La priere dans l'art

L’Annonciation, Jan Van Eyck (v. 1390-1441), National Gallery of Art, Washington, D.C. 23 56 Nous pouvons prier partout et en toutes circonstances, mais certains lieux sont plus particulièrement appropriés et se présentent comme des «espaces conçus » pour la prière. Concrètement, le premier de ces espaces est le temple ou l’église, représentation terrestre de la «maison de Dieu». Le bâtisseur du premier Temple de Jérusalem, Salomon, demanda au Très-Haut : « Écoute la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël, lorsqu’ils prieront en ce lieu. » Il distingue toutefois le lieu matériel de la prière humaine du lieu spirituel où Dieu réside véritablement : « Toi, dans les cieux où tu habites, écoute et pardonne » (1 R 8, 30). Le temple de pierre n’est donc qu’un signe et Jésus, le nouveau Salomon, déplace énergiquement l’accent de l’espace physique vers l’espace spirituel, en enseignant que « Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer » (Jn 4, 24). Il ne fait jamais référence aux structures architecturales, mais désigne son propre corps ressuscité comme le « sanctuaire » de ceux qui croient en lui (Jn 2, 19-22). Peut-être inspiré par cette idée, un Père de l’Église, saint Irénée, a considéré toute l’Historia salutis, l’histoire du salut, comme un «lieu de prière», affirmant que «pour ceux qui lui étaient agréables, Dieu a conçu l’édifice du salut comme le ferait un architecte»19. Une œuvre évocatrice de ces notions est L’Annonciation peinte par Jan Van Eyck ( 23). Bien que le cadre soit celui d’une église (qui doit logiquement représenter le Temple de Jérusalem), plusieurs éléments iconographiques insistent sur le caractère spirituel et moral de la prière de Marie, indépendamment de l’espace formellement sacré dans lequel elle se trouve. Outre l’ange, la colombe et un certain nombre de symboles traditionnels tels que le livre des Écritures – qui fait allusion à l’incarnation du Verbe – et le vase de lis – qui évoque la virginité de Marie –, l’artiste remplit ici le premier plan de sa peinture d’un coussin rouge posé sur un tabouret. Ce coussin, symbole traditionnel de la luxure, se trouve sous le vase de lis blancs, qui se trouve lui-même sous le livre des Écritures, qui se trouve à son tour sous

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