Compagnon Careme 2024

MAGNIFICAT LE COMPAGNON DE CARÊME Hors-série

– 1 – Éditorial Marie-Laure Martin Saint-Léon Rédactrice en chef adjointe Laissons-nous émerveiller Le Carême est un chemin de conversion qui invite à laisser Dieu nous ressusciter de nos cendres, si, en choisissant de renoncer au mal et d’adhérer pleinement au Christ, en abandonnant nos distractions et en nous détachant des préoccupations matérielles, nous laisserons nos yeux et notre cœur s’ouvrir aux miracles de l’amour divin. Aiguisons notre capacité à nous émerveiller de sa présence et de ses œuvres en nous laissant surprendre par sa parole et en déployant notre ingéniosité à répondre, par des actes de charité, à l’amour qui nous tend la main. Faisons mémoire de la grandeur de Dieu et du don gratuit de sa grâce qui nous précède. Devenons des chercheurs de Dieu ! Durant ces quarante jours, renouvelons notre foi et laissons-nous illuminer par celui qui ne cesse d’accompagner notre chemin en nous appelant à vivre de sa vie. Que ce temps soit une période d’émerveillement devant le mystère du Christ mort et ressuscité pour nous. Mettons à profit ces jours pour nourrir « l’émerveillement devant le fait que le dessein salvifique de Dieu nous a été révélé dans la Pâque de Jésus (cf. Ep 1, 3-14) dont l’efficacité continue à nous atteindre dans la célébration des « mystères », c’est-àdire des sacrements » (Desiderio desideravi, no 25). Puisse ce Compagnon vous soutenir durant ce Carême, et nous aider à nous émerveiller devant la vérité que célèbre la beauté de la liturgie qui trouve son sommet dans la nuit de Pâques. ■

– 2 – Mercredi des Cendres MERCREDI 18 FÉVRIER Parole de Dieu 2 Co 6, 1-2 En tant que coopérateurs de Dieu, nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui. Car il dit dans l’Écriture : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. On dit volontiers : « L’homme propose, Dieu dispose. » Erreur, c’est l’inverse qu’il faut entendre : « Dieu propose, l’homme dispose. » Dieu, éternellement, propose son alliance ; l’homme, au long des jours, y entre ou s’y refuse ; et Dieu, inlassablement, réitère sa proposition. À l’époque de l’exil à Babylone, le prophète Isaïe rappelait à ses contemporains cette fidélité de Dieu : non, Dieu ne les avait pas abandonnés, il n’avait pas renié l’Alliance conclue au Sinaï ; bien au contraire, il confiait une mission au petit noyau des croyants : Ainsi parle le Seigneur : au temps de la faveur, je t’ai répondu, au jour du salut, je te suis venu en aide ; je t’ai mis en réserve et destiné à être l’alliance du peuple, en relevant le pays […] en disant aux prisonniers : « Sortez ! » (Is 49, 8-9, TOB). C’était à la fois une annonce du retour (la sortie de la captivité babylonienne) et une mission de restauration de la communauté. Saint Paul, à son tour, rappelle aux chrétiens leur mission d’annoncer aux hommes la fidélité de Dieu : chacun de nos jours est celui du salut offert, de l’Alliance renouvelée, de la réconciliation offerte. Marie-Noëlle Thabut i 4 Mercredi des Cendres

– 3 – Jeûner Le temps du Carême est un rendez-vous d’amour, celui d’un cœur à cœur qui, dans le silence de la solitude, fortifie notre intimité avec Dieu. Il est aussi le moment favorable pour proclamer par toute notre vie les merveilles de celui qui [n]ous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (1 P 2, 9). Dans la tradition chrétienne, le jeûne signifie l’abstinence de nourriture, mais cette privation peut aussi manifester le choix d’un dépouillement qui est le signe extérieur de notre engagement à vivre de l’Évangile. Saint Grégoire le Grand rappelait, dans sa Règle pastorale, que le jeûne est rendu saint par les vertus qui l’accompagnent, en particulier par la charité, par chaque geste de générosité, qui donne aux plus démunis le fruit d’une privation. Prier Dans les cendres que nous recevons aujourd’hui, Tu vois, Seigneur, la poussière de nos routes et la boue qui alourdit si souvent nos pas. Tu veux y voir aussi la trace de l’amour que Tu nous communiques comme un feu. De ces cendres, fais jaillir une vie nouvelle ! Que ton Esprit nous guide sur le chemin de l’Évangile, En suivant Jésus, nous ferons de ce Carême une patiente montée vers la lumière de Pâques. Charles Wackenheim Accorde-nous, Seigneur, de savoir commencer saintement ce Carême. Que notre jeûne et nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l ’esprit du mal.

