Guide spirituel des pèlerins T NOUVELLE ÉDITION AUGMENTÉE MISE À JOUR AVEC LA NOUVELLE TRADUCTION DU MISSEL ROMAIN MAGNIFICAT
MAGNIFICAT Terre sainte ✦ Guide spirituel des pèlerins
Éditorial 5 Guide mode d’emploi 6 La custodie de Terre sainte 10 Les Églises chrétiennes et les différents rites en Terre sainte 14 Judaïsme et islam en Terre sainte 19 4 000 ans d’histoire en Terre sainte 23 Informations pratiques 26 (P : prière ; M : messe ; B : bénédiction) Accueil du pèlerin (BM) 30 Le désert 36 Beer Sheba, Saint Abraham (PM) 38 Mont Sinaï (Égypte), Saint Moïse (PM) 48 Mont Nébo (Jordanie), Saint Moïse (PM) 57 Le Jourdain, Baptême du Seigneur (PM) 63 La Galilée 74 Le mont Carmel, El Mouhraqa, Saint Élie (PM) 76 Le mont Carmel, Stella Maris, Notre-Dame du Mont-Carmel (PM) 85 Nazareth, basilique, L’Annonciation du Seigneur (PM) 93 Nazareth, église Saint-Joseph, Saint Joseph, époux de la Vierge Marie (PM) 102 Cana, Les noces de Cana (M) 110 Magdala, Le Seigneur appelle ses disciples (PM) 118 Mont des Béatitudes, Le Seigneur enseigne les Béatitudes (PM) 127 Capharnaüm, Saint Pierre Apôtre (PM) 135 Tabgha, La multiplication des pains (PM) 145 Mont Thabor, La Transfiguration du Seigneur (PM) 154 La Judée 164 Aïn Karem, La Visitation de la Vierge Marie (PM) 166 Bethléem, La Nativité du Seigneur (PM) 175 Bethléem, Commémoraison de l’annonce aux bergers (PM) 186 Béthanie, Commémoraison des saintes Marthe et Marie (M) 192 Jérusalem 198 Sainte-Anne (Bethesda), La nativité de la bienheureuse Vierge Marie (PM) 200 S O M M A I R E TERRE SAINTE Gu i de sp i r i tue l de s pè l e r ins
Dominus Flevit, (PM) Commémoraison du Seigneur qui pleure sur Jérusalem 210 Cénacle, L’institution de l’eucharistie (PM) 218 Gethsémani, L’agonie du Christ (M) 228 Saint-Pierre-en-Gallicante, Saint Pierre aux larmes (M) 234 La Via dolorosa, La mémoire de la Passion (P) 239 Chemin de croix 244 Golgotha, La mémoire de la Passion (M) 255 Saint-Sépulcre, La résurrection du Seigneur (PM) 262 Mont des Oliviers, L’Ascension du Seigneur (P) 272 Cénacle, La mémoire de la Pentecôte (PM) 278 L’église de la Dormition, Assomption de la bienheureuse Vierge Marie (PM) 288 Mont des Oliviers, La manifestation du Seigneur à la fin des temps (PM) 298 Plaine côtière Sanctuaire de Saint-Pierre, Jaffa, Saint Pierre Apôtre (PM) 310 Césarée-Maritime, Saint Paul (PM) 320 Autres célébrations et prières Emmaüs, Départ des pèlerins (MB) 330 Sichem (Cisjordanie), La Samaritaine (PM) 341 Messe pour l’unité 351 Messe pour la paix 356 Renouvellement des promesses du baptême 361 Psaumes 368 Chants 378 Prières Prières universelles 392 Prières et textes franciscains 397 Prières des chrétiens d’Orient 404 Prières juives 410 Prières musulmanes 413 Liturgie de la messe 416 Tables des psaumes, des hymnes, des chants et des méditations 439 Plans Chemin de croix 254 Saint-Sépulcre 261
Magnificat tient à exprimer ses vifs remerciements à Frère Zacharie, Frère Dominique Joly, o.f.m. Frère Marcel Daval, o.f.m, et Frère Stéphane Milovitch, o.f.m., pour leur précieuse collaboration.
É d i t o r i a l B e r n a d e t t e Mé l o i s rédactrice en chef Pèlerinage en Terre sainte Depuis le début du ive siècle, des hommes et des femmes de toutes conditions et de tous âges se sont mis en route vers la Terre sainte. La volonté de découvrir les lieux de la vie du Christ, de sa Passion, de sa mort et de sa résurrection, l’intuition des grâces particulières qui s’attachent à cette démarche, la recherche de la vérité, la quête du salut et bien d’autres raisons encore ont poussé et soulevé des générations de chrétiens convaincus ou hésitants. Aujourd’hui encore, des pèlerins se mettent en route. Comme pour les mages de l’Évangile, l’étoile qui les guide et les attire n’a pas toujours le même éclat, mais ils se lèvent et répondent à un appel intime. Ils ignorent ce qui les attend vraiment, ils n’imaginent pas les chemins qu’ils vont parcourir, les difficultés qu’ils vont traverser, les rencontres qu’ils vont faire, les paroles qu’ils vont entendre. Ils se fient à l’étoile et se laissent guider vers la Lumière. Aujourd’hui, c’est votre tour de prendre la route. Que Magnificat soit, pour vous, une boussole spirituelle, un indicateur de lieux sûrs, un guide et un compagnon de prière, durant le pèlerinage et aussi après. La Terre sainte s’offre comme un roc pour que vos pas y inscrivent leur empreinte, mais, plus encore, elle offre un cadre unique où, depuis toujours, Dieu est venu parler aux hommes pour les initier aux déroutants mystères de son amour. Il est temps de partir. Bonne route !
