La priere dans l'art

6 Laprièreneposepas enelle-mêmededifficulté, ni ne nécessite d’apprentissage particulier. Se tourner vers Dieu pour confesser ses limites, demander de l’aide, le remercier et le louer sont autant d’élans spontanés chez les femmes et les hommes de toutes cultures et de toutes époques. Même lorsque des circonstances défavorables empêchent de prier, que ce soient à cause de l’ignorance ou du péché, d’un a priori sur la religion, l’homme prie quandmême. Lorsqu’il regarde autour de lui avec attention, qu’il s’ouvre à la beauté de la création, qu’il se laisse toucher par la souffrance d’autrui, en un certain sens, il prie. Mais au-delà de ce mouvement naturel, pour lequel tout « je » humain implique un « tu » divin, il existe aussi une forme de prière consciente et articulée, « dite comme il faut », que les hommes et les femmes ne connaissent pas a priori, mais qu’il leur faut apprendre. « Seigneur, apprends-nous à prier », demandent les disciples de Jésus, en lui rappelant que c’est justement ce que Jean Baptiste avait fait précédemment pour ses disciples. Jésus leur a alors enseigné la prière que les chrétiens apprennent encore aujourd’hui sur les genoux de leur mère : «Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié […] ». Il existe en effet un art de la prière qui peut se transmettre de maître à disciple, comme de parent à enfant. D’abord dans la famille, où les enfants apprennent les mots et les gestes avec lesquels entrer en relation avecDieu, puis dans la communauté des autres croyants : l’Église, mater et magistra (mère et maîtresse) de la foi. La tradition ecclésiale reconnaît également une « loi de la prière » dont la fonction est de former la foi, comme le suggère l’expression lex orandi, lex credendi (littéralement : «la loi de la prière est la loi de la foi »), un adage remontant au christianisme des premiers siècles. Il ne s’agit pas tant d’une norme juridique que d’une règle au service d’une certaine créativité, car la foi et la prière sont des réponses créatives, par lesquelles les créatures, faites «à l’image et à la ressemblance » du Créateur, entrent en relation avec lui en s’aidant de leur imagination. Cette façon de présenter la foi et la prière comme nourries par l’imagination suggère la Préface

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