– 4 – Jeudi après les Cendres Jeudi après les Cendres JEUDI 15 FÉVRIER Parole de Dieu Dt 30, 15-16a.19b.d Moïse disait au peuple : « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu. Je mets devant toi la vie ou la mort. Choisis donc la vie. » C’est l’un des thèmes favoris de la prédication de Moïse d’après le livre du Deutéronome : l’observance des commandements de Dieu est le seul moyen d’instaurer une vie heureuse et fraternelle dans la communauté humaine, tout comme l’observance du code de la route est une garantie de sécurité dans nos déplacements. C’est une affaire de vie ou de mort (spirituelle). Dans ces quelques lignes, le seul commandement prescrit est celui de l’amour : car c’est de lui que découlent tous les autres. L’amour dont il est question ici n’est pas affaire de sentiment : il s’agit de l’adhésion de tout notre être au Dieu qui nous veut libres et nous l’aprouvé ennous délivrant de la captivité en Égypte : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est le Seigneur Un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, tout ton être, de toute ta force (Dt 6, 4-5, TOB). Cette profession de foi prononcée encore de nos jours par nos frères juifs traduit l’abandon résolu de toute idolâtrie : un choix à refaire en ce début de Carême. Car les idoles modernes ne sont plus des statues mais, plus gravement, tous ces liens ou ces habitudes qui nous tiennent prisonniers et nous détournent de Dieu. M.-N.T.

– 5 – Partager Dans l’Évangile de saint Jean, le Seigneur nous dit : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent » (17, 3). Choisir la vie et choisir Dieu semble aller de pair. Ce temps nous est donné pour tourner nos yeux et notre cœur vers le Seigneur, mais aussi pour contempler son œuvre de création. Ouvrir nos yeux et déployer notre capacité à nous émerveiller, à nous sensibiliser à la beauté, à la souffrance, à la pauvreté, à la vulnérabilité. Seigneur, tu nous invites à faire tomber nos masques, donne-nous de vivre des relations simples. Permets que nos « oui » nous engagent, sans autre sécurité que la certitude de savoir que nous sommes porteurs d’une promesse divine. Prier Béni sois-tu de nous donner ce temps pour agir en secret, pour prendre le temps de demeurer à tes côtés dans le silence de la prière.  Seigneur, fortifie-nous par ton amour. – Pour ceux qui ont été rejetés par leur famille, leur communauté, prions. – Pour ceux brisés par la médisance, les jugements, prions. – Pour ceux qui ne peuvent plus exprimer librement leur foi, prions. – Pour ceux qui ne reconnaissent pas ta présence dans l’eucharistie, prions. – Pour ceux qui accompagnent et entourent les catéchumènes, prions. Que ta grâce inspire notre action, Seigneur, et la soutienne jusqu’au bout, pour que toutes nos activités prennent leur source en toi et se déploient en ta présence.

– 6 – Vendredi après les Cendres VENDREDI 16 FÉVRIER Parole de Dieu Is 58, 6-8a Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable? Alors ta lumière jaillira comme l’aurore. Cette prédication d’Isaïe est le couronnement de la réflexion de tous les prophètes au long des siècles. De bonne foi, de tout temps, les croyants ont cherché à plaire à Dieu ; ce souci est honorable : encore faut-il ne pas se tromper. Or, ici, tout se passe comme si Isaïe nous disait : « Le culte qui plaît à Dieu n’est pas ce que vous croyez. » Il ne part pas en guerre contre les pratiques religieuses et le jeûne. Il part en guerre contre l’incohérence qui consiste à accomplir des gestes religieux, comme le jeûne, tout en restant insensible aux besoins élémentaires de nos frères. Quelques lignes plus haut, il a protesté : Le jour de votre jeûne, vous savez tomber sur une bonne affaire, et tous vos gens de peine, vous les brutalisez (Is 58, 3, TOB). Si l’on en croit Isaïe, la meilleure manière de plaire à Dieu consiste à nous mettre au service des besoins de nos frères. Pour le dire autrement, le chemin qui mène à Dieu passe par nos frères. M.-N.T. Vendredi après les Cendres