6 Guide mode d’emploi Ce numéro spécial « Terre sainte », que Magnificat met à votre disposition, veut être, tout d’abord, un guide spirituel qui vous permette de prier au quotidien et de vivre la liturgie en accord avec les différents lieux rencontrés au cours de votre pèlerinage. Le commandement de Dieu : Écoute, Israël (Dt 6, 4), répété chaque matin dans la prière juive, s’adresse au pèlerin qui vient découvrir la terre où Dieu a fait entendre sa parole de manière unique, la terre où le Verbe, la parole de Dieu, s’est fait chair, la terre où la première Église s’est montrée assidue à l’enseignement du Christ et des Apôtres à sa suite. Lire la Bible en terre d’Israël est une expérience qui donne consistance aux textes et en élargit la compréhension, non seulement parce que la géographie biblique se découvre dans la réalité, mais aussi parce que la pérégrination, la rencontre des peuples, la confrontation entre l’Ancien et le Nouveau Testament font goûter autrement la Parole. Ponctuées par l’écoute attentive et la prière personnelle, les journées du pèlerin deviennent progressivement une sorte de liturgie de la Parole, qui trouve sa plénitude dans la liturgie célébrée et, particulièrement, dans la liturgie des Heures. Les composantes de l’ouvrage Ce recueil donne au pèlerin les éléments nécessaires à la prière communautaire, mais aussi à sa prière personnelle, pour qu’avec l’Église, il puisse célébrer les
7 étapes historiques de la révélation progressive de Dieu à son peuple et à toute l’humanité. Des introductions pour chaque site De courtes notices présentent, non pas tous les lieux, mais les sites incontournables de Terre sainte, ceux qui offrent le plus d’intérêt et ceux qui, plus prosaïquement, figurent habituellement dans les itinéraires des pèlerinages. Nous avons également fait le choix de présenter la Samarie, qui demeure un lieu majeur bien qu’inaccessible en raison de la situation politique. Nous voyons là un signe de l’espérance qui marque toute démarche de pèlerinage. En peu de mots, l’histoire profane, les réalités bibliques et spirituelles des Lieux saints de l’histoire judéochrétienne sont évoquées. Ces synthèses tiennent lieu de première initiation à la Bible. Une prière quotidienne Chaque jour, pour répondre aux besoins du pèlerinage, une prière en harmonie avec les principaux lieux visités rejoint les temps forts de la prière de l’Église. La prière liturgique proposée s’inspire directement de la liturgie des Heures et en reprend la structure. On trouvera toujours une hymne, un psaume ou un cantique biblique, la lecture de la parole de Dieu, une prière d’intercession. Une grande simplicité d’emploi a été souhaitée. C’est pourquoi il n’y a ni renvoi ni texte à connaître par cœur. La prière se présente dans son intégralité. De même, les introductions et les conclusions sont toutes formulées en leur lieu.
Une messe pour chaque lieu La Terre sainte donne aux pèlerins la possibilité de célébrer les événements du mystère du salut sur les lieux même de leur réalisation. C’est pourquoi la liturgie des Lieux saints prend le pas sur celle du temps. La faculté de célébrer en fonction des lieux a déterminé le choix des messes offert dans ce recueil. Les messes sont extraites du missel propre à la custodie de Terre sainte. Plusieurs options, notamment pour les lectures, laissent une grande latitude aux prêtres et aux accompagnateurs de pèlerinage. De même qu’en certaines fêtes de l’année liturgique, nous entendons des formules comme « c’est-à-dire aujourd’hui » ou « en cette nuit très sainte », qui permettent de comprendre combien la liturgie actualise les événements du salut, de même, dans la liturgie célébrée en un site particulier de Terre sainte, nous entendrons « ici » ou « en ce lieu ». La célébration recevra une force particulière dans ces justes adaptations. Un texte de méditation Pour prolonger la prière et entrer dans la tradition de l’Église, un texte de méditation vient compléter et élargir l’expérience spirituelle de chaque jour. Le pèlerin marche au pas du peuple de Dieu, marche à la suite du Christ. Il marche aussi au pas de l’Église et des saints qui ont mis en lumière certains aspects des mystères du salut. Aujourd’hui encore, ces croyants de toutes les époques ont quelque chose à nous dire, qu’il est bon d’écouter. Découvrir l’Église de Terre sainte La Terre sainte n’est pas seulement un lieu de mémoire historique, où les pèlerins viennent se ressourcer et nourrir 8
9 leur foi. Elle est le lieu où le jour de la Pentecôte, il y a deux mille ans, naquit la première communauté chrétienne, et où vit encore aujourd’hui une communauté fière de se considérer son héritière. Le pèlerinage peut être l’occasion de vivre l’eucharistie avec une communauté locale de rite latin, qui célèbre habituellement en arabe. Les communautés melkites, maronites ou arméniennes catholiques, avec lesquelles nous sommes en pleine communion, se réjouiront de vous recevoir. Le pèlerinage offre la possibilité d’une expérience ecclésiale forte, qui peut passer par la rencontre d’autres rites. Participer à la liturgie des frères franciscains La custodie de Terre sainte a été confiée aux frères franciscains, depuis le xive siècle. La présence franciscaine maintient la pérennité des Lieux saints et entretient une prière continuelle. Chaque vendredi après-midi, un chemin de croix sur la Via dolorosa est proposé aux pèlerins. Des processions se déroulent quotidiennement à la basilique du Saint-Sépulcre, à Jérusalem, ainsi qu’à la basilique de la Nativité, à Bethléem. La prière est au cœur de tout pèlerinage. Elle n’a pas une forme unique, mais elle rejoint toutes les prières des hommes, portées dans l’unique prière du Christ à son Père : « Que ta volonté soit faite. » B.M. Note au lecteur : l’équipe éditoriale a apporté le plus grand soin à la rédaction de ce guide et à sa vérification. Toutefois, il n’est pas totalement exclu que certaines informations, notamment pratiques, ne soient plus, à la date de parution du guide, tout à fait exactes ou exhaustives. Elles ne sauraient de ce fait engager notre responsabilité.
