Vincent

Saint Vincent ? Un pari ? Alors qu’il s’agit d’une évidence. Ou alors l’évidence s’est transformée en pari au cours des années, de ce temps qui ne veut plus s’embarrasser de cette dimension spirituelle qui accompagne toute vie. Et si les auteurs le regrettent, ils sont prêts aussi à l’assumer, ce pari. Imaginer un moment dans la vie d’un saint, évoquer la foi, la charité dans ce monde qui ne prête guère attention au recueillement, au dépouillement de soi, oui, c’est probablement un pari. Comme l’étaient toutes les actions entreprises par Vincent. Ou l’abbé Pierre, ou tant, tant d’autres, mais je le reconnais, ces hommes et femmes de haute tenue ne font guère la une des journaux. Ils préfèrent la discrétion à l’éclat, l’abnégation à la vanité, ils savent la valeur du silence car c’est dans le silence que s’élèvent parfois les pensées les plus pures, les plus hautes, les plus vigoureuses. Surtout ne pas juger. Ainsi va Vincent, qui passe au-delà des apparences, des rites et usages qui font le grand monde. Des violences et des grincements qui agitent ce peuple de France à l’heure des misères et des injustices (ont-elles disparu ?). Louis XIII meurt dans un lit de souffrance qui le rapproche de l’agonie subie par nombre de ses humbles sujets. Nous ne sommes rien devant la mort. Les croix, les honneurs, les batailles remportées, les territoires conquis ne sont plus que brimborions. Sur monsieur de Prémontal qui l’accompagne dans son aventure et qui, de Dieu, n’a que faire, Vincent ne porte aucun jugement. Mais il lui est reconnaissant de son savoir-faire car le savoir-faire reste une politesse. Il y a juste ce geste (un manteau donné sur les épaules de la pauvreté) qui conclut notre récit, pour lequel tout notre récit a été conçu, un geste qui traduit un acte de charité, un geste qu’accomplit Prémontal avant de s’effacer dans l’oubli des hommes. Le plus important n’est-il pas accompli ? Vincent peut continuer son œuvre. En passant, il a touché le cœur d’un homme. C’est déjà beaucoup. À présent que tout s’achève, je veux remercier quelques personnes qui ont permis à Vincent d’exister. En premier, Emilie Tibau, ma grand-mère. Elle priait comme elle cuisinait et elle cuisinait comme elle priait. Temps de l’enfance à jamais inscrit dans ma mémoire. Vincent Montagne qui nous a soutenus dès le début. Avec une belle confiance. De celles qui revigorent. Pierre Fresnay dans le film de Maurice Cloche. Présence impressionnante évitant tous les pièges. Marie-Joëlle Guillaume dont le remarquable ouvrage sur Vincent et les conseils éclairés nous ont permis d’éviter nombre d’erreurs. Et enfin, Martin, il me faut te remercier une fois encore de m’avoir accordé ta confiance. Tant d’années déjà que nous travaillons ensemble. Et te voilà, encore et toujours à tracer Paris dans le cours de son histoire. Quelle endurance ! JEAN DUFAUX. MAI 2016.

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