– 7 – Jeûner Décidons aujourd’hui de commencer cette journée par un temps de louange : « Seigneur, nous te louons, nous te rendons grâce pour ton immense gloire. » Madeleine Delbrêl disait : « Dieu nous donne une journée préparée pour nous, par Lui. Il n’y a rien de trop et rien de « pas assez », rien d’indifférent et rien d’inutile. » Le Seigneur nous l’offre, alors donnons-lui de l’épaisseur. Jeûnons de tout ce que nous recevons comme un dû et goûtons les bienfaits de notre donateur. Soyons lucides et vrais en ce début de Carême, laissons le Seigneur nous conduire pas à pas, nous libérer de nos propres chaînes pour goûter la joie du dessein salvifique de Dieu qui est venu nous sauver. Prier Seigneur, aide-nous à entrer dans la pureté du jeûne, à verser sur nos têtes l’huile de ta bonté, et à laver nos visages à l’eau de la chasteté. Nous qui jeûnons dans le corps, apprends-nous à jeûner aussi dans l’esprit, à délier tout lien d’injustice, à briser les violences. Permets que nous donnions du pain à ceux qui ont faim, que nous ouvrions nos maisons aux pauvres, qui n’ont pas de toit, afin de recevoir du Christ le grand amour. Amen. Que ta bienveillance nous accompagne, Seigneur, durant ces jours de privation, pour que la discipline imposée à nos corps soit vraiment pratiquée avec amour.

– 8 – Les Sept Saints fondateurs de l’ordre des Servites de Marie SAMEDI 17 FÉVRIER Parole de Dieu Lc 5, 30-31 Les pharisiens et les scribes de leur parti récriminaient en disant à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs? » Jésus leur répondit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. » Les pharisiens étaient connus pour leur ferveur et leur désir de pureté : pas question de frayer avec des pécheurs ; rappelons-nous que le nom même de pharisiens (en hébreu « séparés ») traduit leur désir de se protéger des mauvaises fréquentations. Car « qui se ressemble s’assemble », dit-on. Oui, mais si le médecin fuit les malades pour éviter la contagion, est-il encore médecin? Encore une fois, c’est une affaire de cohérence : si le projet de Dieu est un avenir de fraternité universelle, peut-on rêver de se réfugier dans une tour d’ivoire ? Jésus pensait tout autrement, visiblement : il venait de choisir comme disciple un publicain du nomde « Lévi » (nommé Matthieu dans l’Évangile de Matthieu, cf. 9, 9). Ce simple appel était déjà le franchissement d’une barrière sociale et religieuse au scandale de la bienpensance. Puis Lévi, tout content, fit un grand festin dans sa maison et y invita Jésus qui ne refusa pas, convaincu que le mépris n’a jamais converti personne. M.-N.T. Samedi après les Cendres

– 9 – Partager S’ils nous rassurent quelquefois, il se peut que certains entre-soi nous étouffent. À force de rencontrer des personnes qui vivent ou pensent toujours comme nous, nous risquons de récriminer. Et si nous utilisions cette énergie négative pour nous ouvrir à l’inconnu de l’autre? Un Carême est en effet un exode, une sortie, a fortiori une sortie de soi, pour aller vers la Terre promise, celle de la Vie que Dieu veut nous donner. Comment ouvrir les yeux du cœur sur ceux qui sont différents ? Serais-je moi-même un étranger pour d’autres qui ne me comprennent pas toujours ? Dieu est-il ce tout Autre qui m’appelle ? Prier L’invitation à la conversion est un encouragement à revenir, comme le fils de la parabole, entre les bras de Dieu, Père tendre et miséricordieux. Verbe de Dieu, tu nous conduis vers la lumière, chantons tes merveilles dès aujourd’hui :  Fils de David, sauve-nous ! – Prions pour ceux dont le cœur s’est endurci. – Prions pour ceux que la tristesse meurtrit. – Prions pour ceux qui portent des jugements hâtifs. – Prions pour les malades qui attendent une visite. – Prions pour les mourants et pour ceux qui les accompagnent. Regarde, Seigneur, notre faiblesse, et viens toi-même purifier nos cœurs dans la louange et la prière afin que notre amour réponde joyeusement à ta miséricorde.