La custodie de Terre sainte Fondée en 1342, la custodie franciscaine de Terre sainte, ou custodie de Terre sainte, est en charge des intérêts de l’Église catholique romaine en Terre sainte. Elle a notamment la garde des Lieux saints à Jérusalem. Le pèlerin qui se rend aujourd’hui en Terre sainte est ainsi accueilli dans bon nombre de sanctuaires par les frères franciscains. L’installation des franciscains en Terre sainte La présence des franciscains en Terre sainte remonte aux origines même de l’ordre franciscain qui, fondé par saint François d’Assise en 1209, s’est ouvert, dès ses débuts, à l’évangélisation missionnaire. Saint François d’Assise désirait plus que toute chose se rendre sur les lieux saints. Sans craindre le martyre, il réussit à atteindre Damiette, en Égypte, en 1219, puis Saint-Jean-d’Acre. Dans le contexte de guerre que constituaient les croisades, il conçut le projet fou d’annoncer l’Évangile au Sultan Melek-el-Kamil, qui était un homme assez ouvert. Les deux hommes, semble-t-il, entretinrent des relations empreintes de bienveillance et d’estime mutuelle. On peut dire que François a été un devancier pour le dialogue interreligieux. À la fin du chapitre de 1217, les frères sont envoyés dans le monde entier pour annoncer l’Évangile. Est créée, à cette occasion, la province de Terre sainte, qui, en 10
11 1263, est divisée en trois custodies (Terre sainte, Syrie et Chypre) et coïncide avec l’Empire chrétien d’Orient. À cette époque, les franciscains sont présents à Jérusalem, à Saint-Jean-d’Acre, à Tyr et à Sidon, à Tripoli, à Antioche… Leur présence est rapidement menacée. Avec la chute de Saint-Jean-d’Acre, le 19 mai 1291, ils doivent se réfugier à Chypre, où réside le provincial d’Orient. Dès qu’ils le peuvent cependant, c’est-à-dire dès 1322, ils reviennent à Jérusalem, où ils desservent l’église du Saint-Sépulcre. Le 21 novembre 1342, une bulle du pape Clément VI confie aux franciscains, avec l’autorisation du sultan d’Égypte, « le Cénacle du Seigneur, la chapelle dans laquelle l’Esprit Saint est apparu aux Apôtres et une autre chapelle, où le Christ, en présence de Thomas, se manifesta aux Apôtres après sa résurrection ». À partir de cette date, les franciscains desservent officiellement le Cénacle et le Saint-Sépulcre et, cinq ans plus tard, Bethléem. Ils sont, au cours du xive siècle, une vingtaine de religieux à vivre dans ces trois lieux. Au fil des années, dès que les circonstances le leur permettent, ils rachètent, au profit de l’Église catholique, tous les lieux qui ont une signification symbolique pour les chrétiens : au xviie siècle, le sanctuaire Saint-Pierre, à Tibériade, le lieu de l’Annonciation, à Nazareth, le mont Thabor, Gethsémani, Saint-Jean-Baptiste, à Aïn Karem ; aux xviiie et xixe siècles, le sanctuaire de la Nutrition, à Nazareth, les sanctuaires de la Flagellation, d’Emmaüs, Dominus Flevit, les sites de Tabgha, Magdala, Capharnaüm; au xxe siècle enfin, le champ des Bergers, le « désert de saint Jean Baptiste », le mont Nébo, Béthanie, le lieu du baptême sur le Jourdain…
Les franciscains, à mesure qu’ils en obtiennent les autorisations, construisent des églises, entreprennent des fouilles, accueillent et assistent les pèlerins… Mais cette présence reste fragile et a bien souvent été remise en cause. Ainsi, en 1527, Soliman le Magnifique a expulsé les chrétiens du Cénacle, prétextant la présence, à cet endroit, du tombeau de David. Jusqu’à ce jour, les franciscains n’ont pu récupérer leur propriété sur le mont Sion, qui était pourtant leur premier couvent en Terre sainte. Dès les premières années de leur présence à Jérusalem, les franciscains ont fait l’objet de persécutions sans nombre. Pourtant, malgré le sang versé, la présence des franciscains s’est maintenue au fil des siècles. Gardiens des Lieux saints, ils y sont demeurés envers et contre tout. La mission franciscaine La première mission des frères de la custodie est de prier quotidiennement dans les Lieux saints, afin de faire mémoire de l’histoire du salut et d’actualiser l’aujourd’hui de Dieu. Ensuite vient l’accueil des pèlerins. Les franciscains ont à cœur de leur faire partager la grâce de la prière dans ces lieux bénis en les y accueillant et en mettant en place les structures d’accueil, qui facilitent leur séjour. La présence des franciscains dans les Lieux saints et l’entretien de ces lieux représentent également une part essentielle de leur mission. La quête du Vendredi saint leur apporte la part principale de leurs revenus. Un autre point, moins visible mais aussi important, de la mission franciscaine consiste à permettre aux 12
chrétiens de rester dans le pays, en encourageant la vie des communautés, en mettant à disposition des logements, en développant la formation des jeunes, en favorisant l’emploi, en créant des structures de santé, de vie associative, culturelle, sportive, en gardant toujours le souci des plus pauvres. Bien sûr, la custodie ne limite pas son action aux seuls chrétiens. Dans les écoles, les centres de soin, tous sont accueillis, quelle que soit leur religion, dans un esprit d’ouverture. Pierre par pierre, ces réalisations modestes posent les fondations de la paix dans le pays. Vivre en terre d’islam fait partie du charisme franciscain, et, nulle part mieux qu’en Terre sainte, les frères n’ont répondu à cette vocation particulière sur une durée aussi longue. En cela, ils sont fidèles à l’esprit de la règle qui dit, à propos des frères qui vont chez les Sarrasins : « [Ils doivent] ne faire ni procès, ni disputes, être soumis à toute créature à cause de Dieu et confesser simplement qu’ils sont chrétiens » (Première Règle des Frères mineurs, 16, 2). Puisse cette mission d’Église contribuer un peu à la paix dans ce Proche-Orient, aujourd’hui, si tourmenté et blessé. Frère Dominique Joly 13
