THEOPHILE - Les cathédrales

poster OFFERT VIS L , aventure DE LA CONSTRUCTION Rencontre UN TAILLEUR DE PIERRE ET UN CHARPENTIER FABRIQUE TA rosace BD INÉDITE PAR LE CRÉATEUR DES FAMILIU S PAR 7-12 ANS N° 0 DES COLORIAGES ET DU BRICOLAGE DES ACTUS ET DES JEUX DE L’ART DE BELLES HISTOIRES PLEIN DE BD CATHÉDRALES LES Pour que les enfants s’émerveillent ! Numéro découverte Nouveauté

Zélie et Gustin Par Nicolas Doucet

SOMMAIRE ! AU TOP 10 des cathédrales en FRANCE Page 4 ACTUS Livres, expos… Page 3 Suivez le guide! Page 38 Arrêt sur image Page 14 UNE CATHÉDRALE VIVANTE Guillaume Tailleur de pierre ET Vianney Charpentier Page 12 L’interview de Notre- Dame de Paris La BD Page 21 Focus Pages 16 et 18 JE SUIS ÉVÊQUE ! ET LES CHANOINES AUTOUR DU CHŒUR DOSSIER Page 6 IL ÉTAIT UNE FOIS UNE CATHÉDRALE Page 26 Par ici le débat ! ROMAN Gothique? OU Je contemple Page 28 Mur de lumière! FABRIQUE TON VITRAIL-ROSACE L’ Atelier Page 30 BRUNO, l’apprenti tailleur de pierre Un peu de lecture ! Page 32 En avant la musique… Page 35 AU SON DES ORGUES Le tour du monde des cathédrales Page 36 CHAPITEAUX PORTAILS ET Je contemple Page 40 Les illuminations Page 42 CATHÉDRALE DE LUMIÈRE ! 1 N° 0 /

L’ÉDITO DE DOMINIQUE 1, 2, 3… partez ! Bienvenue dans l’univers de ! Un nouveau magazine pour s’émerveiller encore et encore, n’est-ce pas… merveilleux? Ce n’est pas tous les jours qu’on lance une nouvelle revue! Toute notre équipe de rédaction est très excitée et nous comptons beaucoup sur votre soutien. vous réserve un tas de surprises : des pages de BD, de l’art, une histoire, un dossier passionnant, des jeux, du bricolage, des coloriages… Et pour vous régaler pendant l’été, ce premier numéro va vous raconter la grande aventure des cathédrales. Ce sont des lieux tellement majestueux, vous ne trouvez pas ? Chaque cathédrale est emplie de la présence de Dieu et du génie des hommes ! Venez découvrir les secrets de leur construction avec les artisans tailleurs de pierre, charpentiers et autres maîtres-verriers qui y travaillaient. Du Moyen Âge à nos jours, émerveillez-vous devant les vitraux, les portails et les chapiteaux de l’art gothique et de l’art roman. Poussez les portes, tournez les pages, laissez-vous emporter par ce tourbillon haut en couleurs ! En avant, ! Et… n’oubliez pas de vous abonner et d’offrir des abonnements autour de vous ! Chers parents, chers enfants, 2 / N° 0

ACTUS Livres, expos… Briqu’Antiques Un cours d’histoire sur les Romains dans l’antiquité… en Lego ® ! Musée archéologique du Val d’Oise (Guiry-en-Vexin). Jusqu’au 4 septembre 2022. www.valdoise.fr/2314-exposition-temporaire.htm Jules et Louise, sous la flèche de Notre-Dame Alors que Viollet-le-Duc restaure la cathédrale et lui construit une nouvelle flèche, Jules et Louise font connaissance et devront élucider une série de vols sur le chantier. Sophie de Mullenheim – Fleurus –14,90 € Zélie, l’orpheline de Notre-Dame Grâce à ses nouveaux amis qui forment la petite troupe de Monsieur Vincent (de Paul), Zélie découvrira-t-elle qui sont ses parents ? Les dangers sont nombreux autour de Notre-Dame… Béatrice Égémar – Mame –10 € Les quatre Aventuriers Panique à Paris ! Les enfants de la famille Clerval nous entraînent dans une enquête palpitante à l’époque de sainte Geneviève, lors de la nuit de l’incendie de Notre-Dame ou encore au musée du Louvre. Anne-Sophie Chauvet – Emmanuel –10,90 € Notre-Dame de Paris Des premiers compagnons bâtisseurs à Viollet-le-Duc, de Maurice de Sully à Mgr VingtTrois, suivons au fil des pages l’histoire d’une des plus belles cathédrales de France. Serge Saint-Michel et Claude Lacroix – Éditions du Signe – 12 € Cathédrales Au temps des cathédrales, suivons Clément, jeune apprenti Compagnon. Senlis, Saint-Denis, Amiens, Albi, Chartres... au fil des chantiers, découvrons toutes les cathédrales de France ! Julien Grycan – Éditions du Signe – 15 € Notre-Dame de Paris… En réalité augmentée D’avril à août au Collège des Bernardins, à Paris. Muni d’une tablette, le visiteur plonge au cœur des temps forts de l’histoire de Notre-Dame. www.notredameexpo.com Ou en réalité virtuelle Pour se promener sur le chantier il y a 850 ans. Sous l’Arche de la Défense jusqu’au 17 juillet (ou sur le parvis de Notre-Dame à partir de cet automne). www.eternellenotredame.com Par Sophie de Mullenheim © HISTOVERY Voir page 21 Entrée gratuite 3 N° 0 /

151 m de hauteur pour Notre-Dame de Rouen. + La haute Sainte-Cécile d’Albi est la plus grande église en brique… du monde ! Notre-Dame de Paris était l’un des monuments français les plus visités et donc la star des cathédrales ! + La visitée Notre-Dame - de - l’Assomption. À Ajaccio, la cathédrale est 11 fois plus petite que celle d’Amiens. + La petite + La rouge TOP 10 des cathédrales en FRANCE Notre-Dame d’Amiens est plus grande que 6 piscines olympiques ! + La grande 4 / N° 0

❶ Je suis une cathédrale de France. ❷ J’ai inspiré le peintre Monet. ❸ J’ai vu brûler Jeanne d’Arc. ❹ Dans ma région, on fabrique le camembert. Solution page 46. Notre-Dame- de-l’Assomption de Clermont-Ferrand est construite en pierre de lave. + La noire Saint-Pierre de Beauvais n’est qu’une demi-cathédrale. Il en manque une partie ! + La inachevée Sainte-Marie-Majeure de Marseille est surnommée « le Pyjama » parce qu’avant ils étaient souvent rayés ! + La rayée Saint-Étienne de Metz, de nuit, devient la « lanterne du bon Dieu. » + La vitrée Photos : © SHUTTERSTOCK. Illustrations : TOMSO Notre-Dame de Créteil a été consacrée le 20 septembre 2015. © Yves MERNIER / Architecture Studio + La récente Qui suis-je PAR Sophie de Mullenheim 5 N° 0 /

