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20 JESUS PREFIGURE Ivan Konstantinovitch Aïvazovski (1817-1900) est un peintre russe d’origine arménienne, proche d’Aleksandr Pouchkine et de Nikolaï Gogol. Admiré par Eugène Delacroix et WilliamTurner, il eut en son temps une renommée considérable, aussi bien dans sa patrie que dans le monde entier. Paris et New York ont fait à ses expositions un véritable triomphe. Contrairement à ses contemporains peintres de marine, Johan Barthold Jongkind, Gustave Courbet ou Eugène Boudin, il ne peignait pas sur le motif mais de mémoire, en une re-création essentiellement émotionnelle de la réalité naturelle. Son âme romantique, exaltée par le mont Ararat où l’arche de Noé se serait échouée après le Déluge, le poussait à célébrer sans cesse les grands mythes de la culture arménienne. Son œuvre peut être comprise comme une profonde contemplation de l’eau dans tous ses états : source de vie illuminée par la lumière créatrice, flots de mort mêlant leurs lames aux cieux noir d’encre. Quand, en 1841, Aïvazovski peignait le tohubohu des eaux originelles à l’instant de la Création, Charles Baudelaire, lui aussi romantique contempteur du rationalisme laïcisant, écrivait en écho : Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. (L’Homme et la mer) Et le poète d’articuler ce que le peintre donne à voir : Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d’une façon solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux. (La Vie antérieure) Cependant, ici, empruntant leurs teintes à celles de la parousie promise à la fin des temps, les couleurs sont celles de l’aube originelle, le premier lever de la lumière sur la création de la vie. Le Chaos ou La Création Ivan Konstantinovitch Aïvazovski (1817-1900) 1841 Huile sur papier, 73 × 108 cm Venise, monastère San Lazzaro degli Armeni, musée arménien LA BIBLE ~ GN 1,1-4 Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit : «Que la lumière soit !» et la lumière fut. Et Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. D’où venons-nous ? Que sommesnous ? Où allons-nous ? Tel est le titre d’un célèbre tableau de Gauguin (cf. page 284). La Bible prétend répondre à ces trois questions en articulant toute l’histoire du monde et de la destinée de l’humanité autour d’un personnage historique nommé Jésus de Nazareth. Les croyants pensent que les auteurs qui ont mis la Bible par écrit, au long de presque un millénaire (de 800 avant à 120 après Jésus-Christ), ont été inspirés pour y insuffler une révélation divine. La plupart admettent que cette inspiration ne joue pas sur l’exactitude factuelle, mais sur le sens à donner à l’histoire humaine. La Bible commence par le livre de la Genèse, un récit de la création du monde. J. R. R. Tolkien disait que la Vérité divine y est assimilée dans l’histoire mythique et dans le symbolisme. L’origine du monde

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