BenoitXVI

102 • BENOÎT XVI P E N S E R avec Benoî t XVI Lorsque Ratzinger parle de l ’au-delà, le Christ est au centre de sa pensée. L’élément déterminant pour comprendre l ’Éternité est pour lui le mystère de l ’Ascension. Avec le Christ, un homme avec son corps est entré dans le Ciel, c’est-à-dire dans l ’être de Dieu. En Dieu, il y a désormais de la place pour l ’homme. « Dans le Christ, l ’homme, l ’être humain auquel nous avons tous part, est entré dans l ’intimité de Dieu d’une manière inédite et nouvelle. Cela signif ie que l ’homme peut trouver un espace en Dieu pour toujours170. » Les textes d’ascension du Nouveau Testament ne décrivent pas le Ciel comme un lieu géographique au-dessus des étoiles. Celui-ci est « bien plus audacieux, bien plus grand : c’est l ’homme qui prend place en Dieu sur le fondement de l ’interpénétration de l ’humanité et de la divinité dans l ’homme Jésus171». En Jésus, Dieu s’ouvre à l ’homme et l ’homme s’ouvre à Dieu. En ce sens, le Christ est lui-même le Ciel, puisqu’il offre à l’homme la possibilité d’entrer en communion avec le Dieu Éternel. Voilà ce qu’est le Ciel : dans le Christ, être totalement uni à Dieu, sans plus de séparation. « Le Christ, l ’homme qui est en Dieu, qui est éternellement Un avec Dieu, est en même temps l ’ouverture perpétuelle de Dieu pour l ’homme. Il est lui-même ce que nous appelons “Ciel”, car le Ciel n’est pas un espace mais une personne ; la personne de celui en qui Dieu et l ’homme sont Un pour toujours, sans séparation172. » Nous percevons alors ce qu’est fondamentalement le Ciel : communier à Dieu dans le Corps du Christ, et donc être véritablement unis à tous les membres de ce Corps. Le dialogue éternel de l ’homme avec Dieu n’est pas un dialogue d’un seul « je » avec le « Tu » divin. Dans le « Tu » divin, l ’homme trouve tous les hommes que Dieu aime, crée et rachète. « Au royaume du Fils de son amour, il n’y a pas, d’après une parole de saint Jean Chrysostome, “les mots de glace, mon et ton”. Puisque l ’amour de Dieu nous est commun, nous appartenons les uns aux autres. Où Dieu est tout en tous, nous sommes tous en tous […], nous sommes en un seul corps, le Corps du Christ173. » Le mystère d’unité et de charité vécu dans l ’eucharistie se réalise dans le Ciel. L’amour humain uni à celui de Dieu atteint alors sa pleine dimension, éros et agapè enfin pleinement réconciliés174. L’enfant Benoît XVI était ému devant les vitrines de Noël illuminées qui lui semblaient une promesse. Il expérimenta la chaleur tendre d’une famille qui s’aime, la grande allégresse de l ’amitié, l ’émotion de la beauté. Derrière les élégantes façades bavaroises qui l ’enchantaient, il devinait la pauvreté et la souffrance. Il connut la laideur de la guerre qui défigurait les paysages radieux de sa Bavière et laissait les villes qu’il aimait en champ de ruines. Devenir professeur à Bonn fut pour lui « la fête d’un premier amour » mais, rapidement, il connut diff icultés et CONCLUSION : « À LA MAISON» « LE CORPS DU CHRIST EST LE NOUVEAU CIEL, DÉSORMAIS OUVERT 169»

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