour : donner sa vie pour ceux qu’on aime, y compris s’il le faut pour ses persécuteurs. « Que le Seigneur incline vos cœurs à faire preuve de l’amour de Dieu et de la patience du Christ. » (2 Th 3, 5) eureusement, de nos jours on choisit de se marier parce qu’on s’aime, il n’en demeure pas moins qu’on s’est mariés pour s’aimer. Tomber amoureux peut être rapide, voire instantané, mais savoir vivre ensemble en s’aimant à plein temps demande du temps, ne serait-ce que pour s’ajuster l’un à l’autre, parce qu’on est différents et parce que l’un et l’autre ne vont pas cesser de changer au long cours du temps. S’ajuster aussi à quelqu’un qui va se révéler avec le temps bien différent de la personne qu’en fait, inconsciemment, on avait idéalisée. Et, il faut bien en avoir conscience, il va falloir faire fonctionner ensemble, par amour, deux personnes qui ont chacune leurs faiblesses, leurs imperfections et leurs limites. Le jour du mariage, la relation d’amour est certes une magnifique promesse d’avenir, mais, cette promesse, il lui reste à être élevée, bien élevée, pour être tenue dans l’avenir, tout le temps Lʼamour donne du temps au temps et jusqu’au bout. Vivre d’amour, l’un avec l’autre, l’un pour l’autre, va donc consister en une édification mutuelle qui va épouser le temps. Une question d’espérance Pour réussir son mariage et y être profondément heureux, il va falloir dans la durée s’en donner la peine de manière permanente et suivie. Fondamentalement, ce n’est pas une question de patience, mais d’espérance. Une espérance fondée sur la foi que les deux époux se sont jurée. Or, la foi que les deux époux se sont donnée, par amour et pour l’amour, ne va rester vivante que si elle ne cesse de s’incarner par leur confiance et par leur fidélité. La fidélité étant la réponse de l’un à la confiance de l’autre, et réciproquement. Espérer – « d’une espérance qui ne déçoit pas » – l’accomplissement plénier des promesses de l’Amour dans le mariage, c’est donner à ces promesses tout l’investissement et le temps nécessaires, jusqu’au bout, pour qu’elles portent leur fruit. FAIRE DE LA VIE CONJUGALE, UN HYMNE À L’AMOUR 52 Partie III • Aimer par des actes et en vérité

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