20 21 moins au moment de la solitude qu’au moment de la communion. En effet, “dès l’origine” il est non seulement une image qui reflète la solitude d’une Personne qui régit le monde mais, aussi et essentiellement, une image d’une insondable communion divine de Personnes ». Cependant, il faut aller plus loin encore : des anges regardent la scène, louant Dieu, visiblement émerveillés. Cet éblouissement, cette attention des anges au moment de la création d’Ève évoquent l’émerveillement et l’attention du ciel au moment du Fiat de Marie. Saint Bernard de Clairvaux avait, dans un célèbre sermon, imaginé que le ciel était suspendu au Fiat marial puisqu’en lui reposait le Salut du monde. Par anticipation, Ève est figure de Marie, la nouvelle Ève, cet « assemblage de toutes les grâces » qui, par son Fiat, racheta la faute d’Ève, l’élevant à une nouvelle dignité. Puissions-nous, en contemplant cette œuvre, découvrir nous aussi la beauté de notre vocation d’hommes et de femmes, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu pour vivre avec Lui et en Lui. ◆ sur toile ne favorise pas le même éclat que les supports de cuivre qu’il goûte particulièrement, mais comparée à la gigantesque fresque de la Sixtine, l’œuvre ovale, de dimensions modestes, révèle une subtilité et un raffinement étrangers à la force de persuasion du pinceau de Michel-Ange. L’Albane, tout autant que dans ses œuvres mythologiques, mérite ici ses surnoms « d’Anacréon de la peinture » et de « peintre des Grâces ». Il se révèle même peintre de la Grâce. Car tout autant qu’à la chapelle Sixtine, la scène dépasse largement la seule représentation littérale de la création d’Ève. Elle est aussi, elle est surtout même, méditation sur la place de la femme dans la Création, sur la relation entre l’homme et la femme, sur la relation entre la créature et son créateur, et sur le rôle de la femme dans l’œuvre du Salut. Image de la communion divine Regardons et contemplons. Ève est créée par Dieu à partir de la côte d’Adam, alors que ce dernier s’est assoupi : cette création ne vient pas troubler son sommeil. L’altérité humaine est fondée dans l’harmonie. Une harmonie qui trouve, chez l’Albane, un écho brillant dans l’unité chromatique et tonale du paysage idéal dans laquelle la scène se déroule. Rien n’est encore venu troubler cette harmonie de la Création : le lion et les agneaux paissent ensemble, Adam et Ève se complètent dans la communion : Ève est tirée d’Adam tout en étant son achèvement. Adam la reconnaît immédiatement comme l’os de mes os et la chair de ma chair (Gn 2, 23), et ainsi comme l’affirme saint Jean-Paul II dans Mulieris Dignitatem, « la femme est pour l’homme un autre “moi” dans leur commune humanité ». Mais cette harmonie de la Création et cette communion de l’homme et de la femme ne signifient pas la négation de l’identité et de la solitude. Ève, parfaitement unie à Adam, est aussi tout entière tournée vers son Créateur. L’Albane nous donne à méditer le récit de la Genèse et d’une création à l’image et à la ressemblance de Dieu. En admirant cette œuvre, nous pouvons contempler avec saint Jean-Paul II cet « homme [qui] devient image de Dieu la création d’ève la création d’ève
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