PAR Sophie de Mullenheim cathédrale une Il était une fois Les cathédrales ont toujours existé dans l’histoire du christianisme mais, il y a un peu plus de 1 000 ans, elles se sont transformées partout en France. C’est « le temps des cathédrales». À Paris, l’évêque et toute l’Église rêvent d’un édifice grandiose pour célébrer Dieu. Le chantier est lancé ! Il durera 150 ans. Au cœur de la cité La ville s’enrichit et s’agrandit. L’ancienne cathédrale est devenue trop petite, trop sombre et trop vieille. L’évêque rêve d’un édifice grand et majestueux qui dise au monde la gloire de Dieu. Il veut de la hauteur, de la lumière, de l’espace ! L’architecte Un architecte vivant 150 ans, ça n’existe pas! Ils sont donc plusieurs à se succéder sur le chantier, sans que l’on connaisse forcément leur nom. Et, à dire vrai, aucun n’est vraiment architecte, car au Moyen Âge, ce métier n’existe pas. Ils sont plutôt des artisans de génie qui comprennent le chantier dans sa globalité et y mettent tout leur cœur de chrétien. DOSSIER L’architecte et l'évêque sont présents sur le chantier, sauras-tu les retrouver ? Cherche et trouve SOLUTION en Page 46.

Première pierre et… fondations La pose de la première pierre marque le début du chantier même si, bien souvent, elle n’est pas la toute première pierre ! Il s’agit d’une pierre symbolique qui est posée sur le chantier lors de la cérémonie marquant le début des travaux. Les premières pierres du chantier, elles, sont à plusieurs mètres sous terre. Elles servent de fondations pour assurer la stabilité et la solidité du bâtiment. Ensuite, seulement, les murs peuvent commencer à s’élever. Combien ça coûte ? ’évêque doit récolter des fonds, car construire une cathédrale coûte extrêmement cher. Il présente son projet au roi, aux seigneurs et aux riches commerçants en espérant que chacun donne de l’argent. L’Église finance une grande partie des travaux. En cours de chantier, l’argent viendra à manquer. Il faudra que l’évêque reparte en quête de nouveaux fonds. Parfois, hélas ! l’argent n’arrivera plus et les travaux devront s'arrêter pour un moment. L Une maquette L’évêque fait réaliser une maquette de l’édifice. En effet, rien de tel qu’une projection en trois dimensions pour imaginer la future cathédrale et obtenir du financement ! ILLUSTRATIONS : HISTOVERY Le plan L’idée de la cathédrale prend vie avec un simple dessin et non un plan avec des mesures précises. En réalité, le plan est tracé directement sur le sol. On l’appelle alors une «épure». C’est plus pratique. 7 N° 0 /

n règle générale, les ouvriers du chantier sont bien payés car leur savoir-faire est précieux. Ils ne travaillent que quatre ou cinq jours par semaine. Parfois, ils ont une prime quand ils réalisent une manœuvre compliquée. On leur donne aussi un peu plus de nourriture ou de vin aux repas, et du bois de chauffage en plus grande quantité. Et les salaires ? E cathédrale La qui monte, qui monte... Des fondations à la charpente, la cathédrale s’élève vers le ciel. Ce chantier monumental, où œuvrent les meilleurs artisans, rend Dieu présent au cœur de la cité. Le chantier fourmille d’artisans qui déjeunent et se reposent sur place, dans des loges dressées juste à proximité. Dans chaque corps de métier, un maître artisan dirige des compagnons qui maîtrisent les techniques comme lui, et des apprentis qui les apprennent. Le fer Le forgeron est indispensable sur le chantier pour façonner les outils, ou les barres de fer des futurs vitraux, par exemple. DOSSIER Un village Les cintres en bois ronds permettent de construire des arches. 8 / N° 0

Les tailleurs de pierre donnent une forme à la pierre à l’aide de ciseaux, de longues pointes en fer, sur lesquels ils tapent avec un maillet. Le savais-tu ? ILLUSTRATIONS : HISTOVERY Le bois Les charpentiers se chargent de toutes les structures en bois. Les charpentes, bien entendu, mais elles ne sont posées que lorsque les murs sont construits. Avant cela, les charpentiers montent des échafaudages et des gabarits en bois qui permettent de percer des fenêtres dans les murs sans qu’ils ne s’effondrent. La pierre Les tailleurs de pierre découpent chaque pierre en fonction de la forme et de la taille demandées. Ensuite, c’est au tour des maçons de les assembler entre elles avec du mortier. Attention ! Les murs doivent être parfaitement droits. Pour le vérifier, les maçons utilisent le fil à plomb, un fil lesté d’un morceau de plomb qui tombe exactement à la verticale. Le froid Les maçons ne travaillent pas en hiver car le gel et la neige fragilisent les pierres et les murs. En quittant le chantier, ils protègent de la pluie le haut des murs inachevés avec de la paille et du fumier. Les roues installées en haut de l’échafaudage permettent de hisser les matériaux. On les appelle les cages d’écureuil. 9 N° 0 /

Le chantier aura pris des années mais le résultat est là, sublime ! La cathédrale est comme une Bible ouverte où les fidèles se tiennent en prière. beauté Dernière mise en U Place à la décoration ! Les murs et les façades se parent de statues. Sous les ciseaux des sculpteurs sur pierre, ils racontent aux passants les histoires de la Bible. Ils leur parlent des saints et des anges, de Jésus et de la Vie éternelle. Les peintres aussi s’affairent, car la cathédrale ne garde pas la couleur de pierre que nous voyons aujourd’hui. À cette époque, les statues sont colorées, les frises peintes. Un vrai livre d’images. Les vitraux Aux fenêtres, les maîtres-verriers dessinent des vitraux qui, eux aussi, racontent des histoires. Lorsque la lumière traverse les morceaux de verre coloré, elle répand des paillettes de couleur partout dans la cathédrale. Les plus grands vitraux ronds ressemblent à des roses. Les cloches Dans les tours, les cloches ont chacune leur note et… un prénom ! Les plus grosses qui sortent des ateliers des fondeurs s’appellent des bourdons. À Paris, le bourdon porte le nom d’Emmanuel. À Reims, c’est Charlotte, et Anne-Marie à Lyon. Ces cloches ne sonnent que pour les grandes occasions. © SHUTTERSTOCK DOSSIER Combien de temps ? Un chantier de cathédrale dure longtemps. L’évêque qui l’a lancé n’en voit presque jamais l’aboutissement. À Chartres, la cathédrale fut terminée en 40 ans mais à Paris, il fallut environ 150 ans. Parfois, le chantier dure si longtemps que les modes architecturales changent et les plans aussi. La cathédrale ressemble alors à un puzzle où les parties de différentes époques s’emboîtent les unes dans les autres. remercie chaleureusement pour tous ses visuels !