– 10 – Laissons-nous émerveiller Au commencement, l’émerveillement Nous avons tous, déjà, poussé la porte de l’émerveillement. Cet instant inattendu où d’un seul coup, il nous envahit, semble nous remplir tout entier. Il nous attendait, là, en guet-apens, dans ce chant, le rire de cet enfant, le murmure du vent. Il nous saisit, en un clin d’œil, dans ce visage, ce paysage, cet éclairage. Dans cette pensée, cette idée, ce coup de crayon, ce flocon… Et cette expérience compte parmi les plus belles de nos existences. Notre roue de hamster s’arrête. Pause image. Pendant un instant, le voile se lève. S’enlève. Et puis, on se relève. D’un élan qui, secrètement, n’est plus tout à fait le même. Notre trajectoire, furtivement, s’est laissé dévier. L’émerveillement, don du Saint-Esprit L’époque que nous vivons est anxiogène. Crises en tous genres, climat, paupérisation, insécurité, perte de sens et d’espérance… Le poids de ce temps est le nôtre, nous n’en aurons aucun autre à vivre que celui-ci. Le Carême, qui nous appelle à la conversion et à nous tourner vers l’« essenCiel », est propice pour « penser l’émerveillement ». Pour (re)prendre conscience de la force puissante de cette science de la vie, véritable don du Saint-Esprit. Mais d’abord, qu’est-ce que l’émerveillement? Pour Socrate, « la sagesse commence dans l’émerveillement ». L’émerveillement est au commencement de tout. Il n’est pas qu’une simple émotion, niaise ou enfantine. Ni une fuite du monde réel. Mais une clé vers une porte qui nous ouvre vers l’essentiel. C’est un antidote souverain contre le

– 11 – désenchantement et le cynisme qui gangrènent notre temps. L’émerveillement n’est pas tonitruant. Il n’a pas besoin de grand écran. Du son Dolby. D’enceintes ou d’amplis. C’est une brume légère. Une pensée. Une prière. Une lueur. Une note. Un froissement. Une fleur, une odeur, une libellule. La grâce d’un instant. Un regard. Un parfum dans le vent. Une alchimie de l’instant. L’émerveillement, une qualité de présence L’émerveillement, tout en nous transportant ailleurs, intensifie notre présence au monde. Il améliore notre réalité en nous faisant tout simplement mieux apprécier ce qui est. Il ne rend pas l’ordinaire merveilleux mais donne de voir le merveilleux dans l’ordinaire, le nouveau dans le familier, le possible dans l’existant. Il préserve nos yeux de perdre cette grâce de s’ouvrir à chaque fois sur le monde comme si c’était la première fois. S’émerveiller, ce n’est pas parcourir sa vie avec des œillères ni se réjouir béatement de tout comme si rien n’était grave. Bien au contraire. C’est une conscience aiguisée, un œil ouvert, un cœur à l’écoute, qui loin de nier la souffrance, sent vibrer l’atome de beauté là où il est. Au fond, l’émerveillement est un acte de résistance intérieure. Aussi furtif ou éphémère soit-il parfois, il plante une graine d’enthousiasme, laisse une petite fêlure en nous qui ne se refermera jamais totalement. Toutes les vies, même les plus douloureuses, portent en elles l’empreinte de l’émerveillement. Personne n’y échappe. C’est une expérience universelle. Comme l’amour… Blanche Streb

– 12 – Parole de Dieu Mc 1, 13.14b.15 Dans le désert, Jésus resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. Jésus partit pour la Galilée ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » « Le règne de Dieu est tout proche » : la présence paisible des bêtes sauvages et celle des anges qui servent Jésus montrent l’harmonie du monde réconcilié. C’est là une espérance, une proposition de grâce… « Les temps sont accomplis », et la perspective du jugement induit l’urgence de notre réponse… Promesse et urgence qualifient l’instant présent. Remettre à demain, c’est prendre le risque de laisser passer l’heure favorable… En météo, on verrait là un système de haute et basse pression (jugement/appel), générateur du vent. De fait, l’Esprit souffle. Sans lui, nous ne pourrions nous convertir, mais il attend notre consentement. Jean Chrysostome répétait : « Est-ce qu’on se détourne sans se retourner ? » (cf. Jr 8, 4). La conversion, c’est se détourner de ce qui s’oppose à la vie de disciple mais sans le retournement, c’est-àdire un choix positif et concret de croire à l’Évangile, elle est illusoire. L’habitude nous ramènerait au point de départ ! Père Hervé Guillez 1er dimanche du Carême DIMANCHE 18 FÉVRIER

