Compagnon Carême 2023

– 12 – – 13 – Les Évangiles de Carême Frère Patrick Prétot Les dimanches de Carême constituent un chemin que chaque annéenous empruntons ànouveaupour ydécouvrir le mystère de la relation au Christ que le baptême instaure. Entendre ces Évangiles dans la liturgie, lesméditer engroupe ou personnellement, peut donc être compris comme une sorte de session annuelle de formation permanente pour les baptisés, et pas seulement comme l’accompagnement liturgique de la dernière étape de préparation au baptême pour les catéchumènes. Un itinéraire de formation Chaque année en effet, lors des deux premiers dimanches, reviennent les deux mêmes récits, celui de la tentation de Jésus au désert (1er dimanche) et celui de la Transfiguration (2e dimanche). Au fil des trois années (A, B et C), la liturgie nous fait ainsi entendre les trois versions de ces récits rapportées par les Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc). Il convient d’être attentif au fait que chaque Évangile relate ces deux épisodes avec ses accents propres. Ainsi la version du récit de la tentation, extrêmement brève chez Marc (Mc 1, 12-15) est nettement différente de celle que l’on trouve chez Matthieu (Mt 4, 1-11) et chez Luc (Lc 4, 1-13). Ce porche d’entrée est évidemment de grande portée pour la vie spirituelle. À travers ces deux moments, il apparaît que si la vie chrétienne implique l’entrée dans le combat spirituel, ce que le rituel baptismal manifeste à travers le double mouvement de renonciation au mal et d’adhésion au Christ, le récit de la Transfiguration indique le terme du chemin, entendre avec Jésus la voix du Père « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » (Mt 17, 5). Combat et promesse sont les deux faces de ce chemin du Carême. Pour tous les chrétiens Ensuite durant l’année A (c’est le cas pour ce Carême 2023) – et tous les ans s’il y a des catéchumènes –, ce sont trois récits tirés de l’Évangile de Jean qui rythment la célébration des scrutins. Ces passages mettent en lumière différentes facettes de la relation au Christ du baptisé. Car être chrétien, c’est, en définitive, se laisser interroger par la parole du Christ et y répondre par sa vie : « Et pour vous, qui suis-je? » (Mt 16, 15). Le 3e dimanche, à l’école de la Samaritaine (Jn 4, 5-42), il s’agit en effet de découvrir le Christ, celui qui « nous fera connaître toutes choses » (cf. v. 25) et qui se donne à reconnaître : « Je le suis, moi qui te parle » (v. 26). Avec l’aveugle-né que Jésus guérit (Jn 9, 1-41), il s’agit, le 4e dimanche, de « voir » vraiment et pour cela, de se laisser guérir par celui qui se manifeste comme le « Fils de l’homme » (v. 35). La confession de foi de l’aveugle guéri : « Je crois, Seigneur ! » (v. 38), est celle de tout croyant se mettant à l’écoute de celui « qui te parle » (v. 37). On ne peut voir sans croire. Enfin le 5e dimanche, la résurrection de Lazare (Jn 11, 1-45) annonce une promesse faite à tous ceux qui croient au Christ ; c’est le cri de joie de la nuit pascale : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (v. 25-26). La foi est promesse de vie éternelle. La route vers Pâques va ainsi d’un regard sur la condition humaine aux prises avec les tentations du pouvoir, de l’avoir et de la gloire (1er dimanche), jusqu’à la découverte de la vie véritable, celle que Jésus offre à ceux qui mettent leur foi en lui (5e dimanche). La foi est source de vie, promesse, mais : « Crois-tu cela? » (Jn 11, 26).

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