Comment vous est venue l’idée d’être tailleur de pierre ? Un jour, je suis parti faire les vendanges dans le Beaujolais. Là-bas, l’un des vendangeurs m’a parlé de son métier : tailleur de pierre. Ça a été le coup de foudre ! J’ai tout de suite su que c’était ce que je voulais faire. J’avais envie de travailler un matériau noble et de restaurer des monuments. En plus, j’aimais l’idée d’être sur des chantiers ou en atelier. Tout est parti de là ? Oui. Dès mon retour, j’ai pris contact avec les Compagnons 1 et commencé mon apprentissage de deux ans. Ensuite, je suis parti sur les routes du «Tour de France», nous faisons ça chez les Compagnons. Ce Tour dure entre 4 et 6 ans ! C’est l’occasion d’apprendre mieux son métier, de découvrir d’autres natures de pierre et différentes façons de travailler. C’est une expérience incroyable ! Comment travaillez-vous ? Pour restaurer une frise sculptée, par exemple, il faut changer les pierre abîmées. On dessine le motif sur la nouvelle pierre. Ensuite, seulement, on commence à la tailler. Et quand c’est terminé, c’est reparti pour des centaines d’années ! Propos recueillis par Sophie de Mullenheim Qu’aimez-vous dans votre métier ? Mon métier est très riche : j’apprends toujours plein de choses sur l’histoire et les techniques d’autrefois. Plus je travaille sur les monuments et plus j’admire les anciens bâtisseurs. Ils ont réalisé des ouvrages magnifiques avec une grande foi et beaucoup d’humilité. Avez-vous travaillé sur des édifices religieux ? Mon premier chantier sur un monument historique a été la restauration des flèches de la collégiale de Mons, en Belgique. J’ai travaillé aussi à la restauration de plusieurs églises et, notamment, reconstruit deux voûtes à l’ancienne. Ces lieux sont remplis d’une belle énergie, de l’amour des hommes et des femmes pour Dieu. Guillaume Tailleur de pierre partout en France L’interview de Pour aller loin + 1. Les Compagnons du Devoir forment aux métiers traditionnels. La formation se termine par un Tour de France des chantiers pour améliorer ses connaissances et sa technique. 12 / N° 0

Charpentier Que préférez-vous dans votre métier ? Créer ! Je fais tout, du début à la fin. Je conçois la charpente, je fais les calculs de structures, je commande mon bois, je trace le plan directement sur le sol, à l’ancienne, je fabrique la structure et je la pose. Pourquoi êtes-vous devenu charpentier ? J’aime le bois. Cela me vient du scoutisme où je me suis beaucoup amusé à monter des fortins, des tentes surélevées… J’aime être à l’extérieur et construire quelque chose de beau qui durera longtemps. Comment vous êtes-vous formé ? J’ai fait mon apprentissage chez les Compagnons. Je travaillais alors dans l’entreprise qui a réalisé, avec les techniques du XVIIIe siècle, la reconstruction de L’Hermione, le bateau de La Fayette. Vianney Charpentier en Dordogne Quelles qualités faut-il avoir pour exercer le métier de charpentier ? Il faut aimer le beau et le travail de précision. Il ne faut pas craindre la météo. Nous, charpentiers, travaillons par tous les temps et dehors ! Qu’il pleuve ou qu’il neige. Avez-vous été sur le chantier d’une cathédrale ? Oui ! J’ai travaillé sur une tour de la cathédrale de… Tours ! J’étais à quarante mètres de hauteur. Nous étions harnachés, certes, mais mieux valait ne pas avoir le vertige. D’ailleurs, c’est une autre qualité nécessaire pour devenir charpentier. Travailler sur un édifice religieux, c’est particulier ? J’ai construit le chœur en croisillon2 d’une église. C’était très compliqué mais quelle fierté ! J’aime l’idée que mon travail, qui embellit une église, aidera les gens à prier. Une autre fois, j’ai refait le plancher d’une église. Durant tout le chantier, j’étais à côté de Jésus dans le tabernacle. Ce n’est pas rien ! Propos recueillis par Sophie de Mullenheim L’interview de 2. Le croisillon est, dans une église, la partie du transept perpendiculaire à la nef. © Photos : DR

Arrêt sur image Au Moyen Âge, la cathédrale est un lieu essentiel. Pour les célébrations, bien sûr, mais aussi pour toute la vie joyeuse et animée de la foule qui gravite autour… tu ne t’y serais pas ennuyé ! Devant la cathédrale, se tiennent régulièrement des pièces de théâtre religieux : « les mystères ». La cathédrale est un lieu d’accueil : chacun peut venir tranquillement pour y suivre la messe, prier devant les reliques d’un saint, méditer ou se reposer. Sur le parvis, on assiste bien souvent à des spectacles : jongleurs, montreurs d’ours, etc. Des banquets ont parfois lieu sur le parvis lors des grandes fêtes religieuses. Des mendiants y trouvent refuge : lorsqu’ils attrapent un des anneaux en fer de la porte, ils sont protégés par le «droit d’asile». Illustration : WANERT 14 / N° 0

VIVANTE UNE CATHÉDRALE Bien sûr, le cœur de la cathédrale, c’est la messe ! Une maison médiévale ne dépasse pas deux étages, la cathédrale se voit donc de très loin ! Les paysans entrent parfois avec leurs bêtes les jours de foire (le marché de l’époque). De splendides processions arrivent par les routes et les ponts lors des fêtes religieuses (par exemple la Fête-Dieu, fête du Saint-Sacrement). Les ouvriers travaillent de nombreuses années autour de la cathédrale. Au Moyen Âge, il n’y avait pas encore de rangées de bancs ni de chaises à l’intérieur de la nef ! On aperçoit des médecins qui soignent des malades ! Des religieuses les assistent, comme infirmières. Entends-tu les cloches ? Elles appellent les paroissiens et les pèlerins à venir prier. Il y en a parfois jusqu’à 19 dans le beffroi, cette structure en bois installée dans le clocher. ❶ Enfants jouant à la poupée de chiffon. ❷ Chien attendant les restes du repas. ❸ Couple de nobles en promenade. ❹ Enfants jouant aux chevaliers. ❺ Premiers pas d’un bébé. ❻ Repos d’un tailleur de pierres. ❼ Chien paresseux. Cherche et trouve PAR Domitille Storelli les 7 scènes suivantes : Solution page 46.