– 13 – Prière Pour nous aider à prier, nous pouvons placer devant nous une croix ou une image du Christ en croix. Les yeux fixés sur Jésus Christ, entrons dans le combat de Dieu. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, au Dieu qui est, qui était, et qui vient, pour les siècles des siècles. Amen. Chanter Sois fort, sois fidèle, Israël, Dieu te mène au désert ; C’est lui dont le bras souverain Ouvrit dans la mer Un chemin sous tes pas. Oublie les soutiens du passé, En lui seul ton appui ! C’est lui comme un feu dévorant Qui veut aujourd’hui Ce creuset pour ta foi. Poursuis ton exode, Israël, Marche encor vers ta joie ! La vie jaillira de la mort, Dieu passe avec toi Et t’arrache à la nuit. (CFC - S. Marie-Pierre - © CNPL) Prier avec le psaume 24  Tes chemins, Seigneur, sont amour et vérité pour qui garde ton alliance. Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route.

– 14 – Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Dans ton amour, ne m’oublie pas. en raison de ta bonté, Seigneur. Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin. Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin. Ps 24, 4-5ab.6-7b.5d.8-9 Rendre grâce En ce premier dimanche de Carême, nous te bénissons et nous te rendons grâce pour ta miséricorde qui, de toute éternité, nous relève. Tu viens à notre rencontre et tu nous invites à revenir vers toi pour retrouver la joie d’être aimés. (Intentions personnelles) Unis en Jésus Christ, nous disons : Notre Père… Prions : Dieu tout-puissant, toi qui nous invites chaque année à vivre le Carême en vérité, donne-nous de progresser dans l’intelligence du mystère du Christ et d’en rechercher la réalisation par une vie qui lui corresponde. Lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles. CARÊME 2024

– 15 – Un pape commente l’Évangile Les quarante ans au cours desquels le peuple d’Israël a effectué son pèlerinage dans le désert : une longue période de formation pour devenir le peuple de Dieu, mais également une longue période au cours de laquelle la tentation d’être infidèles à l’alliance avec le Seigneur était toujours présente. Quarante furent également les jours de chemin du prophète Élie pour atteindre le Mont de Dieu, l’Horeb ; ainsi que la période que Jésus passa dans le désert avant de commencer sa vie publique et où il fut tenté par le diable. Avant tout, le désert, où Jésus se retire, est le lieu du silence, de la pauvreté, où l’homme est privé des appuis matériels et se trouve face aux interrogations fondamentales de l’existence, il est poussé à aller à l’essentiel et précisément pour cela, il lui est plus facile de rencontrer Dieu. Mais le désert est également le lieu de la mort, car là où il n’y a pas d’eau, il n’y a pas non plus de vie, et c’est le lieu de la solitude, dans lequel l’homme sent la tentation de façon plus intense. Jésus va dans le désert, et là, il subit la tentation de quitter la voie indiquée par le Père pour suivre d’autres voies plus faciles et qui appartiennent au monde (cf. Lc 4, 1-13). Ainsi, il se charge de nos tentations, porte avec Lui notre pauvreté, pour vaincre le malin et nous ouvrir la voie vers Dieu, le chemin de la conversion. Réfléchir sur les tentations auxquelles est soumis Jésus dans le désert est une invitation pour chacun de nous à répondre à une question fondamentale : qu’est-ce qui compte véritablement dans ma vie? Benoît XVI, 13 f évr ier 2018