Les Églises chrétiennes et les différents rites enTerre sainte La communauté chrétienne autochtone existe depuis presque deux mille ans. Le pèlerinage en Terre sainte est l’occasion de rencontrer l’Église locale. Le pèlerin découvrira la variété des rites que le christianisme a suscités et la diversité des communautés ecclésiales qui le constituent. Les chrétiens du monde entier convergent vers Jérusalem. Les Églises de toutes les nations y sont présentes. Un peu d’histoire Emboîtant le pas de nombreux chrétiens depuis les premiers siècles, nous allons visiter les lieux où le Christ est né, a vécu, est mort et est ressuscité. Autrefois, certains choisirent d’y vivre, d’y prier (comme saint Jérôme [342-420], qui vécut les trente dernières années de sa vie à Bethléem, où il traduisit la Bible en latin !), à côté des chrétiens présents ici depuis l’origine. Pendant le premier millénaire, tous étaient simplement chrétiens, de telle communauté, parlant telle langue, chacune ayant ses propres traditions. Au début du xie siècle, le calife al-Hakim fait détruire la basilique du Saint-Sépulcre et persécute violemment les chrétiens. C’est ce qui déclenchera les croisades. La première a lieu en 1099. Le royaume franc établi à Jérusalem ne tient pas. Les croisades s’achèvent en 1250, après un siècle et demi de luttes sanglantes qui laisseront des blessures encore douloureuses aujourd’hui. 14
Les chrétiens de Terre sainte représentent moins de 2 % de la population totale du pays. Leur situation est toujours très difficile. Les quelque milliers de chrétiens palestiniens se trouvent en présence d’un islam parfois peu tolérant à leur égard. La nationalité israélienne et l’égalité juridique des chrétiens arabes israéliens ne les mettent pas non plus à l’abri d’une certaine discrimination. Une multiplicité de rites et d’Églises L’histoire chrétienne a été malheureusement marquée par des éloignements et des divisions. Il en résulte une multiplicité d’Églises plus ou moins indépendantes les unes des autres. Aujourd’hui, il n’y a pas moins de trente Églises représentées dans la seule ville de Jérusalem, sans compter les sectes. En 313, par l’édit de Milan, Constantin autorise le culte chrétien. Et en 380, Théodose fait du christianisme la religion officielle de l’Empire romain. C’est l’époque des grands conciles œcuméniques. En 451, celui de Chalcédoine provoque une première grande division : pour les uns, Christ est « un issu de deux natures » (« monophysites ») ; pour les autres, Christ est « un en deux natures » (Rome et Constantinople). En 1054, c’est le schisme, plus politique que religieux, entre l’Orient et l’Occident. Enfin, au xvie siècle, la Réforme protestante divise l’Église d’Occident. Des Églises « orientales » Au cours de notre pèlerinage en Terre sainte, nous allons rencontrer des membres d’autres Églises. Peu à peu, nous allons les découvrir, diverses de par leur histoire, leurs rites, leur langue liturgique, leur origine. Nous allons 15
pouvoir bientôt comprendre mieux des expressions comme « Églises orientales », « Églises orthodoxes ». Nous serons surtout vite convaincus que les choses ne sont pas si simples que nous les imaginions… Les Églises orientales non chalcédoniennes Les « Églises orientales non chalcédoniennes » (« monophysites ») sont présentes en Terre sainte depuis les premiers siècles. Il y a d’abord les Arméniens, dont la présence très ancienne s’est renforcée avec les croisades et à la suite du génocide turc du début du xxe siècle. Les syriaques sont eux issus de la primitive Église de Jérusalem. Leur langue liturgique est l’araméen. La maison de Marc, dont l’authenticité est avérée, serait le premier lieu d’implantation de l’Église à Jérusalem. Les coptes sont les chrétiens d’Égypte. Ils peuvent célébrer leur liturgie dans les basiliques de Jérusalem et de Bethléem. Enfin, les Éthiopiens, dont l’histoire est liée aux coptes, ont une chapelle sur les toits de la basilique du Saint-Sépulcre. Autrefois, l’Église catholique considérait ces églises comme hérétiques… Ce n’est plus le cas grâce à Paul VI et à Jean-Paul II, qui ont signé des accords théologiques et pastoraux majeurs mais distincts avec chacune d’elles. Les Églises orthodoxes de rite byzantin Les orthodoxes sont organisés en patriarcats autocéphales, c’est-à-dire disposant d’une autonomie quasi totale tout en étant en communion les uns avec les autres. 16
Les Grecs sont aujourd’hui les gardiens des Lieux saints pour ces Églises de rite byzantin. Ce rite est celui de la grande majorité des Arabes chrétiens de Terre sainte, qu’ils soient israéliens ou palestiniens, orthodoxes ou rattachés à Rome. Les Roumains (xviie et xviiie s.) et les Russes (depuis le xviiie s.) sont également bien implantés en Terre sainte. Les dômes dorés de l’église Sainte-Marie-Madeleine, à Gethsémani, attirent tous les regards. Ils n’occupent, à proprement parler, aucun lieu saint. Les catholiques Les catholiques de Terre sainte sont les Latins, représentés par la custodie de Terre sainte (les franciscains) et le patriarcat. Les paroisses sont surtout arabes, mais il existe quelques paroisses catholiques hébraïques. Il ne faut pas non plus oublier les maronites, originaires du Liban, toujours restés fidèles à Rome. Les « uniates » appartiennent à des Églises originellement orientales, revenues à la communion avec Rome (au xviie et au xviiie siècle) en gardant l’essentiel de leur liturgie et de leurs coutumes (les hommes mariés peuvent devenir prêtres). Sont notamment présents en Terre sainte les Grecs catholiques, ou melkites, qui sont, en nombre, la deuxième Église de Terre sainte, après les Grecs orthodoxes, ainsi que les Arméniens et les syriaques catholiques. Les Églises issues de la Réforme Les Églises issues de la Réforme apparurent en Terre sainte au début du xixe siècle. Le pèlerin peut visiter l’église luthérienne du Rédempteur, vers le Saint-Sépulcre, ou la Christ Church (église anglicane), non loin de la porte de 17
Jaffa. Découverte au xixe siècle par Gordon, un général anglais, la « Garden Tomb », qui se trouve hors les murs vers la porte de Damas, est une tombe antique, longtemps considérée comme celle de Jésus par certains protestants. Elle l’est toujours par quelques-uns. Elle permet tout au moins d’imaginer celle du Christ avant la construction de la basilique du Saint-Sépulcre… Des Églises nées plus récemment sont présentes en Terre Sainte, comme les pentecôtistes, les évangéliques… Les mormons ont même construit un grand centre à Jérusalem. Les juifs messianiques Le courant juif messianique (très divers) concilie la messianité de Jésus avec une pratique juive. Certains ont même une idéologie peu éloignée de celle des fondamentalistes chrétiens américains. Naturellement, ils heurtent la sensibilité des juifs orthodoxes. Un œcuménisme concret Comme les médias s’en font quelquefois l’écho en relatant quelque débordement, les causes de tensions sont nombreuses entre communautés… À la basilique du Saint-Sépulcre et à celle de la Nativité cohabitent les franciscains (catholiques), les Grecs (orthodoxes) et les Arméniens. C’est un miracle d’œcuménisme concret vécu fidèlement par la force des choses depuis des siècles… D.J. 18