ÉVÊQUE ! JE SUIS SUCCESSEUR DES APÔTRES… Au tout début de l’Église, les Apôtres sont partis annoncer partout la Bonne Nouvelle : Jésus est venu pour nous sauver du mal et de la mort ! Ils ont fondé les premières communautés chrétiennes. Elles sont rapidement devenues de plus en plus nombreuses. Alors, les Apôtres ont placé des personnes responsables à la tête des églises locales. C’étaient les premiers évêques, les successeurs des Apôtres ! … PASTEUR… L’évêque a la charge d’un territoire particulier qu’on appelle le diocèse. La cathédrale est l’église principale de ce diocèse. Son nom vient d’ailleurs du siège qu’occupe l’évêque : la cathèdre. Ce nom était donné au fauteuil de certains juges dans l’Empire romain. On a repris le même nom pour montrer l’autorité de l’évêque. C’est lui qui guide sa communauté. Il est le seul à pouvoir donner les sacrements de confirmation (le don de l’Esprit Saint) et d’ordination de nouveaux prêtres. … ET SEIGNEUR Au Moyen Âge, l’évêque a un pouvoir temporel autant que spirituel. Comme un seigneur local, il gère la justice, les impôts… et peut même lever une armée ! Comme aujourd’hui, ses signes distinctifs sont : une crosse, une mitre et un anneau. Sa crosse rappelle son rôle de berger, car elle s’inspire du bâton du pâtre. Elle symbolise les trois fonctions de l’évêque : gouverner, enseigner, sanctifier, c’est-à-dire nous rendre saints ! Ce n’est pas une mince affaire... Focus Devinette Baptême, confirmation, eucharistie, réconciliation, mariage, ordination et onction des malades : sur les 7 sacrements, sais-tu quels sont les deux qui sont uniquement donnés par l’évêque ? En avant pour découvrir le personnage principal de la cathédrale ! La volute, qui est la partie recourbée du haut de la crosse, symbolise le fait de rattraper ceux qui s’égarent. Elle est tournée vers l’assistance quand l’évêque célèbre la messe dans son diocèse. Sinon, elle est tournée vers lui. Le savais-tu ? Cathèdre vient du mot latin catedra : « siège à haut dossier ». Ce siège se trouve généralement à gauche pour laisser la place centrale à l’autel, là où est célébrée l’eucharistie. Le savais-tu ? Mitre Crosse PAR Domitille Storelli Solution page 46. 16 / N° 0

© DR Invente ta propre devise et inscris-la dans le bandeau. Colorie le blason de l’évêque. Traditionnellement, le blason de l’évêque comporte les éléments suivants : • une croix, • un chapeau plat à large bord, • une cordelière à 6 houppes, • la mitre, • la crosse, • son blason familial avec ses armoiries, • sa devise. 17 N° 0 /

18 Gyro / N° 0 LES CHANOINES AUTOUR DU CHŒUR Focus Regarde de près le chœur, cette partie centrale au fond de la cathédrale, où se tenaient les chanoines. PAR Domitille Storelli Les sièges des stalles peuvent être relevés pour se tenir debout en gardant sa place. Comme les prières peuvent être longues, on a prévu des mini-sièges, les miséricordes, qui permettent de rester debout tout en se reposant ! Le savais-tu ? 1 1 18 / N° 0 Cathédrale Santa Maria de Burgos, espagne.

19 N° 0 / Gyro Un chanoine est un clerc qui appartient au chapitre d’une cathédrale, mais il n’est pas toujours prêtre. À l’époque médiévale, c’est lors du chapitre avec l’évêque que se prennent toutes les décisions pour organiser la vie religieuse de la cathédrale et pour tout ce qui touche au diocèse : le culte, l’administration… D’où l’expression «avoir voix au chapitre» qui veut dire que notre avis compte lorsqu’on doit prendre une décision. Toutes les églises (ou presque) ont un chœur. C’est la partie autrefois réservée aux prêtres, où sont situés l’autel, la cathèdre (voir page 16) et les stalles (voir ci-dessous). Les chanoines s’y installent pour chanter les prières de la journée. Comme le mot « chœur » désigne un groupe de chanteurs qui exécutent une œuvre musicale, ce nom est resté. Le chœur de la cathédrale est dirigé vers l’est car, ainsi, les regards des personnes dans l’assemblée se tournent vers le soleil levant, image de Jésus qui vient dans le monde. Les stalles, ce sont ces rangées de sièges en bois que tu peux voir de chaque côté du chœur. Elles permettent aux chanoines de se reposer lors des nombreux et longs offices ! Au début, les stalles étaient très sobres, puis, à l’époque des cathédrales gothiques, elles se transforment en véritables œuvres d’art. Les sculptures deviennent de plus en plus fines, par exemple sur les accoudoirs ou les dosserets (les dossiers). Elles représentent souvent des scènes bibliques, des épisodes de la vie de la Vierge Marie ou des saints, ou encore des images du quotidien (métiers traditionnels). Tu pourras même parfois y voir des personnages fantaisistes, des animaux, des décors végétaux… PHOTOS : SHUTTERSTOCK Le président de la République française est chanoine de la cathédrale de Rome, Saint-Jean-de-Latran. Ce titre honorifique est attribué aux rois de France, puis aux présidents, depuis Henri IV. Chaque année, le 13 décembre, jour de l’anniversaire d’Henri IV, on y célèbre une messe pour la France. Le savais-tu ? 19 N° 0 / BASILIQUE SANTA MARIA GLORIOSA DEI FRARI, VENISE.

Jouons ! À chacun Concours sa marque En observant les pierres des cathédrales, on y découvre d’étranges signes géométriques. Chaque tailleur de pierre en avait un, pour marquer les pierres qu’il avait taillées et pour que son travail lui soit payé. « Dessine-moi ta cathédrale » : à toi de dessiner la façade d’une cathédrale imaginaire ! Quelle façade inviterait les gens à venir prier ? Voici quelques-uns de ces signes qui correspondent chacun à une lettre. Grâce à eux, tu peux déchiffrer le message ci-dessous et découvrir comment on les appelle. = A = C = D = E = H = M = N = Q = O = R = T = U Observations Dans cette illustration de chantier, trouve combien il y a de seaux en bois ou en fer, d’animaux, de tas de sable et de planches portées sur l’épaule. de dessin Envoie-nous ton dessin par courrier dans une enveloppe timbrée à cette adresse, sans oublier de nous indiquer ton nom et ton adresse. , 57, rue Gaston Tessier, CS 50061, 75166 Paris cedex 19 Solution page 46. Solution page 46. 20

Notre-Dame deParis PAR SERGE SAINT-MICHEL, CLAUDE LACROIX ET NADINE VOILLAT Nous voici au cœur du chantier de construction de Notre-Dame de Paris, initié par l’évêque Maurice de Sully qui vient de décéder, en 1196. Les planches de cette BD ont été gracieusement fournies par les éditions du Signe. 21 N° 0 /