– 125 – La pénitence et la réconciliation, un sacrement pour grandir dans la foi Dès le premier jour du Carême, l’Église lance cette invitation pressante : Laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Co 5, 20). Il y a là un fort appel à se laisser faire, à abandonner toute résistance pour entrer dans ce jour du salut (2 Co 6, 2) qui renouvelle nos vies et fait de nous des témoins du pardon de Dieu. Croire pour vivre Celui qui recourt au sacrement est invité à se tourner résolument vers Dieu, dont il connaît le cœur de miséricorde. La conversion intérieure fait naître le sentiment de la contrition qui conduit à désirer mener une vie en accord avec la vie nouvelle reçue au baptême. Ce mouvement intérieur entraîne à la confession des péchés devant un prêtre qui, au nom de Dieu, accorde le pardon. Un signe de conversion et de pénitence manifestera, ensuite, la volonté de vivre du mystère du salut en s’ouvrant, sans regarder en arrière, à l’avenir que Dieu offre. Ce qui, souvent, nous arrête sur le chemin du sacrement, c’est la confession de nos péchés. Qu’avons-nous fait ? Faut-il faire une liste exhaustive de tous nos manquements ou seulement des quelques points saillants dont nous nous souvenons ? Entre laxisme et scrupule, nous peinons à discerner ce qu’il faut dire. Or, ce que Dieu attend de notre démarche, plus qu’une liste impossiblement exhaustive, c’est une conversion sincère, une volonté ferme de discerner ce qui tient éloigné de lui afin de reprendre force en lui et d’avancer dans sa lumière.

– 126 – RÉCONCILIATION S’examiner en conscience Avant d’aller recevoir ce sacrement de vie nouvelle, il ne faut jamais oublier que confesser ses péchés, c’est reconnaître dans un même et unique mouvement : ◗ que Dieu aime d’un amour infini, ◗ que nous ne savons pas aimer comme lui. Finalement, c’est fuir les ténèbres pour venir vers la lumière. Il peut être bon de relire la parabole de l’enfant prodigue (cf. Lc 15, 11-32) où Jésus annonce l’amour infini du Père en même temps qu’il invite à la conversion. Avec confiance, il conviendra alors de nous préparer en demandant à l’Esprit Saint de nous éclairer. Pour guider notre préparation à la lumière de l’Écriture, nous pouvons nous interroger sur : ◗ ce que l’amour de Dieu nous conseille de faire, ◗ ce qui, dans nos comportements, nos actions, nos pensées, mais aussi nos oublis, n’était pas juste par rapport à Dieu, aux autres et à nous-mêmes. « Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux » (Mt 23, 9). Quelle place Dieu tient-il dans notre vie ? Savons-nous l’écouter et suivre son Évangile de vie ou mettons-nous, entre lui et nous, d’autres « pères », dont nous écoutons plus facilement la voix parce qu’elle nous rattache à nous-mêmes plutôt qu’à Dieu ? Vivons-nous en fils de ce Père qui nous donne la vie éternelle ? « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Quel est notre comportement vis-à-vis de ceux qui nous entourent ? Savons-nous les accueillir comme Dieu nous accueille nous-mêmes ? Jusqu’où va notre capacité de recevoir l’autre tel qu’il est et comme un don de Dieu ? Mettons-nous des limites à l’amour des autres ? Dressons-nous des murs entre les autres et nous ? Avons-nous conscience que tout ce qui blesse l’amour fraternel atteint notre relation avec Dieu ?

– 127 – « Dieu créa l’homme à son image » (Gn 1, 27). Reconnaissons-nous en Jésus défiguré par le vouloir des hommes le Bien-Aimé de Dieu ? Cet homme, c’est aussi chacun d’entre nous, bien-aimé de Dieu blessé par le péché. Croyonsnous que nous sommes objets d’amour infini ? C’est en regardant nos faiblesses à la lumière de l’amour que Dieu nous porte, que nous pouvons les reconnaître et les nommer. Que faisons-nous de notre personne ? Quel regard avons-nous sur nous-mêmes ? À quoi nous servent nos sens, notre intelligence, notre cœur ? Au service de qui ou de quoi les mettons-nous ? La confession s’insère au cœur d’un processus de purification intérieure. Elle peut être désignée par quatre mots indissociables : conversion, pénitence, pardon, réconciliation. Aucun, à lui seul, ne peut exprimer de manière adéquate la réalité du sacrement. Au terme, le repentir de l’homme et le pardon de Dieu sont appelés à se rejoindre pour que la conversion devienne effective et que grandissent la joie du salut et l’action de grâce. « Mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (Lc 15, 23-24). Remarque Lorsque nous allons nous confesser, nous prenons le temps de préparer notre cœur à ce sacrement qui nous donne la paix et la joie. Mais parfois, il est un peu difficile de se souvenir de tout, surtout si nous n’allons pas souvent voir un prêtre. Pendant ce Carême, pour nous aider et faire des progrès, nous pouvons prendre un petit moment chaque soir avant de nous coucher pour repenser à notre journée et ainsi : ◗ nous rappeler ce qui n’a pas été très juste et en demander pardon à Dieu ; ◗ nous souvenir de ce qui a été beau et bon, et lui en rendre grâce. ■ Couverture : La Transfiguration du Christ, enluminure tirée du Psautier d’Ingeburge de Danemark (xiiie s.), musée Condé, Chantilly, France. © akg-images / Album / Prisma. Pages 12, 30, 48, 66, 84, 102 et 122 : La Transfiguration du Christ (détail de la couverture). © akg-images / Album / Prisma. Pour les hymnes, autorisation SECLI n° 2023001.

