Guide spirituel des pèlerins

Je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur (Os 2, 16). Il y a dans ce verset un jeu de mots, qui révèle une secrète connivence. Davar, la parole, et midbar, le désert, ont une racine commune, comme si la Parole ne pouvait être bien comprise qu’au désert. Le pèlerin des terres arides, le chercheur de l’absolu, enfin libéré de tout ce qui encombre sa vie, peut commencer à discerner cette voix qui parle depuis les profondeurs. La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, […] ainsi ma parole, qui sort de ma bouche… (Is 55, 10-11). Spectacle inoubliable de la pluie sur le désert : en quelques jours, on voit surgir de partout des petites fleurs qui envahissent l’espace de leurs couleurs et de leurs parfums. Les graines enfouies au creux de la terre attendaient cette ondée pour commencer à germer, à grandir, à fleurir… En chacun de nous, il en est ainsi, enfermés que nous sommes en nous-mêmes, dans l’attente d’une Parole qui puisse nous féconder intérieurement. Me voici devant toi comme une terre assoiffée (Ps 142, 6). Alors le miracle peut s’accomplir. Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse, s’écrie le prophète Isaïe (Is 35, 1). Nous sommes invités à aller jusqu’au bout de ce chemin pour découvrir, par-delà nos propres déserts, un autre paysage. Alors, quelque chose, en nous, résonne comme une Pâque, comme une renaissance. Il nous faut faire, au moins une fois dans notre vie, l’expérience de cette présence qui parle dans les déserts et qui nous entraîne vers un au-delà de nous-mêmes étonnant et bouleversant. 37 le désert

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