19 Judaïsme et islam en Terre sainte Plus de la moitié de l’humanité se reconnaît de la descendance d’Abraham : les juifs, fils par Isaac ; les chrétiens, fils spirituels ; les musulmans, fils par Ismaël. Ce lien qui unit les trois religions monothéistes se laisse percevoir à Jérusalem, maison de prière pour tous les peuples (Is 56, 7). Le judaïsme Mon père était un Araméen nomade, qui descendit en Égypte […]. Le Seigneur a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression. Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte à main forte et à bras étendu (Dt 26, 5-9). Ce texte, qui figure parmi les plus anciens de la Bible, situe d’emblée l’événement fondateur du peuple hébreu : un Dieu qui se révèle dans la libération de l’esclavage. Dans un environnement entièrement polythéiste, les juifs ont imposé leur attachement farouche au monothéisme. La prière Shema Israël, dite trois fois par jour, est centrée sur cette foi au Dieu unique. Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. (Dt 6, 4-5). En référence au septième jour de la création, où Dieu se reposa, l’institution du shabbat redonne chaque semaine au Créateur la place qui lui revient. Après le passage de la mer Rouge, qui permit l’entrée en Terre promise, les juifs organisèrent la vie religieuse et liturgique. Les fêtes et les pèlerinages commémorent en
premier lieu la sortie d’Égypte : Pessah, la Pâque, avec la semaine des Azymes ; Shavouôth, célébrant, cinquante jours après la Pâque, la fête des moissons et du don de la Torah par Dieu au Sinaï ; Yom Kippour, qui invite au grand pardon ; Souccoth, la fête des Tentes, au cours de laquelle les juifs revivent la précarité de l’exode et l’intimité avec Dieu. Deux siècles après leur sortie d’Égypte, les Hébreux éprouvèrent le besoin de se doter d’une institution royale. Le roi avait pour mission de veiller à la fidélité à l’alliance établie au Sinaï. Face aux infidélités du peuple ou du roi surgirent des prophètes qui apparaissaient réellement comme un contre-pouvoir. À partir d’Isaïe (viiie s.), le peuple accrocha son espérance à l’avènement d’un Messie qui viendrait renouveler la terre. Cette attente orientait les juifs vers l’avenir, les faisant quitter un temps cyclique pour un temps linéaire. Cette grande aventure spirituelle connut bien des vicissitudes au cours de son histoire. Le royaume de Salomon fut divisé en deux à sa mort (933 avant notre ère). Le royaume du Nord disparut en 721 avec la conquête assyrienne. Le royaume de Juda subit le même sort avec la destruction de Jérusalem en 587 et la déportation à Babylone. Le Temple, reconstruit au retour d’exil en 538, fut totalement détruit par les Romains en 70 de notre ère. Commençait alors la dispersion du peuple juif à travers le monde (Diaspora). Le mur occidental du Temple devint, dès lors, le lieu privilégié de la prière des juifs à Jérusalem. Les périodes de grandes souffrances (Exil, Reconquista en Espagne, Shoah) ont été des temps de grandes avancées spirituelles. Le texte biblique a continué à être étudié, et cela, en grande liberté. Le Talmud, par exemple, présente 20
les commentaires souvent contradictoires des rabbins. Avec la kabbale, les juifs d’Espagne puis de Safed ont donné une interprétation mystique aux textes sacrés. Plus récemment, des juifs, qu’on appelle messianiques, ont reconnu Jésus comme Messie. Le judaïsme libéral, quant à lui, cherche une meilleure adaptation de la religion juive au monde moderne. L’islam La grande aventure de l’ère musulmane commence le 16 juillet 622 quand Mouhammad et ses compagnons décident de rejoindre Médine (période de l’hégire, « exil »). La communauté s’organise alors et se répand dans la péninsule arabique. À la mort du prophète, en 632, une scission s’opère entre ceux qui se considèrent comme ayant le mieux compris le message du prophète (les sunnites) et les partisans d’Ali, le gendre de Mouhammad (les chiites). Ce qui surprend toujours les personnes en visite dans un pays musulman, c’est l’appel à la prière du muezzin, cinq fois par jour. Allah Akbar. « Dieu est grand. » La prière, qui fait partie des cinq piliers de l’islam, invite tout musulman à reconnaître sa « soumission » (sens du mot islam) à Dieu. C’est la dette que l’homme doit acquitter envers son créateur. Dieu est présent dans quantité d’expressions courantes de la vie. Après avoir formulé un souhait, on dit : Insha’Allah, « si Dieu veut ». Bismi’llâh, « au nom de Dieu », se dit en commençant une action ; Alhamdou li Lâh, « louange à Dieu », en terminant une action. La religion musulmane est fondée sur cinq principes fondamentaux, cinq « piliers ». Le premier est la profession de foi, ou shahâda, qui doit se faire en public : « J’atteste 21
qu’il n’y a d’autre dieu que Dieu et que Mouhammad est son prophète. » Le deuxième est la prière, salât, qui a lieu cinq fois par jour. Les autres piliers sont la zakât, l’aumône ou la dîme, destinée à soutenir les pauvres, à construire des mosquées, à faire avancer l’islam dans le monde ; siyâm, le jeûne, qui consiste à ne rien manger ni boire du lever au coucher du soleil pendant la durée du ramadan (neuvième mois de l’année). Dans le calendrier musulman, l’année, qui comporte douze mois lunaires, est plus courte et le mois de ramadan avance de onze jours chaque année par rapport au calendrier grégorien. C’est pendant ce mois que se célèbre la Nuit du destin (Laylat al-Qadr), au cours de laquelle Mouhammad a reçu pour la première fois la révélation du Coran. Au cours du douzième mois de l’année se déroule le hadj, cinquième pilier de l’islam. Il s’agit du pèlerinage à La Mecque, que tout musulman se doit d’accomplir au moins une fois dans sa vie (si cela lui est économiquement et physiquement possible). Pendant le temps du pèlerinage se célèbre la plus grande fête de l’année, Aïd al-Kabir, le sacrifice d’Abraham (pour l’islam, c’est Ismaël qui est offert en sacrifice). La religion et la prière imprègnent la vie quotidienne de tout musulman. La vie morale, familiale, sociale, politique est régie par la « charia », prescriptions du Coran que Mouhammad a reçu de l’ange Gabriel. Jérusalem est l’un des lieux de pèlerinage les plus importants de l’islam après La Mecque et Médine. Sur l’esplanade des mosquées, le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa, « la lointaine », commémorent le lieu le plus éloigné où Mouhammad se soit rendu, au cours de son voyage et ascension nocturnes. 22