– 128 – COMPAGNON DE CARÊME 2024 Directeur de la rédaction : Pierre-Marie Varennes Directeur adjoint de la rédaction : Romain Lizé Rédacteur en chef : David Gabillet Rédactrice en chef adjointe : Marie-Laure Martin Saint-Léon 1re rédactrice graphiste & secrétaire de rédaction : Solange Bosdevesy 1re secrétaire de rédaction & iconographe : Isabelle Mascaras Rédactrice-réviseuse: Catherine Mas-Mézéran Conception & mise en page : Solange Bosdevesy Ont collaboré à ce numéro: Marie-Noëlle Thabut, P. Hervé Guillez, P. Philippe Lefebvre, S. Jean Thomas, P. Étienne Roche, Christelle Javary, Dom Jean-Charles Nault, Blanche Streb, auteure de Grâce à l’émerveillement, Paris, Salvator, 2023. Magnificat est publié par Magnificat SAS au capital de 789230�. Président, directeur de la publication: Vincent Montagne. Principal actionnaire: Média-Participations Paris au capital de 50 494 416�. N°CPPAP: 0924 K 85377. N°ISSN: 1240-0971. Dépôt légal : janvier 2024. © AELF Paris, 2015, pour les textes liturgiques. © Magnificat SAS, 2024, pour l’ensemble de l’ouvrage. Tous droits réservés pour tous pays. Achevé d’imprimer en décembre 2023 par L.E.G.O. SpA, Italie. N° d’édition: 23L0391. « Imprimé sur du papier PEFCTM ». « Cet ouvrage est imprimé grâce à des encres à base d’huile végétale, garantissant la démarche de développement durable de l’éditeur et de l’imprimeur. » ISBN : 3760283222564 – Code MDS : MT22564 Rédaction : courrier@magnificat.fr 57, rue Gaston-Tessier CS 50061 – 75166 Paris Cedex 19 Promotion : magnificat-promo@magnificat.fr POUR CONTACTER LE SERVICE COMMERCIAL : (Abonnement, réabonnement, numéro non reçu, etc.) sotiaf/magnificat – TSA 29021 – 35909 Rennes Cedex 9 TÉL. : 02.99.55.10.20 – EMAIL : contact@magnificat.fr www.magnificat.fr TARIFS : 1 AN : France : 47 €. UE /DOM : 50 €. TOM/Autres pays : Format poche : 67 €. 2 ANS : France : 84 €. UE /DOM : 89 €. TOM/Autres pays : 119 €. Vous pouvez exercer votre droit d’accès aux données vous concernant et les faire rectifier en vous adressant à : Magnificat, « Département Données personnelles » - 57, rue Gaston-Tessier, 75019 Paris. Vos coordonnées peuvent être transmises à des sociétés partenaires de MAGNIFICAT SAS, excepté si vous cochez cette case ❏.

❦C  Du 14 février au 31 mars C Chaque année, le temps du Carême invite à avancer vers la source de toute la vie chrétienne : Pâques. Pour accompagner cette marche, M vous propose son « compagnon de Carême ». ◆ Chaque jour du Carême : – les commentaires originaux de Marie-Noëlle Thabut, du P. Hervé Guillez, du P. Philippe Lefebvre, de S. Jean Thomas, du P. Étienne Roche, de Christelle Javary, de dom Jean-Charles Nault éclairent pour vous l’actualité de la parole de Dieu. ◆Chaque dimanche : – une prière simple inspirée de la tradition de l’Église ; – une méditation de l’Évangile puisée dans l’enseignement des papes ; – Blanche Streb nous invitera, ancrés dans le quotidien, à redécouvrir le don de l’émerveillement pour aimer et habiter le monde et notre vie avec espérance et grâce. Hors-série No 89 3,90 €

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