Théo_18

Victor enfile un pull, un coupe-vent, ses grosses chaussures et attrape une couverture, puis il sort de la tente dans la nuit humide et noire. Brrr… Il fait froid. Il fait quelques pas dans l’herbe mouillée de rosée. Une bonne odeur de terre et d’écorce emplit l’air frais. — Tiens ! La nuit sent bon, se dit Victor, surpris. Les cousins entrent dans la forêt. Il fait sombre. Victor se presse pour ne pas être le dernier. Qui sait ce qui pourrait surgir dans son dos, au milieu de l’obscurité ? Ils s’arrêtent au pied d’un grand chêne qui borde une large clairière éclairée par la blancheur de la lune. Les plus grands dressent des piquets de bois et tendent des bâches pour faire un abri de fortune. — Chut, ne faites pas de bruit, dit Raphaël, tout bas. Et maintenant, écoutez… Les cousins arrêtent de bouger. Ils osent à peine respirer. Victor ouvre les yeux et les oreilles, mais au début, il n’entend rien d’autre que le vent qui agite doucement les feuillages. Soudain, il perçoit un petit grattement sur le sol. — Regardez ! chuchote Corentine. C’est un hérisson qui sort de sa maison ! Hou, hou…, fait un hibou, emplissant la nuit de son cri. Il prend son envol et traverse la clairière en étendant ses longues ailes. — Comme il est beau ! se dit Victor qui n’en avait jamais vu d’aussi près. Frrrt, frrrt… Qu’est-ce que c’est ? Victor lève les yeux et voit un ballet de petites formes noires qui volent et font la farandole. — Hiii ! Des chauves-souris ! s’écrie Victor en poussant un petit cri. — C’est l’heure de leur chasse aux insectes, explique Raphaël. Mais rassure-toi, elles ne mangent pas les petits garçons ! Victor sourit. Il a moins peur. En fait, la nuit est peuplée de petits animaux gentils. Mais tout à coup, un bruit de tambour résonne dans la forêt et fait trembler le sol : tagadac, tagadac ! — Oh ! Oh ! Je crois qu’on a dérangé un sanglier ! dit Raphaël. Tous derrière l’arbre ! Tous les cousins sautent sur leurs pieds et se réfugient en tremblant derrière le tronc du grand chêne. L’animal lancé au galop se dirige droit sur eux ! Il va leur foncer dessus ! Victor attend, le cœur battant. C’est sûr, sa dernière heure est arrivée ! Lâché comme une locomotive, le sanglier passe en trombe près des enfants et disparaît dans des buissons épais. Ouf ! Il est parti ! Victor a encore les jambes flageolantes ! Quelle frousse il a eue ! Mais quelle joie aussi, juste après, d’avoir vu de ses yeux ce farouche animal de la forêt ! Prudent, Raphaël annonce le départ. Il est temps de laisser les animaux tranquilles. Le petit groupe se remet en marche et quitte les sous-bois pour arriver dans un Victor a 12 ans et, cet été, il part camper pour la première fois avec ses quatre grands cousins, qui le font tous les ans. Il est tout excité et en même temps… pas vraiment rassuré. Il n’a pas l’habitude de dormir sous la tente. Se retrouver dehors, la nuit, il n’en a pas tellement envie ! La journée au grand air lui fait oublier ses craintes, mais quand le soir tombe, les enfants regagnent leurs tentes : une pour les filles, une pour les garçons. Il fait nuit noire. Seul le rond jaune de la lampe de poche troue l’obscurité. Victor hésite, le temps que ses yeux s’habituent. Allez ! Confiance ! Les cousins y arrivent bien ! Il rejoint sa tente à pas mesurés. Plus tard, allongé sous la fine toile de coton qui l’isole du dehors, il n’arrive pas à s’endormir. Il écoute tous les bruits de la forêt voisine. Scrricht, Scrricht… Qu’est-ce que c’est ? Tap, tap, tap… Oh là là ! Houuu, houuu... Maman, j’ai peur ! Il se roule en boule dans son sac de couchage. Soudain, il entend crisser la fermeture Éclair de la tente. Quelqu’un est en train de l’ouvrir. Ah !! Au secours ! Un monstre, un voleur ! Un mangeur d’enfants ! Mais non, c’est Raphaël, l’aîné des cousins, qui passe sa tête par l’ouverture de la tente. — Eh ! Les garçons ! Debout ! On va faire un affût de nuit. Habillez-vous ! Victor n’a pas du tout envie de quitter son duvet et de sortir dans la nuit obscure. Mais ses cousins se lèvent avec un frisson d’excitation et s’habillent chaudement. — Qu’est-ce que c’est un affût ? demande Victor. — On se cache dans la forêt pour observer des animaux, répond sa cousine Corentine. Tu vas voir, c’est génial ! Un peu de lecture ! / N° 18 34 N° 18 / 35 Par Gaëlle Tertrais

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