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LE SAVAIS-TU ? L’architecture n’est pas passée du jour au lendemain du roman au gothique. La transition s’est faite doucement. Au point que, très souvent, les deux styles se côtoient dans un même édifice. O La basilique du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial. Chapiteaux de l’église romane de Montmorillon. UN CHIFFRE : 1,61803398875… Le nombre d’or est une proportion idéale qui se trouve partout dans la nature, dans la spirale parfaite de la coquille de l’escargot par exemple. Pour les architectes du Moyen Âge, ce nombre est un signe de Dieu. Ils l’utilisent alors beaucoup dans les édifices romans, pour obtenir une harmonie parfaite. UNE FORME. L’arc en plein cintre. Cet arc rond compose les portails et les voûtes des églises romanes. RECUEILLONS-NOUS Les murs épais portant tout le poids de l’édifice, il est difficile d’y percer de grandes fenêtres. L’intérieur des églises romanes est sombre et assez dépouillé. Une belle façon de ramener le fidèle à l’essentiel : la prière ! UNMOT : couleur. Quelle surprise ! La restauration des façades sculptées des églises romanes révèle des traces de peinture. Les églises étaient donc colorées, comme un livre décoré d’enluminures. GALERIE DE PORTRAITS Au début de l’art roman, les églises sont ornées de motifs géométriques. Puis, peu à peu, on sculpte en relief dans la pierre des animaux, des hommes et parfois même des monstres fantastiques. Par ici le débat ! Photos : SHUTTERSTOCK L’arc en plein cintre! UNE DATE. Du Xe au XIIe siècle 26 / N° 0

U Un chiffre : 42,30 mètres. C’est la hauteur du plafond de la nef de la cathédrale d’Amiens, la deuxième (Beauvais : 48,5 m) plus haute de France. Une forme. L’arc brisé. Les arcs romans se transforment en arcs gothiques en devenant pointus à leur sommet. Ils se rejoignent au centre de la voûte où une clé de voûte les maintient entre eux. Plein la vue ! Au XIIIe siècle, le commerce est florissant et la foi catholique très vive. On construit des cathédrales gothiques plus impressionnantes que les bâtiments romans pour montrer la richesse des villes, soutenir la foi des fidèles et rendre gloire à Dieu. C’est le temps des cathédrales ! Un mot : lumière. Elle pénètre dans les cathédrales par les immenses fenêtres, ornées de vitraux. Elle est signe de la présence de Dieu. Toujours plus Avec le temps, le style gothique devient de plus en plus chargé : c’est le gothique flamboyant ! Pourquoi ce nom ? Les décors très chargés et la forme des ornements lui donnent l’apparence onduleuse de la flamme. PAR Sophie de Mullenheim Le savais-tu ? À ses débuts, l’art gothique s’appelait « art ogival » ou « art français». Plus tard, à la Renaissance, les artistes voyant d’un mauvais œil cet art qui ne respectait pas les règles de construction antiques, le jugèrent digne des barbares primitifs : les Goths. Donc goth… ique ! Les vitraux de la Sainte-Chapelle de Paris. Photos : SHUTTERSTOCK L’arc brisé ! Le portail ouest de la cathédrale de Rouen. Une date. Du XIIe au XVe siècle ? 27 N° 0 /

Je contemple Mur de lumière! Contemple ce vitrail… quelle beauté ! Admire la couleur et la délicatesse du dessin. Tu es entré dans la maison de Dieu… Te voici aux côtés de tous les saints qui sont représentés sur ce verre coloré. Laisse-toi porter par ce merveilleux jeu de lumière et de couleurs… Fenêtres sous la rosace sud de la cathédrale de Chartres. 28 / N° 0

FABRIQUE TON 6 simples et faciles ! En étapes Trace au compas un arc de cercle de 10 cm de côté et découpe le surplus. 3 Colle ta rosace sur la feuille de papier calque puis colorie chaque espace évidé. Tu peux aussi colorier le calque d’abord avec de grands traits de craies de couleur et coller ensuite ta rosace dessus. Découpe le calque qui dépasse de ta rosace et place-la à la lumière. Ton vitrail est prêt ! Tu vas de : avoir besoin une feuille de papier épais de couleur des crayons de couleurs ou des craies des ciseaux un crayon un compas une règle une feuille de papier calque de la colle VITRAIL-ROSACE © DR © Illustrations : TOMSO L’ Atelier 2 Replie le carré en deux, puis deux autres fois sur lui-même. Plie un côté de la feuille en deux et découpe la partie en trop pour obtenir un carré. 5 4 Trace des motifs de chaque côté (dessine la moitié de la forme que tu souhaites) et au centre, comme ceci, puis découpe (tu peux t’entraîner avant). Déplie délicatement ta rosace et aplatis-la bien entre deux livres. PAR Sophie de Mullenheim 1 6 30 / N° 0

Colorier À Avec tes feutres ou tes crayons de couleurs, donne de la vie à ce vitrail. © SHUTTERSTOCK PAR Domitille Storelli Un vitrail raconte une histoire. Beaucoup de vitraux racontent des histoires bibliques ou des vies de saints, un peu comme dans une BD ou un livre d’images. Sais-tu comment « lire » un vitrail ? Regarde-le d’abord du bas vers le haut. Le plus souvent, les scènes du bas racontent les vies de saints. Au-dessus, les dessins représentent généralement des portraits d’apôtres ou de prophètes. Certains vitraux se « lisent » aussi de la gauche vers la droite. Le savais-tu ? © SHUTTERSTOCK 31 N° 0 /

RUNO, l’apprenti tailleur de pierre PAR Gaëlle Tertrais Bruno était penché sur un bloc de pierre blanche qu’il venait de tailler pour une voûte. Avec son poinçon, il y gravait patiemment une spirale, sa marque, celle qui lui permettait d’identifier son travail et de se faire payer à la fin de la journée. Maître Tristan, un tailleur de pierre grave et silencieux dont il était l’apprenti, jeta un coup d’œil sur son travail avec un hochement de tête approbateur. Cela faisait déjà trois mois que Bruno travaillait auprès de lui sur le plus grand chantier de France, en cette année 1240 : la cathédrale de Reims. La première fois qu’il avait vu cet énorme vaisseau de pierre, bardé d’échafaudages, il en avait été stupéfait. C’était énorme ! Et tout autour, quelle pagaille ! Des tas de blocs de pierre, des établis, des poulies, des poutres et tout un petit peuple de tailleurs, maçons, charpentiers, couvreurs, verriers, ouvriers travaillant le plomb, peintres, ferronniers, forgerons etmanœuvresde toutes sortesportant, peinant, chantant, criant... Bruno en avait été tout étourdi. Mais cette atmosphère laborieuse lui plaisait. En réalité, maître Tristan était unpeuplus qu’un tailleur de pierre. Il sculptait. Depuis plusieurs semaines, il travaillait sur un ange du portail nord, de la façade occidentale. Bruno le regardait avec envie donner forme à la pierre avec son ciseau à bout carré et son petit maillet. Lui devait se contenter d’affiner les pierres issues des carrières, pour leur donner leur forme brute. Mais secrètement, il rêvait de devenir sculpteur, lui aussi. Un peu de lecture ! © SŒUR KATERI 32 / N° 0

