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Vous seul l’avez vu deux fois, et non pas une seulement ; non pas une fois seulement, comme tous les autres, dans votre éternité ; non pas la deuxième fois, qui dure éternellement ; mais une première fois, une fois antérieure, une fois terrestre ; et c’est cela qui ne fut donné qu’une fois, c’est cela qui n’a pas été donné à tout le monde 2. » Tout cela est fini pour toujours. La vie temporelle du Sauveur ne recommencera plus. Mais le souvenir en sera gardé dans les cieux. Et encore, – Péguy ne l’a pas dit et il faut l’ajouter –, Dieu nous prêtera par-dessus, pour regarder la suite du temps, son regard qui est au-dessus du temps, où rien ne s’oublie, où toute l’histoire du temps reste présente dans sa fraîcheur native. Dans la vie de Jésus, il y a eu d’indicibles souffrances, mais aussi des joies divines et inénarrables. Quand il était petit enfant, il avait la tendresse de sa mère. Plus tard, quand il a regardé le monde, comme il a su découvrir les choses : les fleurs des champs, les grains de sénevé, les figuiers qui bourgeonnent à l’approche de l’été, les moissons qui blanchissent, le ciel rouge qui annonce le beau temps ou l’orage. Il a regardé les travaux des hommes, les pêcheurs, le semeur qui sort pour semer, la femme qui tourne la meule pour moudre le grain ou qui fouille sa maison pour retrouver la drachme. Il voyait tout avec une profondeur d’humanité, une pureté, un ravissement, une joie qui lui faisaient retrouver l’idée créatrice cachée au sein des êtres, et au prix de laquelle la vision des peintres et des poètes est peu de chose. Il a regardé dans les yeux et dans le cœur des petits enfants. Son âme n’était pas contractée, mais dilatée. Et pourtant 2 Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, Paris, Gallimard, 1941, p. 49 et 54. 17

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