4 000 ans d’histoire en Terre sainte Avant J.C. - 1800 - 1550 Abraham et les Patriarches. - 1250 - 1100 Exode et entrée en Terre promise habitée par les Philistins et les Cananéens. Période des conquêtes et temps des Juges. - 1000 David (1010-970) puis Salomon (970-931) règnent sur un royaume unifié. Construction du 1er temple. - 900 Schisme et division en deux royaumes distincts : Juda au Sud et Israël au Nord. - 721 Chute de Samarie et fin du royaume d’Israël. Exil des populations du Nord. - 587 Prise de Jérusalem, destruction du temple. Fin du royaume de Juda, exil à Babylone. - 539 Retour et reconstruction du temple. - 332 Conquête par Alexandre ouvrant un temps de dominations étrangères. - 167 Révolte des Maccabées contre la domination grecque. - 63 Conquête de la Palestine par Pompée. - 37 - 4 Règne d’Hérode le Grand. - 4 Naissance de Jésus. 23
Après J.C. 30 Mort de Jésus. 70 Prise de Jérusalem et destruction du temple par Titus. 313 Édit de Milan autorisant le culte chrétien. Début des constructions des grandes basiliques dont le Saint-Sépulcre et Bethléem. 614 Prise de Jérusalem par les Perses. 637 Prise de Jérusalem par les musulmans. 661-750 Dynastie omeyade (capitale Damas). 750-1258 Dynastie abbasside (capitale Bagdad). 1086 Domination turque. 1099-1291 Temps des croisades. Instauration d’un éphémère royaume franc en Terre sainte. 1515-1922 Domination de l’Empire ottoman. 1922 La Palestine passe sous mandat britannique. 24
État d’Israël 14 mai 1948 Proclamation de l’État d’Israël par Ben Gourion entraînant la 1re guerre israélo-arabe. 1967 Guerre des Six-Jours ; heurts avec l’Égypte à propos de la circulation des navires dans le golfe d’Aqaba. Réunification de Jérusalem sous le contrôle d’Israël. 1973 Guerre du Kippour. La Syrie et l’Égypte reculent devant Israël. 1978 Accords de Camp David. Traité de paix avec l’Égypte à qui est restitué le Sinaï. 1982 Offensive d’Israël contre le Liban pour protéger sa frontière Nord contre les commandos palestiniens. 1987 1re Intifada (Guerre des pierres). Révolte des Palestiniens. 1993 Accords d’Oslo. 4 mai 1994 Naissance officielle d’une entité territoriale palestinienne à Gaza et Jéricho. Création d’une Autorité palestinienne. 28 sept. 2000 2e Intifada qui durera jusqu’en 2005. 2002 Le gouvernement israélien ordonne la construction d’une « barrière de sécurité » entre Israël et la Cisjordanie. 2006 Offensive contre le Hezbollah dans le Sud-Liban. 2008 Offensive israélienne sur la bande de Gaza pour stopper des tirs de roquettes qui atteignent le sud d’Israël. 25
26 Informations pratiques En France Commissariat de Terre sainte Les commissariats de Terre sainte sont des antennes de la custodie dans chaque pays. Vous y trouverez des renseignements utiles à la préparation de votre pèlerinage. Pour la France : 7, rue Marie-Rose, 75014 Paris. & 01 45 40 86 21 / commtste@neuf.fr www.terresainte.fr En Israël (indicatif téléphonique : +972) Patriarcat latin de Jérusalem Sede vacante. Administrateur apostolique : Mgr Pierbattista Pizzaballa P.O.B. 14152, 911401 Jérusalem. & 02-6282323 / Fax 02-6271652 www.lpj.org / medialpj@lpj.org Patriarcat grec melkite Monseigneur Joseph-Jules Zerey P.O.B. 14130, 91141 Jérusalem. & 02-6282023 / Fax 02-628 66 52 gcpjer@p-ol.com Custodie À Jérusalem, n’hésitez pas à prendre contact avec la custodie, et demandez qu’un frère franciscain vienne vous rencontrer sur votre lieu d’hébergement. Saint Saviour’s Monastery, P.O.B.186, 9100101 Jérusalem. & 02-6266561 / custodia@custodia.org www.custodia.org
La librairie de la custodie (livres en français) est située à la porte de Jaffa, à Jérusalem intra-muros. Livre Pour savoir comment la France s’est implantée en Terre sainte, lire : Giuseppe Buffon, Les Franciscains en Terre sainte (18691889). Religion et politique, une recherche institutionnelle, Cerf Histoire, Éditions franciscaines, Paris, 2005. Centre d’information chrétienne (CIC) Omar Ibn el Qattab Sq., P.O.B. 14308, 91142 Jérusalem. & 02-6272692 / cicinfo@cicts.org Pour obtenir les coordonnées des différentes églises, horaires d’ouverture, horaires des messes et des célébrations, le site (en anglais) du CIC, très complet : www.cicts.org Pour réserver un horaire, si vous voulez célébrer avec un groupe dans un des sanctuaires de la custodie : Franciscan Pilgrims’ Office & 02-6272697 / fpo@cicts.org Consulat de France à Jérusalem 5, Paul Emile Botta Street, P.O.B. 182 91001 Jérusalem & 2-6298500 / Fax 02 6298502 Le site du Consulat de France donne de nombreuses informations sur les sanctuaires, sur la sécurité en Israël, sur les transports, la santé, etc. : www.consulfrance-jerusalem.org Lieux territoires nationaux français Pères blancs (Missionnaires d’Afrique) de Sainte-Anne 19, rue Mujahidin, P.O.B. 19079, 91190 Jérusalem. & 02-6283285 / Fax 02-6280764 mafrepo@steanne.org / www.africamission-mafr.org 27
Bénédictins olivétains Abbaye Sainte-Marie-de-la-Résurrection, Abou Gosh, P.O.B. 407, 9100301 Jérusalem. & 02-5342798 / Fax 02-5340247 http://abbaye-abugosh.info Monastère des carmélites françaises à Jérusalem Carmel du Pater Noster, P.O.B. 19064, 9119001 Jérusalem. & 02-6283143 / Fax 02-6274664 carmeldupater@gmail.com / http://carmelholyland.org/francais Autres communautés françaises de l’itinéraire des pèlerinages Monastère des carmélites de Notre-Dame-du-Mont-Carmel 2 Rehov Tchernikowsky, P.O.B. 9090, 31090 Haïfa. & 04-8337384 / carmelpr@gmail.com http://carmelholyland.org/francais Communauté des Béatitudes de Latroun Emmaüs Nicopolis, P.O.B. 638, 7210601 Ramleh. & 08-9256940 / emmaus@beatitudes.org www.emmaus-nicopolis.org Communautés des sœurs de Sion et du Chemin-Neuf de l’Ecce Homo 41, via Dolorosa, P.O.B. 19056, 9119001 Jérusalem & 02-6277292 / reservation@eccehomoconvent.org http://www.eccehomopilgrimhouse.com/fr/ Pères assomptionnistes de Saint-Pierre-en-Gallicante Ma’aleh Hashalom, mont Sion, P.O.B. 31 653, 9131601 Jérusalem. & 02-6731739 / stpeter@gallicantu.co.il www.stpeter-gallicantu.org 28