Bruno voyait que Tristan était triste. Il avait perdu sa femme, Douceline, un an auparavant, morte en donnant naissance à leur septième enfant. Depuis, Tristan était inconsolable. Toutes ses sculptures étaient empreintes de cette insondable tristesse. Ce jour-là, un samedi, Tristan termina de sculpter le visage de l’ange. Il avait un air profondément mélancolique... - Ce n’est pas possible, se dit Bruno. Un ange qui voit le Seigneur ne peut pas être aussi triste ! Il faut faire quelque chose. Le lendemain, dimanche, jour de congé pour tous les ouvriers du chantier, Bruno se leva avant l’aurore. Il prit discrètement quelques outils dans le coffre de son maître : des ciseaux, un maillet, une gradine à bout dentelé, une lime à polir, et il grimpa sur l’échafaudage de bois qui permettait d’atteindre les statues, à quelques mètres du sol. Il s’approcha du visage de l’ange et se mit à sculpter la pierre tendre. Il la creusa avec mille précautions. Un petit coup de ciseau au coin des yeux, un autre aux commissures des lèvres... avant de la polir avec soin. Voilà ! Bruno se redressa et contempla son travail. Il était satisfait. Le visage de l’ange était éclairé d’un énigmatique sourire. Lorsque Tristan se rendit à la messe dans une chapelle latérale, il passa devant le portail nord. Soudain, son œil fut attiré par un regard qui se posait sur lui avec malice. Il regarda vers les statues du portail et vit son ange qui semblait le fixer de ses yeux rieurs. Tristan manqua de tomber à la renverse. Quoi ! Son ange souriait ! - Mais comment est-ce possible ? se demande le tailleur en se frottant les yeux. Je dois rêver... Il fit quelques pas à droite, puis à gauche, mais il dut se rendre à l’évidence, c’était bien son ange qui le regardait avec un bon sourire. Tristan sentit alors monter dans ses yeux des larmes impossibles à arrêter. Elles coulèrent sur ses joues en grosses gouttes salées qui glissaient le long de ses rides. Il n’était pas triste pourtant ! Quelle curieuse impression... Chaque larme semblait lui enlever un poids du cœur, comme si l’ange le consolait. - Suis-je bête ! se dit le tailleur de pierre en essuyant ses larmes avec sa manche. Comment peut-il me consoler, il est en pierre. Oh ! Le tailleur de pierre savait pourtant qu’une statue était bien plus que 33 N° 0 /

de la pierre. Par ses mains, elle avait un peu reçu la vie. Pourtant, ce sourire étrange, ce n’étaient pas ses mains à lui qui l’avaient gravé. - Serait-ce un miracle ? se demanda le tailleur. Peut-être ma Douceline venue me donner son sourire de là-haut ? Caché derrière des blocs de pierre, Bruno retenait son souffle. Il craignait que son maître ne se fâche en voyant le visage de son ange modifié sans sa permission. Peut-être avait-il fait une bêtise... Mais en voyant lesdouces larmesdeTristan, sacrainte sedissipa. Il sortit alorsde sa cachette, la lime encore à la main, et s’avança devant Tristan. Le tailleur le regarda d’abord sans comprendre. Puis il ouvrit de grands yeux étonnés et son visage se détendit. - Alors, c’était toi ? s’exclama-t-il encore tout ébahi. - Oui, c’était moi, répondit Bruno en le regardant résolument dans les yeux. Votre ange avait l’air si triste que j’ai voulu lui redonner le sourire. Et à vous aussi, maître Tristan. Cela vous plaît-il ? - Si cela me plaît, mon petit ? Mais c’est un chef d’œuvre ! Une merveille ! C’est... c’est un miracle, ajouta-t-il en rendant sa voix toute douce. Cet ange m’a redonné la joie ce matin. Et toi, petit, tu as de l’or dans les mains. - C’est vrai ? demanda Bruno avec un sursaut de fierté. - Pour faire ce que tu as fait, il faut avoir un don. Tu es fait pour sculpter la pierre, mon garçon. Dès demain, tu montes avec moi sur l’échafaudage ! Je te fais imagier ! - Oh ! Merci maître Tristan ! À partir de ce jour, Bruno devint sculpteur sur le chantier de la cathédrale. Il dessinait de si jolis visages à ses personnages que les autres sculpteurs vinrent observer son travail. Peu à peu, on vit apparaître des sourires sur les visages de nombreuses statues, des regards tendres ou facétieux. La cathédrale se para d’anges rieurs du sol au clocher ! Ils avaient perduleursvisagessévèresethiératiques. Ilsétaientdevenus joyeux, drôles, malicieux ! Même la Vierge Marie esquissait un sourire espiègle tandis que David tournait la tête avec un air ingénu. - Les statues semblent vivantes ! remarqua Tristan, ébloui. Et tout ça, c’est grâce à toi. On se souviendra longtemps du nom de Bruno, le tailleur de pierre ! © SHUTTERSTOCK L'ange au sourire de la cathédrale de Reims. 34 / N° 0

ORGUES AU SON DES Tout un orchestre ! Chaque tuyau produit un son différent. L’organiste peut choisir entre plusieurs jeux, chacun étant proche d’un instrument : clarinette, flûte à bec, trompette… Un orgue possède souvent plusieurs claviers (comme sur la photo) pour pouvoir jouer sur plusieurs jeux différents. Tu verras que son grand pédalier ressemble aussi à un clavier, sur lequel on va jouer avec les pieds ! En avant la musique… PHOTOS : SHUTTERSTOCK Grands et petits ! Sais-tu que les orgues sont apparus en France sous le règne de Charlemagne ? Maintenant, dans la plupart des cathédrales, on trouve le grand orgue, qui est très impressionnant, et l’orgue de chœur. Ce dernier, plus petit et installé au niveau du sol, permet d’être plus proche des chorales et de mieux accompagner les chants de l’assemblée. PAR Agnès de Gélis Une véritable soufflerie ! En appuyant sur une touche et en tirant un piston pour sélectionner un « jeu », l’organiste ouvre un tuyau bien particulier : le vent s’y engouffre et une note s’envole dans l’église ! Aujourd’hui, la soufflerie est électrique, mais avant, on devait faire de l’air avec un grand soufflet actionné par une ou plusieurs personnes. Il fallait faire très attention pour avoir toujours la même pression d’air… Pas facile ! L’instrument de l’église par excellence ! Pour accompagner la liturgie, le chant à plusieurs voix s’est beaucoup développé (musique polyphonique comme les motets, les cantates, les chorals). Et cela a favorisé l’installation des orgues dans les églises. Cet instrument est en effet très adapté aux mélodies multiples et au mélange des sons : on peut tout jouer, sur un orgue ! Il est digne d’accompagner les prières chantées qui montent vers le ciel, pour célébrer la gloire de Dieu ! L’artisan qui construit les orgues s’appelle le « facteur d’orgues » ! Le savais-tu ? 35 N° 0 / Orgue de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens.

