La priere dans l'art

Femme en prière, iiie s., catacombes de Priscille, Rome. 1  Préface raison pour laquelle l’Église a toujours accordé de l’importance à l’art. Les œuvres présentées aux croyants peuvent en effet leur apprendre à se tourner vers Dieu dans la prière. Le pape saint Grégoire leGrand affirmait que « la peinture donne à l’analphabète ce que l’écrit offre au lecteur », et il insistait pour que les fidèles soient conduits de la vision à l’adoration. « C’est une chose d’adorer un tableau, c’en est une tout autre d’apprendre d’une scène peinte ce que nous devons adorer », disait-il. Il ajoutait : « la communauté des prêtres a la responsabilité d’instruire les fidèles afin qu’ils ressentent une ardente componction devant le drame de la scène représentée et qu’ils se prosternent ainsi en adoration devant la toute-puissante et très Sainte Trinité » (Epistola Sereno episcopo massiliensi, 2.10). Dans lemême esprit, saint Jean deDamas soutenait que « la beauté et la couleur des images sont des stimulants pour la prière ; elles offrent une fête pour les yeux, tout comme le spectacle de la campagne pousse mon cœur à glorifier Dieu » (De sacris imaginibus orationes, 1.27). Dans la longue histoire de l’Église, l’« art de la prière », c’est-à-dire les mots et les gestes avec lesquels les croyants s’adressent à Dieu, a souvent été transmis à travers les arts visuels et l’architecture, qui sont des stimuli accessibles à chacun et qui, à chaque époque, caractérisent la rencontre de l’homme avec Dieu comme « une fête ». Génération après génération, les représentations religieuses ont enseigné aux croyants comment se comporter lors de cette fête, en montrant les attitudes et des expressions dans lesquelles même les non-croyants reconnaissent immédiatement une présence spirituelle. En pratique, les représentations d’une vie de foi en illustrent ses différents aspects et enseignent aux observateurs une façon de prier ; pour ceux qui les contemplent, vivre, croire et prier semblent être une seule et même réalité. Le tableau qui ouvre cette préface en est un exemple ( 1). Il représente une chrétienne du iiie siècle, les mains levées selon un geste de prière ancien, celui-là même qu’un artiste du ve siècle attribuera à Jésus sur un panneau de bois des portes de la basilique de

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