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il n’a jamais perdu de vue, pendant les trente-trois ans de sa vie, qu’il mourrait cloué sur une croix sanglante. La pensée de la gloire de son Père et de la rédemption du monde suffisait, en chaque circonstance, à faire tressaillir son âme. La croix, depuis qu’elle a été levée sur l’histoire, est devenue l’unique salut non seulement des personnes individuelles, qui sont immortelles, mais encore des civilisations, qui sont périssables. Elle est apparue, en Occident, dans un monde décadent et voué à la catastrophe. Au prix de la lumière qu’elle apportait, les renoncements qu’elle exigeait ne parurent pas trop lourds : quand la terre n’a plus rien à donner, le ciel, révélant ses splendeurs, devient infiniment désirable. Que s’est-il produit ? À mesure que les peuples se rassemblaient autour de la croix et suspendaient leur espérance au royaume qui n’est pas de ce monde, voici que, par miracle, le monde s’éclairait, la vie redevenait humaine, une culture chrétienne, une civilisation chrétienne s’organisait. La douceur de vivre réapparaissait. Et avec elle bientôt l’oubli du ciel. Le renoncement de la croix recommença à peser. Il parut intolérable. L’homme entreprit de conquérir la terre et de faire à lui seul son bonheur. Il devint dur et sauvage. 18 INTRODUCTION

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