ESPAGNE Le clocher de la cathédrale de Séville est un ancien minaret, vestige de l’époque où les Maures régnaient sur la ville. La cathédrale Notre- Dame-des-Anges de Los Angeles est une jeunette ! Elle a été achevée au début du XXIe siècle. ITALIE L’immense cathédrale du Duomo de Milan peut accueillir plus de 40 000 fidèles. Le tour du monde des cathédrales 36 / N° 0

BRÉSIL RUSSIE ÉTATS-UNIS L’entrée de la cathédrale de Brasilia est un souterrain qui débouche sous un dôme de verre. Au moment de sa construction, la cathédrale orthodoxe Saint-Basile-le-Bienheureux était entièrement… blanche ! INDE La cathédrale Saint-Thomas de Madras abrite le tombeau de saint Thomas, l’apôtre qui évangélisa l’Inde. PHOTOS : SHUTTERSTOCK PAR Sophie de Mullenheim 37 N° 0 /

1 Tu vois ces magnifiques SCULPTURES ? Les sculpteurs qui travaillent pour les cathédrales et les églises donnent vie à la pierre. Ils racontent des passages de la Bible à travers les animaux et les personnages sculptés. Les STATUES que tu vois représentent les saints. Elles t’aident à te souvenir de leur histoire pour suivre leur exemple. Tu peux leur parler et les prier. 6 4 3 3 3 2 Tu aimes dessiner des ROSACES ? Au Moyen Âge, on les appelait des « roues ». Regarde autour de toi : tous les VITRAUX des églises font entrer la lumière pour rappeler les murs en pierres précieuses de la cité du Paradis ! Suivez le guide! Tu es devant la cathédrale. Entre et viens prier en visitant la maison de Dieu ! PAR Domitille Storelli 38 / N° 0

1 Regarde la CHAPELLE sur le côté. Il y en a plusieurs, qui sont souvent dédiées à un saint. Si tu le veux, tu peux aussi allumer un cierge, prier pour ce diocèse, son évêque, ta famille… Dans une des chapelles, tu verras une petite lumière rouge. C’est pour indiquer que Jésus y est réellement présent dans le tabernacle... Quel mystère ! Ne passe pas devant sans prendre le temps de t’agenouiller ! Parfois, de mystérieux LABYRINTHES sont tracés sur le sol. Les croyants de l’époque pouvaient faire le chemin à genoux en priant pour symboliser le pèlerinage en Terre sainte, sur les lieux de la vie de Jésus. Tout autour du chœur et sur les murs de la cathédrale, tu peux voir des BAS-RELIEFS. Ce sont ces jolies sculptures fines dans le mur, qui racontent des épisodes de l’histoire sainte. 4 5 6 5 2 Illustration : A. WANERT Les cathédrales abritent un trésor ! Il s’agit d’objets religieux précieux, de toutes les époques. Si tu visites ce trésor, tu y trouveras des reliques, des ciboires, croix ou ostensoirs précieux, des manuscrits… Rien n’est trop beau pour le bon Dieu ! Le savais-tu ? 39 N° 0 /

Mieux qu’une porte, voici un portail, une ouverture sur la vie éternelle. Droite, gauche Traditionnellement, ce qui est à la droite du Christ représente le Paradis et tous ceux qui ont fait le bien sur la Terre. À sa gauche, c’est l’enfer. En latin, la gauche se dit sinistra. L’enfer n’est-il pas sinistre, justement ? Comme un livre Au Moyen Âge, peu de personnes savent lire. Les portails des églises sont comme une Bible illustrée, mise à la portée de tous ceux qui passent. E PORTAILS Bienvenue ! Qui passe le portail d’une église emprunte la porte qui conduit jusqu’au ciel. D’ailleurs, souvent des anges sont là avec leur trompette, pour célébrer l’événement. « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé». (Jean 10, 9) PAR Sophie de Mullenheim Tiens, tiens ! Sur un même portail, le Christ est parfois représenté deux fois : assis pour le jugement dernier sur le tympan, et debout, sur le trumeau entre les deux portes. Ainsi, Jésus est à la fois celui qui juge et celui qui marche à nos côtés. © SHUTTERSTOCK Je contemple 40 / N° 0 Portail du jugement dernier, cathédrale Notre-Dame de Paris.

CHAPITEAUX Qu’est-ce qui chapeaute le haut des colonnes et des piliers ? Le chapiteau ! Véritable outil d’expression des artistes, et de catéchèse ! Animaux en pagaille Les animaux sont nombreux sur les sculptures et beaucoup sont… monstrueux ! Lions ailés, dragons, licornes, sirènes, oiseaux à tête de femme, il y a le choix. Point trop n’en faut La corbeille du chapiteau est la partie la plus décorée. Les sculpteurs laissent libre cours à leur imagination tout en veillant à ne pas fragiliser la structure. Il était une fois… De nombreux chapiteaux racontent des épisodes d’une histoire. Tous les supports sont bons pour catéchiser. Chapiteau capital Un détail, le chapiteau ? Pas vraiment ! En voyant les chapiteaux décorés, on en oublie leur rôle : ils soutiennent les éléments de construction au-dessus d’eux. Prends garde à toi ! Le diable est souvent présent sous la forme d’un être difforme et grimaçant. Une façon de se rappeler que l’on doit toujours se méfier de lui et des tentations qu’il lui envoie. T © ADOBESTOCK 41 N° 0 / Chapiteaux de la cathédrale Saint-Lazare à Autun.

CATHÉDRALE DE LUMIÈRE ! Les illuminations PAR Agnès de Gélis 42 / N° 0

© SHUTTERSTOCK Comment illuminer une cathédrale ? Les artistes préparent sur ordinateur des images en mouvement. Les projecteurs les envoient sur les pierres. Les couleurs suivent les formes des colonnes, des vitraux… C’est magnifique ! Couleurs médiévales À leur construction, les façades étaient peintes. En projetant les mêmes couleurs aux mêmes endroits, on peut recréer la cathédrale un peu comme elle était au Moyen Âge ! Spectacle sur les parvis Au Moyen Âge, les mystères, ces pièces de théâtre qui racontaient par exemple la vie d’un saint, étaient joués sur les parvis. Il y a toujours eu des spectacles devant la cathédrale, car c’est un lieu sacré. Dieu y est présent dans le tabernacle. Sur cette photo, ce sont des vitraux d’époque qui sont projetés sur la cathédrale de Lyon. C’est en l’honneur de la grande fête de l’Immaculée Conception, le 8 décembre, appelée « fête des lumières». 43 N° 0 /

