Compagnon Careme 2024

– 11 – désenchantement et le cynisme qui gangrènent notre temps. L’émerveillement n’est pas tonitruant. Il n’a pas besoin de grand écran. Du son Dolby. D’enceintes ou d’amplis. C’est une brume légère. Une pensée. Une prière. Une lueur. Une note. Un froissement. Une fleur, une odeur, une libellule. La grâce d’un instant. Un regard. Un parfum dans le vent. Une alchimie de l’instant. L’émerveillement, une qualité de présence L’émerveillement, tout en nous transportant ailleurs, intensifie notre présence au monde. Il améliore notre réalité en nous faisant tout simplement mieux apprécier ce qui est. Il ne rend pas l’ordinaire merveilleux mais donne de voir le merveilleux dans l’ordinaire, le nouveau dans le familier, le possible dans l’existant. Il préserve nos yeux de perdre cette grâce de s’ouvrir à chaque fois sur le monde comme si c’était la première fois. S’émerveiller, ce n’est pas parcourir sa vie avec des œillères ni se réjouir béatement de tout comme si rien n’était grave. Bien au contraire. C’est une conscience aiguisée, un œil ouvert, un cœur à l’écoute, qui loin de nier la souffrance, sent vibrer l’atome de beauté là où il est. Au fond, l’émerveillement est un acte de résistance intérieure. Aussi furtif ou éphémère soit-il parfois, il plante une graine d’enthousiasme, laisse une petite fêlure en nous qui ne se refermera jamais totalement. Toutes les vies, même les plus douloureuses, portent en elles l’empreinte de l’émerveillement. Personne n’y échappe. C’est une expérience universelle. Comme l’amour… Blanche Streb

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