A c c u e i l d u p è l e r i n
Bénédiction des pèlerins au départ Ouverture On peut chanter le psaume 121 ou un autre chant approprié. Au moment de partir en pèlerinage en Terre sainte, rappelons-nous comment nous sommes venus à l’entreprendre. Les lieux que nous désirons visiter sont témoins de la piété du peuple de Dieu, qui s’y presse pour en revenir avec plus de courage pour vivre d’une vie chrétienne et pour accomplir de grand cœur des actes de charité. Lecture du livre du Deutéronome 6, 4-9 Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville. Intercession Dieu est à l’origine et au terme de nos routes. Invoquons-le avec foi : R/ Guide nos pas, Seigneur, au chemin de la paix. Père saint, ton Fils unique est le chemin qui mène à toi, fais que nous marchions sur ses traces. 30 Accueil
Toi qui es proche de ceux qui te servent, sois le compagnon de nos routes. Toi qui as été le guide de ton peuple dans son exode, sois notre aide et notre protection contre tout danger. Toi qui fais de l’accueil des étrangers un signe de ton royaume, permets à tous ceux qui sont sans domicile de trouver un toit et des amis. Bénédiction Dieu tout-puissant, tu ne cesses de montrer ta bonté à ceux qui t’aiment, et tu te laisses trouver par ceux qui te cherchent, sois favorable à tes serviteurs qui partent en pèlerinage et dirige leur chemin selon ta volonté : sois pour eux un ombrage dans la chaleur du jour, une lumière dans l’obscurité de la nuit, un soulagement dans la fatigue, afin qu’ils parviennent heureusement sous ta garde au terme de leur route. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Conclusion Que le Seigneur dirige notre chemin et nous conduise à son salut. R/ Amen. Qu’il soit avec nous et nous accompagne sur la route. R/ Amen. Qu’il nous aide à bien terminer le pèlerinage que nous commençons dans la foi. R/ Amen. Accueil 31
La messe Ouverture du pèlerinage Antienned’ouverture. J’ai demandéune chose auSeigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m’attacher à son temple. (Ps 26, 4) Prière. Dieu tout-puissant, tu nous donnes la grâce de vénérer tes œuvres admirables et les mystères de notre salut, en visitant la terre promise aux patriarches, la terre où ton Fils a pris chair pour nous révéler ta vie divine ; fais-nous obtenir le pardon des péchés, découvrir ton amour à travers le langage des monuments et ressentir toujours ta paternelle protection. Par Jésus Christ. Lecture du livre de la Genèse 12, 1-7 Ences jours-là, le Seigneur dit à Abram: « Quitte ton pays, ta parenté et lamaison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth s’en alla avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de Harane. Il prit sa femme Saraï, son neveu Loth, tous les biens qu’ils avaient acquis, et les personnes dont ils s’étaient entourés à Harane ; ils se mirent en route pour Canaan et ils arrivèrent dans ce pays. Abram traversa le pays jusqu’au lieu nommé Sichem, au chêne de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. Le Seigneur apparut à Abram et dit : « À ta descendance je donnerai ce pays. » Et là, Abram bâtit un autel au Seigneur qui lui était apparu. — Parole du Seigneur. 32 Accueil
Ou bien : 1 S 3, 1-10 / He 11, 13-16 / He 12, 18-19.21-24 / He 3, 7-14 Psaume 64 Heureux les habitants de ta maison, Seigneur. Il est beau de te louer, Dieu, dans Sion, de tenir ses promesses envers toi qui écoutes la prière. Jusqu’à toi vient toute chair avec son poids de péché ; nos fautes ont dominé sur nous : toi, tu les pardonnes. Heureux ton invité, ton élu : il habite ta demeure ! Les biens de ta maison nous rassasient, les dons sacrés de ton temple ! Ta justice nous répond par des prodiges, Dieu notre sauveur, espoir des horizons de la terre et des rives lointaines. Les habitants des bouts du monde sont pris d’effroi à la vue de tes signes ; aux portes du levant et du couchant tu fais jaillir des cris de joie. Ou bien : Ps 32, 12-13, 18-19, 20.22 / Ps 142, 7-10ab Alléluia. Alléluia. (Sauf en Carême.) Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. (Lc 9, 51) Alléluia. Accueil 33
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18, 31-34 Prenant les Douze auprès de lui, Jésus leurdit : « Voici que nous montons à Jérusalem, et que va s’accomplir tout ce qui a été écrit par les prophètes sur le Fils de l’homme. En effet, il sera livré aux nations païennes, accablé de moqueries, maltraité, couvert de crachats ; après l’avoir flagellé, on le tuera et, le troisième jour, il ressuscitera. » Eux ne comprirent rien à cela : c’était une parole dont le sens leur était caché, et ils ne saisissaient pas de quoi Jésus parlait. — Acclamons la Parole de Dieu. Prière sur les offrandes. Accueille dans ta bonté, Seigneur, les prières et les offrandes que nous te présentons ; daigne guider et accompagner, par ta grâce, les pèlerins dans leur voyage, afin qu’en parcourant la terre de la promesse, ils puissent toujours écouter ton Fils bien-aimé en qui tu nous as parlé. Lui qui règne. Préface des dimanches vii. Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant. Ton amour pour lemonde est si grand que tu nous as envoyé un sauveur ; tu l’as voulu semblable aux hommes en toute chose à l’exception du péché, afin d’aimer en nous ce que tu aimais en lui : nous avions rompu ton alliance, nous la retrouvons dans l’obéissance de ton Fils. Voilà pourquoi, Seigneur, avec les anges et tous les saints, nous proclamons ta gloire en (disant) chantant : Saint !… Antienne de la communion. Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, dit le Seigneur, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. (Mt 11, 28-29) Prière après la communion. Nous t’en prions, Seigneur, nous qui, en visitant les lieux saints, marchons sur les traces de la Vierge Marie et des saints : fais-nous obtenir, par la puissance de ce sacrement, le fruit de ta grâce. Par Jésus, le Christ. 34 Accueil