Parcours sans f in Dans la nef de la cathédrale de Chartres, un immense labyrinthe est dessiné sur le sol. Suis-le et récolte les lettres sur ton passage pour découvrir comment s’appellent ces labyrinthes que l’on trouvait aussi dans d’autres cathédrales. Jouons ! Mini Les deux font M M I A J E C E L S U E R N E D H Rébus Sur les murs des cathédrales – et aussi ceux des autres églises – se cachent douze petites croix de consécration. Elles sont bénies le jour où l’église est ouverte au culte. Cette célébration a un nom particulier, retrouve-le grâce à ce rébus. 44 / N° 0

Une seule de ces cathédrales n’a pas son double. Laquelle est-ce ? la paire Les font 2 Solutions des jeux page suivante. Cherche dans ton magazine où peuvent bien se trouver ce détail de sculpture et cet ange, et dis-moi à quelle page je peux lire leur histoire. Cache-cache © SHUTTERSTOCK © ADOBESTOCK 45 N° 0 /

46 © HYSTOVERY © A. WANERT Page 5, Qui suis-je ? : la cathédrale Notre-Dame de Rouen. Page 6, Cherche et trouve : l’architecte et l’évêque sont ici. Page 15, Cherche et trouve : © SHUTTERSTOCK Page 16, Devinette : l’ordination et la confirmation. Page 20, À chacun sa marque : marque de tâcheron. Page 20, Observations : il y a 6 seaux, 2 animaux, 4 tas de sable et 2 planches portées sur l’épaule. Page 44, Parcours sans fin : chemin de Jérusalem. Page 44, Rébus : la cérémonie de la dédicace (la – cerf – haie – M’ – eau – nid – 2 – la – dé – dix – k’ – as). Page 45, Cache-cache : il s’agit d’un détail de chapiteau que tu peux voir en entier ci-contre. L’ange se cache en page 34, tu peux y lire son histoire. Page 45, Les 2 font la paire : la première de la deuxième ligne. Page 46, Mots mêlés : prier. Motsmêlés F E N E T R E E T A O L I A R T I V R R I A E T U O V I U C R R P C O Q R G M R E D I E H R T O E O H E A U T E L O A I C H A P I T E A U X O T Y M P A N E F R L A R O C E D I E U C C T R A N S E P T ARC AUTEL CATHÉDRALE CHAPITEAUX CLOCHER COQ CROIX DÉCOR DIEU FENÊTRE FLÈCHE FOI NEF (2 fois) OGIVE TOUR TRANSEPT TRUMEAU TYMPAN VITRAIL VOÛTE Retrouve les mots suivants dans la grille. Ils peuvent être écrits horizontalement, verticalement ou en diagonale, à l’endroit ou à l’envers. Les lettres restantes formeront un mot qui rappelle la fonction des cathédrales. 1 2 4 6 5 3 7 Solutions des jeux 46 / N° 0

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Numéro 0, juillet-août 2022 Directeur de la rédaction : Romain Lizé, direction.generale@magnificat.fr Rédactrice en chef : Dominique Pérot-Poussielgue, redaction@theophile.fr Secrétaire de rédaction : Claire Stacino, c.stacino@magnificat.fr Direction artistique : Jean-Marc Richard. Directeur marketing et commercial : Dieudonné de Lavenne, d.delavenne@magnificat.fr Responsable promotion et partenariats : Pierre Macqueron, p.macqueron@magnificat.fr Responsable de la diffusion : Donatienne de Bodard, d.debodard@magnificat.fr Distribution en librairie : MDS. Responsable du développement numérique : Hélène Durand, h.durand@magnificat.fr Fabrication : Pierre Macqueron, p.macqueron@magnificat.fr Imprimé en France sur les presses d’Estimprim, 47 av. Gottmadingen – 39300 Champagnole. Théophile est un bimestriel édité par Magnificat S.A.S. (57 rue Gaston Tessier, CS 50061, 75166 Paris Cedex 19) au capital de 789 230 €. Président, directeur de la publication : Vincent Montagne. Principal actionnaire : Média-Participations Paris au capital de 50 494 416 €. Dépôt légal : à parution. Origine du papier : Allemagne – taux de fibre recylcée : 0 %. Tarifs au numéro : 6,90 € et 10 € le hors-série d’été. Abonnement 1 an (5 numéros et 1 hors-série) : France et Belgique : 39 €. Suisse : 53 CHF. Dom et UE : 48 €. Tom et le monde entier : 60 €. © Magnificat S.A.S., 2022 pour l’ensemble de l’ouvrage. Tous droits réservés pour tous pays. Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949, sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011525 du 17 mai 2011. ISSN : en cours. N° de CPPAP : en cours. Ont collaboré à ce numéro : Sophie de Mullenheim, Gaëlle Tertrais, Domitille Storelli, Agnès de Gélis, David Gabillet, Pascaline Bourget. Ils ont fait les dessins : Amandine Wanert (p. 14-15 et 38-39), Studio Tomso (p. 1, 4, 5, 6, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 26, 28, 31, 34, 38, 40, 42 et 44), Sœur Kateri (p. 32). Crédits photographiques : © Shutterstock ; p. 5 photo ND de Créteil, Yves Mernier/Architecture Studio, sauf les visuels p. 3, 6, 7, 8, 9 et 10 et ceux au recto du poster, qui ont été gracieusement fournis par Histovery et sont issus de « Notre-Dame de Paris, l’Exposition Augmentée », conçue et réalisée en collaboration avec l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, à découvrir au Collège des Bernardins, et parrainée par le groupe L'Oréal. © Photo Josse / La Collection ; p. 28-29. Les éléments de BD p. 9, 11 et 16 sont issus de Cathédrales, l’art français, aux éditions du Signe. Les éléments de BD p. 6-7, 11, 21-25, sont issus de Notre-Dame de Paris, aux éditions du Signe. Retrouve à la rentrée ! Abonnement à Par téléphone : 02 99 55 10 20 (9 h à 12 h — 14 h à 17 h). Par courrier : Théophile — TSA 29021 — 35909 Rennes cedex. Par email : abonnement@theophile.fr En ligne : www.theophile.fr 1 AN 29 € seulement (France) OFFRE EXcEPTIONnELle DE LANCEMENT LAFORÊT • Les aventures de Zélie et Gustin par Nicolas Doucet, le « papa » des Familius. • Des pages « Je contemple » pour savourer de belles peintures et se plonger dans l’art de la forêt et la forêt dans l’art. • Un grand dossier pour découvrir ce lieu riche, mystérieux et vivant. • Les portraits de saint Hubert, saint François, saint Louis, et aussi sainte Hildegarde de Bingen… et même Robin des bois ! • Une foule de jeux et d’activités : construire un hamac, un autel en forêt, suivre des empreintes, créer un land art, cuisiner ses cueillettes en tartes ou en tisanes, créer un herbier, chanter en forêt, se promener en famille, fabriquer un appeau… • 4 pages de BD sur la vie de saint Hubert au cœur de la forêt. • L’histoire d’Étienne, à la recherche de mystérieuses plumes… • 1 poster avec un coloriage géant foisonnant d’animaux !

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