Méditation Voyez le Christ marcher ! Pierre vit notre Seigneur Jésus : il laissa ses filets et le suivit (Mt 4, 20). Zachée le publicain le vit : il rejeta ce qui provenait de la fraude et reçut le Sauveur (Lc 19, 3-8). La femme pécheresse le vit : de ses larmes et de ses cheveux, elle essuya ses pieds (Lc 7, 37-38). Marie le vit et ne s’éloignait pas d’auprès de ses pieds (Lc 10, 39). Visitez, vous aussi, les lieux saints et, dans ces lieux salutaires voyez, pour ainsi dire, le Christ marcher. Rejetez les filets du monde, c’est-à-dire les attachements du monde, et attachez-vous désormais au Christ, rejetant tout comme Zachée et rachetant votre vie. Aimez beaucoup le Seigneur comme cette femme, en versant des larmes dans vos prières et en lui livrant la croissance de votre chevelure. Asseyez-vous aux pieds de Jésus. Choisissez pour vous la bonne part (Lc 10, 42) et ne vous éloignez pas de l’audition des paroles divines. Ne vous retirez pas de Jérusalem, mais attendez la promesse du Père (Ac 1, 4). Vous avez vu le lieu de la Nativité : faites renaître vos âmes. Vous avez vu le lieu de la croix : que le monde soit crucifié pour vous et vous pour le monde (Ga 6, 14). Vous avez vu le lieu de l’Ascension : portez vos esprits vers le haut. Que vos corps soient sur terre, mais vos esprits dans le ciel ; votre séjour chez votre père, mais votre vie près du Père du ciel. Saint Athanase Accueil 35
L e d é s e r t C’est le désert du « Croissant fertile », traversé par Abraham et les patriarches, le désert du Sinaï, où Moïse et Élie firent l’expérience unique du Tout-Autre, le djebel Qarantal, « mont de la quarantaine », où Jésus connut la tentation, désert ponctué par les laures des moines d’Égypte et du Proche-Orient. Inchangé depuis des millénaires, toujours aussi dépouillé, aussi aride, le désert nous donne à contempler deux étonnants paysages : le reg, avec ses étendues muettes de cailloux, ses hauts plateaux désolés, ses failles abruptes qui s’ouvrent soudain devant nous ; l’erg, dans la péninsule du Sinaï, qui déroule ses dunes de sable blond. Le reg et l’erg, aux noms composés des mêmes lettres, se présentent comme les deux faces de la réalité, comme les deux faces de notre être, capables de nous rendre, tour à tour, doux comme le sable et blessants comme la pierre. En ces lieux, les textes bibliques acquièrent un relief extraordinaire. Il faut avoir senti la soif se creuser au fond de soi quand, dans l’insoutenable chaleur du plein midi, l’ombre a partout disparu. Rien n’a changé depuis l’époque des patriarches, depuis l’époque du Christ. Il semble que Jésus pourrait être là, dans le creux d’un rocher du désert de Juda. Tout est « révélé » de sa soif, de sa faim, de son affrontement avec les forces du mal. Comme lui, le désert nous met à nu. Seuls face à nous-mêmes, nous n’avons guère de choix, sinon entre la tentation et l’adoration. En projetant en nous un peu plus de lumière, le désert nous aide à entrevoir quelque chose de la vérité de notre être. Passage aux limites, le désert est fait pour être traversé. 36
Je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur (Os 2, 16). Il y a dans ce verset un jeu de mots, qui révèle une secrète connivence. Davar, la parole, et midbar, le désert, ont une racine commune, comme si la Parole ne pouvait être bien comprise qu’au désert. Le pèlerin des terres arides, le chercheur de l’absolu, enfin libéré de tout ce qui encombre sa vie, peut commencer à discerner cette voix qui parle depuis les profondeurs. La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, […] ainsi ma parole, qui sort de ma bouche… (Is 55, 10-11). Spectacle inoubliable de la pluie sur le désert : en quelques jours, on voit surgir de partout des petites fleurs qui envahissent l’espace de leurs couleurs et de leurs parfums. Les graines enfouies au creux de la terre attendaient cette ondée pour commencer à germer, à grandir, à fleurir… En chacun de nous, il en est ainsi, enfermés que nous sommes en nous-mêmes, dans l’attente d’une Parole qui puisse nous féconder intérieurement. Me voici devant toi comme une terre assoiffée (Ps 142, 6). Alors le miracle peut s’accomplir. Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse, s’écrie le prophète Isaïe (Is 35, 1). Nous sommes invités à aller jusqu’au bout de ce chemin pour découvrir, par-delà nos propres déserts, un autre paysage. Alors, quelque chose, en nous, résonne comme une Pâque, comme une renaissance. Il nous faut faire, au moins une fois dans notre vie, l’expérience de cette présence qui parle dans les déserts et qui nous entraîne vers un au-delà de nous-mêmes étonnant et bouleversant. 37 le désert
Beer Sheba Saint Abraham L’expression de Dan à Beer Sheba (2 S 24, 2), courante depuis l’installation des Hébreux en Canaan, indique la position de la ville de Beer Sheba, à l’extrême sud du royaume de Juda. Accroché au bord du Néguev, ce centre nomade joua de tout temps un rôle primordial. Nous y découvrons des traces de l’homme datant du ive millénaire avant notre ère. Abraham, vers 1800 avant J.C., y conclut une alliance avec Abimélek et lui fit don de sept brebis en gage d’amitié (Gn 21, 22-33). De cet épisode, la ville tirerait son nom, Beer Sheba, le « puits du serment », ou le « puits des sept ». Assis au bord du puits, à l’extérieur de la ville plusieurs fois millénaire, dominant le wadi et les vastes étendues semi-désertiques, on ne peut rêver meilleur cadre pour lire les premières lignes de la saga d’Abraham et de Sara. Lèkh lèkha. « Va vers toi. » Quitte ton pays (Gn 12, 1)… Le « lâcher prise » conduira ce couple stérile à la fécondité. Dans ce désert, Agar et son fils Ismaël découvriront le puits qui leur sauvera la vie. Mille ans plus tard, Élie, réconforté par un ange, trouvera la force de marcher quarante jours et quarante nuits vers la montagne de Dieu, l’Horeb. Le passage par le désert, passage aux limites, laisse toujours des traces en nous. Il ouvre un chemin vers des horizons nouveaux. 38
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